1966-2006 : quarante ans de politiques �conomiques et de pratiques de d�veloppement �conomique. L�Alg�rie, qui devait vaincre le ch�mage d�s les ann�es 1980 et atteindre le niveau de d�veloppement de l�Espagne (excusez du peu), est loin, tr�s loin de ces objectifs que s��tait fix�s la strat�gie adopt�e en 1966. La jeunesse alg�rienne d�aujourd'hui vit de grandes angoisses, et d�intenses questionnements, les m�mes certainement que celles v�cues par la jeunesse des ann�es 1960, avec le bonheur de la victoire sur le colonialisme en moins et le terrorisme meurtrier en plus. L��conomie alg�rienne doit red�marrer, mais elle doit surtout faire mieux que sa performance bien m�diocre de ces quarante derni�res ann�es. Quelles sont les nouvelles directions que doit prendre notre �conomie. Celles-ci ne peuvent �tre que le r�sultat des enseignements � tirer de l�exp�rience pass�e. Huit enseignements majeurs peuvent �tre soulign�s. 1- La d�cision prise � la fin des ann�es 1990 d�engager des r�formes structurelles ne rel�ve pas du hasard. Elle proc�de d�un constat : celui de l�essoufflement des modes d�organisation et de r�gulation de l��conomie ainsi que du mode d�accumulation qui ont pr�valu ces ann�es pass�es dans un contexte o� les mutations de l��conomie mondiale n�ont pas cess�, de se produire � un rythme rapide, imposant � notre pays l�adaptation et le renouvellement de sa strat�gie. Renouer avec la naissance �conomique de mani�re saine et durable exige une rupture radicale avec les fondements du syst�me d��conomie administr�, centralis�e et les pratiques �conomiques pass�es client�-listes et non transparentes. Les programmes de stabilisation macro�conomiques, d�ajustement et de r�formes structurels qui ont �t� d�cid�s d�s le d�but des ann�es 90 et qui visent � impulser les initiatives des agents �conomiques de base et � r�habiliter progressivement les forces du march� dans la conduite de l��conomie constituent l�ancrage indispensable au redressement de l��conomie nationale. De m�me, doit-on compl�ter ces d�marches �conomiques par l�introduction, simultan�ment � l�approche sectorielle qui pr�vaut jusqu�� pr�sent, de l�approche territoriale du d�veloppement �conomique. D�un autre c�t�, le primat des �quilibres macro�conomiques ne doit plus rel�guer au second plan l�imp�ratif de la mise de l�entreprise au c�ur des politiques �conomiques. 2- Le second enseignement � tirer de notre exp�rience de d�veloppement �conomique est que les progr�s importants qui ont �t� enregistr�s � ce jour en mati�re de stabilisation �conomique devront �tre poursuivis et consolid�s au cours des ann�es � venir. La croissance � venir doit �tre robuste c�est-�-dire sans inflation et sans d�ficit budg�taire et s�inscrire dans la dur�e. Pour cela, la relance par la demande inscrite dans les plans de relance I et II du pr�sident Bouteflika doit �tre imp�rativement accompagn�e d�une politique coh�rente de stimulation de l�offre. L�Etat a, dans ce contexte, une grande responsabilit� �conomique. La transition � l��conomie de march� ne peut occulter la vocation de l�Etat � organiser et orienter la dynamique de d�veloppement. L�action de l�Etat dans le champ �conomique doit �tre aujourd�hui en mesure d�apporter des solutions qui permettent d�aller vers des paliers sup�rieurs de croissance. La lib�ralisation �conomique ne saurait �tre la voie ouverte au gaspillage des ressources de la nation, ni encore l�occasion pour l��mergence et l�expansion d�une �conomie informelle au d�triment du d�veloppement de l�entreprise. De m�me, l�option de l��conomie de march� n�est pas contradictoire avec la consolidation et la modernisation du plan. 3- Le troisi�me enseignement � tirer est que la poursuite des efforts pour pr�server la stabilit� du cadre macro�conomique difficilement acquise est une condition n�cessaire, mais non suffisante pour assurer un d�passement structurel de la crise de l��conomie nationale. La d�cennie � venir devra �tre consacr�e � la mise en �uvre d�une strat�gie visant � l��largissement des sources d�accumulation et � la diminution de la sensibilit� de notre �conomie � l��gard de la contrainte ext�rieure par l��l�vation des performances du syst�me productif national et la construction de sa comp�titivit�. 