Le proc�s des 26 personnes accus�es dans l'affaire du naufrage du �B�char� et l'�chouage� du vraquier le �Batna�, appartenant � la Compagnie nationale alg�rienne de navigation (Cnan), le 11 novembre 2004, se poursuit aujourd�hui avec l�audition des 15 accus�s en libert�. Ouvert jeudi dernier au tribunal criminel d'Alger par la lecture, pr�s de 3 heures, de l'arr�t de renvoi de la chambre d�accusation et l�audition de Koudjil Ali et Amour M. O., il s�est poursuivi toute la journ�e d�hier avec l�audition du reste des accus�s d�tenus entre autres le commandant de bord du �Batna� Benhamou Mohand, poursuivi pour �abandon du navire par le capitaine avant d'avoir �t� remplac�. Sa�da Azzouz - Alger (Le Soir) - Des auditions men�es par Ania Benyoucef, pr�sidente du tribunal criminel et au cours desquelles toute la structuration de la Cnan, son �fonctionnement� et tout ce qui tourne autour de la navigation maritime de ses codes et du manquement � cette r�glementation ont �t� �voqu�s. D�abord avec le P-DG de la Cnan poursuivi pour �la mise � la disposition du capitaine d'un navire dans un mauvais �tat et insuffisamment �quip� et en la �navigation d'un navire pour lequel le titre de s�curit� est p�rim�, entra�nant la disparition du navire et la mort de plusieurs personnes�. Un crime condamnable, selon l�arr�t de renvoi, par le 1er et le 4e paragraphes de l�article 479 du code maritime. Ali Koudjil est �galement inculp� de la �mise en navigation d�un bateau dont le certificat de s�curit� est invalide�. D�lit puni par l�article 488 du code maritime. Le P-DG, harcel� de questions par la tribunal et par les avocats des autres accus�s, a tent� de �situer ses responsabilit�s� dans la drame provoqu� par une temp�te qui, le 11 novembre 2004, a co�t� la vie � 19 membres d��quipage et le naufrage du B�char et l��chouage du Batna. Chefs d�accusations, pour ma�tre Amar Za�di, �infond�s en mati�re de droit p�nal, donc l�objet des poursuites n�est pas fond�, l�avocat de Koudjil, Amour, Ikhadal�ne, Zaoui et Debbah n�en dira pas plus r�servant les d�tails pour sa plaidoirie. Plusieurs anomalies ont �t� relev�es au cours de l�audience � laquelle ont assist� des fonctionnaires de la Cnan, des marins, les familles des accus�s et celles des victimes du naufrage. Ainsi, il ressort que les diff�rents certificats qui t�moignent de la conformit� d�un navire �taient p�rim�s. Que des appareils �taient hors d�usage. Comment et pourquoi le bateau et le vraquier ne sont pas all�s en maintenance � temps ? Pourquoi les �quipages ont tendance � soutenir que pour eux �monter sur un bateau en rade �tait comme aller � Serkadji�. Une comparaison qui, souvent, revient dans la bouche de la pr�sidente pour amener les accus�s auditionn�s jeudi et vendredi derniers � parler des conditions de vie � bord des marins. Une aubaine pour les avocats des 15 marins d�serteurs qui mettent en exergue l�indisponibilit� de l�eau pour l�hygi�ne corporelle, ce qui, selon eux, justifierait l�abandon de poste de leurs clients respectifs. Une question qui sera pos�e au directeur de la division armement, poursuivi par les m�mes chefs d�inculpation que le P-DG de la Cnan qui a plaid� non coupable, r�futant toutes les accusations et soutenant n�avoir �aucune responsabilit� dans cette catastrophe� et ce, bien qu�il reconnaisse qu�il y avait des d�faillances techniques au niveau des deux navires. �Je n'�tais pas en mesure de d�finir ces d�faillances et le danger qu'il pouvait en d�couler. Ce n'est pas dans mes pr�rogatives !� L'arr�t de renvoi fait ressortir que �d'un point de vue juridique et administratif, le navire et le vraquier ne pouvaient se mettre en rade mouillage� et que �les d�lais de validit� des �quipements de s�curit� du B�char sont arriv�s � terme sans qu'ils soient renouvel�s�. Un point sur lequel ont �t� interrog�s presque tous les accus�s auditionn�s. Le directeur de la division armement bien que �malmen� par le tribunal et titill� par le procureur de la R�publique, qui, contrairement � la pr�sidente, ne donnait pas l�impression d�avoir d�cortiqu� le dossier, ne se laisse pas d�monter en pr�cisant ses comp�tences, et le parcours du navire