L�implication de l�IGF, constitu�e de magistrats, dans le processus de privatisation a-t-elle lieu d��tre ? L�IGF est-elle qualifi�e pour jouer le r�le de commissaire aux comptes ? Des questions d�battues, hier, au centre de presse d�El Moudjahid. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Le d�bat sur la privatisation des entreprises publiques s�est poursuivi hier au centre de presse d� El- Moudjahid lors d�une table ronde. Celle-ci a r�uni le consultant international Malek Sera�, le consultant en �conomie industrielle R�da Amrani, l�expert financier et comptable Mohamed Ghernaout et le pr�sident du Conseil national consultatif pour la promotion des petites et moyennes entreprises (CNC-PME), Za�m Bensaci. Point focal abord�, le r�le �largi de l�Inspection g�n�rale des finances (IGF) dans le processus de privatisation. R�cemment, le Conseil des ministres avait adopt� un projet de loi compl�tant l'ordonnance d'ao�t 2001 relative � l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques �conomiques. Gr�ce � ce texte, l�IGF verra ses missions renforc�es pour un meilleur contr�le des d�penses publiques. Cela � travers l��largissement de ses capacit�s d�intervention au secteur �conomique et sa dotation de moyens plus efficaces d'investigation et de contr�le. Rappelons, que jusqu�� alors, les attributions de l'IGF �taient limit�es au contr�le de gestion des d�penses des institutions � caract�re administratif uniquement. D�o� un contr�le dans des entreprises publiques, de ce fait, exceptionnel puisqu'il se faisait seulement � la demande des autorit�s habilit�es. Or, ce projet de loi permettra de donner un ancrage juridique au contr�le externe exerc� par l'IGF. Celle-ci �tant d�sormais habilit�e � �v�rifier la r�gularit� et les conditions financi�res d'ex�cution des prestations intervenant entre l'entreprise publique �conomique et les personnes morales ou physiques du secteur priv�. Pour plus d'efficacit�, le nouveau statut de cette structure lui donne la possibilit� de se faire assister dans l'exercice de ses missions par les agents publics qualifi�s ou des experts, et de proposer les mesures conservatoires pour sauvegarder les int�r�ts de l'entreprise, ainsi que le droit d'acc�s � l�information. S�exprimant � propos de cette mesure, le pr�sident du CNC-PME a estim� que cette intervention est une �tr�s bonne chose�. Pour Za�m Bensaci, cet audit de l�IGF devrait accro�tre la fiabilit� des donn�es financi�res des entreprises privatisables. De m�me, le consultant Malek Sera� a consid�r� que cette implication �apporte un plus moral� mais que cela reste insuffisant, appelant � un travail p�dagogique et efficient. Pour l�autre consultant, R�da Amrani, cette mesure est �un moindre mal� et qu�elle s�av�re utile pour �pr�server les deniers publics�. Toutefois, �l�IGF ne doit pas officier en tant que pompier�, arguera cet �conomiste, convaincu que cette question est d�ordre �politique�. Voire, selon l�expert financier Mohamed Ghernaout, l�implication de l�IGF, constitu�e de magistrats, �n�a pas lieu d��tre� puisque selon lui, l�IGF n�est pas qualifi�e pour jouer le r�le de commissaire les comptes et qu�il y a assez d�organes de contr�le pour pallier les d�faillances, le cas �ch�ant. C�est un �double emploi�, dira-t-il, estimant que le fait que �l�Etat va contr�ler l�Etat� ne fera que d�cr�dibiliser le processus de privatisation. C. B. En qu�te de clarifications La table ronde d�El Moudjahid a �t� l�occasion pour le consultant Malek Sera� d�en appeler � davantage de clarifications et de s�interroger sur l�opportunit� ou non d�une pause de r�flexion dans ce processus de privatisation. D�autant, selon Malek Sera� que la conduite de ce processus p�tit d�un manque de transparence et de vision claire, souffre de pressions multiples dont celles de la �bureaucratie terrible � et de risque de �corruption�. Outre le fait que nombre d�entreprises publiques peinent � �tre vendues en raison de multiples contraintes. Le consultant R�da Amrani, a �galement d�nonc� l�absence de concertation, l�opacit� et le �manque de gouvernance� de la privatisation devenue selon lui �un dogme�, s�interrogeant sur l�utilit� de l�investissement direct �tranger (IDE) en tant que panac�e. Pour R�da Amrani, si en France les entreprises disposent de 105 milliards d�euros d�aides directes et indirectes de l�Etat, les n�tres, par contre, ne b�n�ficient d�aucune assistance. Adoptant un point de vue diff�rent, le pr�sident du CNC-PME a estim� que l�Etat doit garder la mainmise sur les grandes entreprises strat�giques, tout en ouvrant une partie du capital des entreprises en vue d�assurer un transfert technologique. Pour Za�m Bensaci, le rattachement des Soci�t�s de gestion des participations (SGP) aux minist�res de tutelle constitue, par ailleurs, un point d�ancrage. Quant au consultant Mohamed Ghernaout, il a relev� que la privatisation est n�cessaire, qu�il n�y a pas de secteur strat�gique et l�Etat doit s�engager en mati�re de r�formes y compris sur le plan politique. En relevant que le secteur industriel co�te 5 milliards de dollars par an et fonctionne � 50% de ses capacit�s, Mohamed Ghernaout a estim� que la privatisation s�int�gre dans le processus de relance industrielle. Tout en remarquant que l�Etat ne peut g�rer, qu�il reste un mauvais investisseur et qu�il y a risque de retour aux ann�es 1970, d�autant que les IDE ne se bousculent pas au portillon. Pour ce consultant, les atermoiements dans le processus de privatisation du CPA et d�Alg�rie T�l�com ainsi que le rattachement des SGP am�nent � s�interroger sur le fait de savoir si l�Etat n�est pas en train de faire une pause dans le processus de privatisation. �Est-ce que l�Etat vend mal son programme de privatisation ou bien y a-t-il eu choix pour certains investisseurs et qui n�ont pas r�gl� les conditions de leur venue ?�, s�interroge-t-il.