Au quatri�me jour du naufrage du chalutier, le Ra�s Hamidou, � 4,3 miles nautiques, au large de l'embouchure de oued Issers (w. de Boumerd�s), les marins de la ville de Dellys, o� est habituellement amarr� ce bateau, se sentent livr�s � eux-m�me et abandonn�s par les hautes autorit�s du pays qui n'ont pas mobilis�, selon eux, les moyens n�cessaires leur permettant de rechercher et de retrouver les corps des trois marins probablement morts emprisonn�s dans la cabine du chalutier qui a sombr� et qui est � environ 350 m�tres au fond de la mer. "Les corps sont certainement toujours dans la cabine", crient les marins sauveteurs rencontr�s hier � Zemmouri o� ils ont install� leur base. L'un de ces marins, en col�re, fustige l'EPAL (Entreprise du port d'Alger) qui avait promis l'arriv�e d'un remorqueur � 9 heures ce mercredi. "Il est 14 heures et rien n'est visible � l'horizon", crie-t-il, indign�. Puis il nous montre le fr�re d'un disparu : "Il est toujours sous le choc mais il est l� pour nous aider alors qu'il doit soutenir sa famille." Justement, le chalutier Si Farid venait de quitter le quai du port de Zemmouri avec � son bord les sauveteurs qui avaient charg� plusieurs f�ts vides. "Nous utiliserons ces barils comme flotteurs pour maintenir le filet du Ra�s Hamidouque les quatre autres chalutiers qui sont sur place avaient r�ussi � remonter � la surface", nous explique un sauveteur. Seul espoir pour l'heure pour retrouver les trois marins disparus, les p�cheurs d�ploient toute leur �nergie pour tirer l'embarcation �chou�e vers le rivage � une profondeur permettant � des plongeurs de r�cup�rer les corps. "Ce sont nos compagnons, nous ne pouvons pas les abandonner", nous disent les p�cheurs moralement et physiquement fatigu�s par 4 jours d'intenses efforts. Effectivement, les p�cheurs des ports de Zemmouri et Dellys n'ont effectu� aucune sortie en mer pour y travailler et ce, depuis le jour de cette catastrophe. "Je vous assure que nous n'avons pas le courage d'aller p�cher alors que des coll�gues sont prisonniers des flots", affirme un p�cheur. Seules autorit�s pr�sentes ce mercredi apr�s-midi au port de Zemmouri, les officiers des garde-c�tes alg�riennes qui se sont mobilis�es humainement et mat�riellement avec les p�cheurs, le directeur de la p�che de la wilaya de Boumerd�s ainsi que le P/APC de Dellys : "Ce dernier �tait avec nous tout le temps", affirment les p�cheurs qui reconnaissent par ailleurs la disponibilit� des autorit�s civiles et militaires de la wilaya � leurs c�t�s d�s les premi�res heures de ce drame, "malheureusement elles n'ont pas les moyens pour faire face � une telle catastrophe". Sur les circonstances du naufrage du Ra�s Hamidouqui avait embarqu�, rappelons-le, 7 marins � son bord, l'un des rescap�s, El Gherba Youcef, qui active aux c�t�s des sauveteurs � Zemmouri nous a relat�, p�niblement, les faits : "Nous circulions sur le plateau des Issers dans le sens ouest-est ; vers minuit nous avions entam� le virage de la Cale (le parcours de p�che) qui dure environ 20 minutes. A moiti� du virage, le bateau commen�ait � prendre de l'eau. Puis brusquement il s'est retourn� sur lui-m�me. Nous devions notre salut � la pr�sence des poches d'air dans les cabines et notre instinct de vie." Il nous a fait part de courant marin dont la force serait inhabituelle. En tout cas ce naufrage reste pour l'heure myst�rieux, d'autant plus que le ra�s de l'embarcation �tait un lieutenant dipl�m� et comp�tent. Il �tait tr�s estim� au sein de la corporation.