Le r�le de Abane Ramdane dans l�organisation pratique et th�orique de la r�volution, bien que trop �vident pour tous en d�pit de sa pr�coce disparition tragique, est trop souvent sous-estim�, pass� sous silence, voire parfois contest� par certains ex-dirigeants de la R�volution du 1er Novembre s�exprimant en des circonstances tellement choisies qu�elle prennent l�allure d�un r�glement de compte politicien � titre posthume avec l�architecte de la R�volution et � travers lui avec la Kabylie tout enti�re ainsi qu�avec le projet de soci�t� v�hicul� par l��lite de cette r�gion et par les revendications qu�elle n�a cess� de clamer publiquement. C�est ce qu�essaie de d�montrer et de fort belle mani�re Khalfa Mameri dans un ouvrage intitul� Abane Ramdane, le faux proc�s ; un livre de 160 pages plus une postface o� l�auteur explique son choix et deux annexes portant sur deux versions de l�assassinat de Abane ; l�une officielle confectionn�e par les dirigeants de la R�volution et publi�e dans le n�24 d� El Moudjahid, dat� du 29 mai 1959, l�autre, un t�moignage du colonel Ouamrane sur les circonstances de la mort de Abane Ramdane. Le titre du livre mis au singulier laisse penser au proc�s organis� par trois membres militaires du Comit� de cordination et d�ex�cution qui ont d�cid�, � l�issue d�une r�union de trois jours et trois nuits, en l�absence de l�accus� et des trois autres membres civils, d�incarc�rer Abane au Maroc o� il aurait �t� assassin� par Abdelhamid Boussouf, son propre chef, ou avec l�accord d�un ou deux militaires. A la lecture extr�mement ais�e et �poustouflante du livre, on s�aper�oit qu�il s�agit outre du proc�s quasi clandestin des trois militaires, domin�s et menac�s par la stature intellectuelle de Abane, de ceux qu�instruisent � son encontre les comparses Ben Bella, Bentobal et Ali Kafi � propos de la repr�sentativit� du Congr�s de la Soummam, du contenu des documents adopt�s qui porteraient atteinte au caract�re islamique des futures institutions, et enfin, de l�int�gration et de la promotion des �l�ments mod�r�s dans les rangs de la R�volution, reproches tir�s, par l�auteur, d�une lettre de Ben Bella � Abane et qu�il r�fute point par point avec �loquence et efficacit� � partir de la page 13 de l�ouvrage. A partir de la page 40, l�auteur, et cette fois-ci avec preuve � l�appui, s�attaque � l�accusation port�e par Ali Kafi envers Abane sur les contacts secrets avec la France prouvant qu�il n�en est rien et qu�au contraire, plusieurs dirigeants ont eu s�par�ment des contacts avec des �missaires fran�ais d�sapprouv�s par Abane. Les extraits de l��change de correspondances entre Abane et la d�l�gation ext�rieure ins�r�s dans cette partie du livre est extr�mement �difiante � cet �gard, � plus d�un titre, notamment sur le r�le pr�pond�rant qu�assumait Abane � la t�te de la R�volution sur la m�fiance ou tout au moins les difficult�s, somme toute compr�hensibles, de la coordination entre l�int�rieur et l�ext�rieur et m�me entre les membres de la d�l�gation ext�rieure. Abane semble, parfois, donner des ordres et dicter aux autres la conduite � suivre donnant du grain � moudre � certains, comme Bentobal, pour le pr�senter, des d�cennies apr�s sa mort, comme dictateur contredisant ses propres d�clarations, faites en d�autres circonstances, sur le m�me Abane. Il faut savoir que Abane �tait � la t�te du FLN � l�int�rieur du pays � mobiliser toutes les forces nationales, � les int�grer au combat, � coordonner les actions, � r�pliquer � l�ennemi et � pr�parer le congr�s qui a dot� la R�volution de structures politiques et militaires qui ont conduit � la reconqu�te de la souverainet� nationale. Outre l�atmosph�re d�mocratique qui a pr�valu au congr�s de la Soummam, Abane a donn� plusieurs exemples de comportement d�mocratique signal�s par l�auteur tout au long de son ouvrage. Tout cela, les lecteurs le d�couvriront eux-m�mes � la confrontation des th�ses, la lecture de documents authentiques, la r�futation des mensonges, l�analyse pertinente des faits et, pour tout dire en un mot, une vigoureuse plaidoirie justifi�e, pour Abane, pour la Kabylie et la v�rit� historique trop souvent malmen�e par les tenants du pouvoir. Il y aurait encore beaucoup � dire sur ce livre qui remet �norm�ment de choses en place et qui tient le lecteur en haleine, mais les lecteurs sauront d�celer les aspects les plus saillants qui ne sont pas �voqu�s dans ce bref aper�u.