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CE MONDE QUI BOUGE
Turquie, l'AKP est-il un parti islamiste ? Par Hassane Zerrouky
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 07 - 2007

Cr�dit� de 40% d�intentions de vote, et � moins d�un retournement de derni�re minute, le Parti de la justice et du d�veloppement (AKP) au pouvoir en Turquie est en passe de remporter les �lections l�gislatives anticip�es du 22 juillet. Fond� en 2001, d�une scission du parti islamiste, le Refah de Nemetin Erbakan, lequel a cr�� depuis le Fazilet, l�AKP ne fait plus r�f�rence � l�Islam dans son programme politique.
Il rejette publiquement le label �islamiste� que lui collent ses adversaires. Si la presse sp�cialis�e turque le qualifie de �parti conservateur de centre-droit�, ses adversaires les plus r�solus, notamment l�arm�e turque, le soup�onnent de disposer d�un �agenda cach�, selon lequel une fois qu�il �lira l�un des siens pr�sident de la R�publique, il engagera des r�formes constitutionnelles qui d�boucheraient sur une islamisation du r�gime turc. En fait, la r�alit� est plus complexe. Le journal lib�ral de r�f�rence Radikal, que l�on ne saurait qualifier de pro-islamiste, analysant la strat�gie de l�AKP, fait remarquer que jamais les droits de la femme en Turquie n�ont connu un tel progr�s que sous le mandat du Premier ministre Tayyip Erdogan. Milliet, autre grand quotidien turc, demande pour sa part aux la�cs de s�en tenir aux faits et non aux �tiquettes pour contrer l�AKP. Les faits justement. Pour faire taire ses d�tracteurs, l�AKP a pr�sent� plusieurs candidates non voil�es dont la ministre de la Famille, Nimet �ubuk�u, 40 ans, avocate de formation. A Istanbul, l�une de ses candidates phares � la d�putation n�est autre que la jeune richissime femme d�affaires, non voil�e bien s�r, dipl�m�e des plus grandes universit�s am�ricaines, Nursuna Memecan. Qui plus est, les �pouses des ministres d�Etat Besir Atalay et Mehmet Aydin, le ministre de la D�fense Vecdi G�n�l, ne sont pas voil�es. Dans les meetings de l�AKP, auxquels j�ai assist�, il y a de nombreuses femmes non voil�es, des militantes en jean pour les plus jeunes, en tailleur ou en robe pour les plus �g�es. Elles ne sont pas s�par�es des hommes. Pas de diffusion de sourates coraniques, mais des chants patriotiques mais aussi de la vari�t� o� avant l�intervention des orateurs, �a danse et �a chante et, tout ceci d�note que cela n�a rien � voir avec les meetings tristes de l�ex- FIS ou du MSP. En feuilletant les journaux qui lui sont proches, comme Zaman ou sa version en anglais, Today�s Zaman, la plupart des chroniques sont sign�es par des journalistes femmes dont les photos ornent en coin les papiers : elles ne sont pas voil�es. Et ce, sans compter ces articles consacr�s aux stars de la chanson et du cin�ma occidental bien mis en exergue en �une� de Zaman. D�s lors, au regard de ces faits, si l�AKP est un parti islamiste, c�est qu�il cache vraiment bien son jeu. En fait, c�est un parti conservateur de droite comme on en voit en Europe occidentale, pr�nant le n�o-lib�ralisme en �conomie et l�adh�sion de la Turquie � l�Union europ�enne, moralisateur dans son discours, non oppos� au port du voile, consid�rant qu�il s�agit de laisser libre les gens de choisir comment se v�tir. Quant � la la�cit�, qu�il qualifie de �cl� pour la paix civile�, l�AKP a de nouveau r�affirm� son attachement � ce principe qui permet, selon lui, l�exercice du pouvoir politique non bas� sur la discrimination religieuse ou ethnique. D�s lors, pourquoi ce parti conservateur inqui�te tant une partie de la soci�t� turque ? Le fait qu�il soit issu de la mouvance islamique ? Sans doute. Il n�en reste pas moins que dans les 12 plus grandes villes du pays qu�il dirige, dont Ankara et Istanbul, l�AKP n�a promulgu� aucun interdit. Istanbul pullule de bars et de bo�tes de nuit. Il suffit de s�y promener, notamment le soir, pour voir comme on n�en voit pas chez nous, tous ces couples, ces femmes en tenue moderne ou en hijab, assises dans les terrasses de caf�s, fumant pour certaines d�entre elles le narguil�, sans que cela choque. Il existe une tol�rance dans ce pays qu�on ne rencontre nulle part ailleurs comme le fait de permettre aux touristes �trangers de visiter les mosqu�es pour peu qu�ils respectent les lieux.

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