4- Le quatri�me enseignement � tirer concerne le secteur des hydrocarbures. Le soutien et le d�veloppement de l�industrie des hydrocarbures constitue encore une priorit�. En effet, devant l�ampleur des besoins financi�res du pays aussi bien en termes de moyens de paiement ext�rieur qu�en termes de ressources budg�taires, le r�alisme impose, encore pour une p�riode, le secteur des hydrocarbures comme vecteur et soutien privil�gi� du d�veloppement �conomique . L�intensification de l�effort d�exploration, le d�veloppement des gisements de gaz d�couverts et non encore exploit�s l�am�lioration des conditions d�exploitation des gisements de p�trole en cours de production et la consolidation de la vocation gazi�re du pays sont des volets importants de la strat�gie du secteur. 5- Le cinqui�me enseignement concerne la vuln�rabilit� de notre �conomie. Nous savons, aujourd�hui plus qu�hier encore, que quels que soient les progr�s qui seront r�alis�s dans le secteur des hydrocarbures, l�augmentation des besoins �conomiques et sociaux � partir de leur niveau actuel ne pourra �tre financ�e par les seules exportations d�hydrocarbures. Il est par cons�quent urgent d�impulser une strat�gie efficace � long terme de promotion des exportations hors hydrocarbures afin d�att�nuer la d�pendance vis-�-vis d�une ressource non renouvelable. 6- Le sixi�me enseignement a trait aux nouvelles orientations de politique �conomique. La mise en �uvre de politiques de croissance sectorielle renouvel�es am�liorant les performances et la comp�titivit� de l�appareil de production national et le pr�parant � une insertion dynamique dans le march� mondial est aujourd�hui d�une grande n�cessit�. Une politique industrielle ax�e sur la privatisation et la restructuration du patrimoine industriel public et son ouverture au partenariat �tranger ainsi qu�une politique d�alliances, l��mergence d�activit�s industrielles d�exportations pour �largir les sources d�accumulation ainsi que la promotion de l�industrie priv�e est indispensable. 7- Le septi�me enseignement � retenir concerne le secteur agricole. La politique agricole qui a �t� suivie tout au long de ces quarante derni�res ann�es n�a pas r�ussi � diminuer la tr�s forte d�pendance alimentaire de notre pays. Bien au contraire. Il est urgent de mettre fin � trois incoh�rences qui ont caract�ris� jusqu�� ce jour notre politique agricole. � La premi�re est celle qui a trait � la d�connection entre politique agricole et politique alimentaire d�une part, politique agricole et politique agro-industrielle d�autre part. � La seconde est celle qui concerne la forte intervention de l�Etat dans la gestion des structures agricoles et dans la r�gulation des actes de production et de commercialisation. � La troisi�me concerne la forte instabilit� et les changements permanents dans les modes de gestion du foncier agricole, des structures et de l�environnement. 8- Le huiti�me enseignement sur lequel nous voulons insister est celui qui concerne le syst�me �ducatif et de formation ainsi que la recherche-innovation. Aucun progr�s s�rieux ne peut �tre r�alis� dans l��conomie nationale sans une mise � plat de ce secteur et la mise en �uvre d�termin�e et sans h�sitation aucune d�une r�forme profonde de l��cole alg�rienne, de la formation sup�rieure et de la recherche. Les retards enregistr�s ici sont consid�rables et hypoth�quent s�rieusement l�avenir du pays.