et du vraquier qui, au moment du drame, n��taient pas en exploitation. �Et les certificats ne sont pas obligatoires dans ce cas-l��, souligne-t-il en r�ponse � une question de ma�tre Khaled Bourayou. Apr�s avoir rappel� que la Cnan est une entreprise de l�Etat, qui vit des probl�mes financiers et dont les bateaux sont r�guli�rement saisis aux ports �trangers pour n�avoir pas honor� des engagements, Amour M. O. retrace le parcours du navire destin� � la vente apr�s accord du CPE fin 2003 avec autorisation de vente � partir de janvier 2004. Il a �galement �t� signal� que le Batnadevait rejoindre la cale s�che de B�ja�a pour maintenance. Et que si le bateau avait quitt� le quai, c�est sur demande insistante de la direction du port �qui nous a demand� de faire sortir le bateau en rade quelques jours avant. Le port nous avait bloqu� le Tlemcen en rade pendant trois jours alors qu�il �tait charg� de denr�es p�rissables�. Des contraintes rappel�es pour resituer le contexte et amener le tribunal � comprendre les conditions de travail et de prise de d�cision. D�ailleurs tous ceux qui, hier et avant-hier, sont pass�s � la barre ont tent� d�expliquer le pourquoi de telle ou telle prise de d�cision. Comment dans des conditions donn�es avec les difficult�s financi�res que conna�t la Cnan et les contraintes administratives, ils sont oblig�s d�agir et de r�agir. Par quel �truchement� amener un navire � la maintenance ou ramener une pi�ce de rechange, r�parer et faire venir Veritas dont le si�ge est � Paris pour un X certificat ou encore faire visiter la station radar d�un navire par les P et T peut s�av�rer ardu. Pourquoi en d�pit du fait qu�il y une note interdisant aux membres de l��quipage de quitter un bateau en rade, ceux-ci le font sans �tre sanctionn�s. Qui d�cide des effectifs, sur quel base, puisqu�il ressort de l�enqu�te qu�un des accus�s, Hassain Yacoub ne remplissait pas les conditions pour occuper le poste de capitaine en second sur le Batna. Entre autres accus�s, le directeur de l'�quipement et des techniques de la Cnan, le directeur technique des navires l'ing�nieur �lectricien du Batna inculp�s de �consentement � l'usurpation de l'exercice de commandant du bord� et �absence irr�guli�re de commandant de bord entra�nant des d�c�s de personnes et des cons�quences dommageables� ont eux aussi eu � expliquer leur r�le dans cette compagnie et la non-prise de d�cision quand il le fallait, notamment en ce qui concerne la maintenance des appareils comme le 3e groupe �lectrog�ne ou encore les appareils de s�curit�. Les r�ponses des accus�s tendent � minimiser l�impact de telle ou telle panne sur l�ensemble des appareils qui font fonctionner un navire. �Ce qui me d�range, c�est que vous minimiser les choses�, r�plique la pr�sidente. Les accus�s n�en d�mordent pas pour autant et soutiennent qu�en fin de parcours, le commandant de bord est en droit de refuser de prendre un navire s�il juge que les conditions de s�curit� ne sont pas remplies et poursuivre la compagnie en justice. �Pour me retrouver devant un conseil de discipline�, dira le commandant du Batna auditionn� hier en fin de matin�e. Ce dernier, qui pr�cise avoir fait les passations de consignes sur le quai et verbalement avec le commandant Chabani, accuse la cellule de gestion et d�inspection de la Cnan de n�gligence quand il s�agit du Batna. Benhamou affirme que les �quipages sont exploit�s, que le Batnaavait une d�chirure de 80 m�tres et qu��il est commandant d�une exp�dition maritime et non d�une �pave�. Il pr�cise �galement que si la Cnan avait mis en exploitation le Batna, c�est toute la flotte qui aurait �t� p�nalis�e. Interrog� sur les raisons qui ont fait qu�il n�ait pas refus� le commandement du Batna, l�accus� r�torque : �pour justifier un salaire�. Une r�ponse qui suscite la r�action de l�assistance. La justice de par ce proc�s tentera de situer les responsabilit�s dans la catastrophe du 11 novembre 2004. 15 autres marins sont accus�s �d�absence ill�gale � bord du B�char et du Batna� et de �nonassistance � personne en danger�. Ils devraient �tre auditionn�s aujourd�hui s�ils ne l�ont pas �t� dans la soir�e d�hier. S. A.