Qui se souvient du martyre de Srebrenica o� plus de 8000 Bosniaques musulmans ont �t� froidement massacr�s le 11 juillet 1995 par les forces serbes du g�n�ral Ratko Mladic ? Qui se souvient de ces images film�es par les Serbes � des fins de propagande montrant ce m�me g�n�ral tapotant affectueusement les petites t�tes blondes d�enfants bosniaques qui ignoraient ce que ce criminel r�servait aux plus �g�s d�entre eux et � leurs parents? Les plus �g�s justement, 13 ans et plus, sont s�par�s des tout-petits et de leurs m�res et grandm�res. Ils sont all�s grossir les rangs des milliers d�adultes affam�s, brutalis�s, emmen�s dans des cars vers de suppos�s camps d�internement pour �tre syst�matiquement ex�cut�s. Srebrenica et sa r�gion, 42 000 habitants, dont 36 000 musulmans, �tait d�fendue par quelques centaines de combattants bosniaques quand le 6 juillet 1995, plusieurs milliers de soldats serbes appuy�s par des blind�s, l�artillerie lourde ont attaqu� la ville. Le 10 juillet, la ville est � port�e de canons. Le g�n�ral Radislav Kretic qui commandait les forces serbes donne 48 heures � ses habitants et aux 420 soldats de l�ONU du colonel n�erlandais Kerremans cens�s les prot�ger d��vacuer Srebrenica. Ce dernier demande au commandement de la Forpronu (forces des Nations unies) des frappes a�riennes pour stopper l�avance des forces serbes car Srebrenica a �t� d�cr�t�e �zone de s�curit� par l�ONU. Mais le commandant en chef des forces onusiennes, le g�n�ral fran�ais Bernard Janvier, refuse et lui donne l�ordre de �n�gocier un cessez-le-feu� qui n�aura jamais lieu. La suite : les Casques bleus se retirent, les troupes serbes font leur entr�e dans la ville vid�e de ses habitants qui tentent de rejoindre Tuzla, d�fendue par le commandant bosniaque Naser Oric. Si ce dernier parvient � sauver une partie des milliers de fuyards, ils sont pr�s de 20 000, formant une colonne humaine s��talant sur 12 km, � tenter d��chapper aux Serbes. La colonne des fuyards est arros�e de bombes. Ceux qui sont intercept�s � Nova Kasaba et ceux qui se sont r�fugi�s dans la localit� de Protocari, une des bases de l�ONU, sont faits prisonniers et emmen�s dans des cars. Les hommes et les enfants �g�s de plus de 13 ans sont alors s�par�s des femmes et des tout-petits. L�op�ration est supervis�e par le g�n�ral Mladic en personne. A Srebrenica et ses alentours, des dizaines de cars d�versent les civils faits prisonniers qui sont m�thodiquement fusill�s. Se d�roule ainsi un g�nocide � ciel ouvert dans une r�gion o� les forces de l�ONU, de l�Otan et de la FFR (Forces de r�action rapide) �taient cens�es faire respecter par la force des armes une r�solution de l�ONU d�cr�tant les enclaves musulmanes de Srebrenica, Goradze, Tuzla et Zepa, �zones de s�curit�. Le tout sous le regard impassible de la communaut� internationale. �C��tait le prix � payer pour la paix�, expliquait cyniquement alors un diplomate sous couvert de l�anonymat. Les accords de Dayton de septembre 1995 qui ont mis fin au conflit bosniaque ent�rinent le nettoyage ethnique r�alis� par les Serbes. Srebrenica, �la ville d�argent�, et les 79 villages environnants, vid�s de leur composante bosniaque, sont peupl�s de Serbes et font partie de la Republika Srpska (la R�publique serbe de Bosnie). Seuls 4600 Bosniaques sur les 42 000 qui habitaient la r�gion sont revenus y vivre. Les auteurs de ce g�nocide, Ratko Mladic et Radovan Karadzic, courent toujours. Quant au g�n�ral Radislav Krsti, qui avait command� l'assaut sur Srebrenica, il a �t� condamn� par le TPI sur des faits de g�nocide � 35 ans de prison. Malgr� les excuses pr�sent�es en novembre 2004 par le gouvernement de la Republika Srpska aux musulmans bosniaques, ces derniers, qui ont enterr� lundi les restes de plusieurs milliers des leurs, ne sont pas dispos�s � pardonner. Et on les comprend. H. Z.