Une enqu�te de l�Inspection g�n�rale des finances effectu�e en Arabie saoudite au niveau des structures de la Commission nationale du p�lerinage et de la omra (CNPO) a d�montr� les innombrables d�faillances dans la gestion du hadj. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Ces investigations men�es en 2006 par l�Inspection g�n�rale des finances font suite � une premi�re enqu�te sur la gestion du hadj. Celle-ci avait eu lieu deux ans plus t�t ici m�me � Alger, au niveau de la Commission nationale du p�lerinage et de la omra. Les conclusions de l�IGF avaient mis � nu une longue s�rie de d�passements (voir Le Soir d�Alg�riedu 3 juillet 2008). Les inspecteurs de ce service avaient recommand� de poursuivre les op�rations de contr�le en Arabie saoudite puisque l�essentiel des activit�s de la CNPO se d�roulent aux Lieux Saints et mobilisent environ 80% de l�ensemble des ressources financi�res. Avant toute chose, il est utile de revenir sur les attributions et les missions de cet office. Plac�e sous l��gide du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, qui en est l�ordonnateur principal, la CNPO est charg�e de g�rer et d�organiser le p�lerinage. Sur le plan financier, l�essentiel des fonds qu�elle g�re provient des contributions des p�lerins. Un statut tr�s particulier, voire unique, comme le souligne ce second rapport de l�IGF. �Les textes de cr�ation de la CNPO font implicitement r�f�rence � une ex�cution budg�taire conform�ment aux dispositions r�glementaires relatives � la comptabilit� publique, alors que le budget de la CNPO provient essentiellement de la participation des p�lerins.� Une incoh�rence qui serait, en partie, la cause de la mauvaise gestion de ces ressources. Et sur le plan de la gestion pr�cis�ment, les failles relev�es par l�IGF aux Lieux Saints sont nombreuses. �La gestion � distance des op�rations en Arabie saoudite pose un probl�me d�ordonnancement pr�alable. De m�me l��tablissement de service fait en Alg�rie alors que la d�pense est effectu�e en Arabie saoudite. Le contr�le de la r�alit� des prestations faites ou du mat�riel acquis dans cette situation est difficilement envisageable�, note l�IGF en pr�cisant qu�il n�existe pas d�ordonnateur en Arabie saoudite. Pertes et profits Sur le plan financier, la situation est plus que surprenante. Pour ce qui est de l�h�bergement (location d�immeubles � Meccah et M�dine), il a �t� enregistr� une perte de pr�s 150 millions de dinars pour les campagnes de p�lerinage de 2003 � 2006. Durant la m�me p�riode, le d�ficit en mati�re de transport entre les diff�rents lieux du hadj s��l�ve � pr�s de 12 millions de dinars. L�IGF pr�cise, toutefois, que les d�ficits dans ces deux services sont � mettre sur le compte d�une diff�rence �entre le nombre de p�lerins d�clar�s par le Bureau des agents unifi�s (BAU) et le nombre des p�lerins ayant encaiss� r�ellement leurs ch�ques p�cules�. Les responsables de la CNPO auraient-ils �manipul� � les effectifs des hadjis ? Dans le registre des pertes on peut �galement ajouter les frais de location et les charges annexes d�un montant total de 900 000 rials saoudiens pour la location d�un immeuble � M�dine qui n�est utilis� que quelques semaines par an. Un fait �trange a toutefois �t� relev� par les inspecteurs du minist�re des Finances : �Un montant de 400 millions de dinars a �t� transf�r� dans le compte de la CNPO ouvert au Tr�sor en date du 04/01/2005 pour l�acquisition d�un immeuble � M�dine. Op�ration non concr�tis�e � la date de l�intervention de la mission de l�IGF.�Dans son premier rapport, l�Inspection g�n�rale des finances s��tait int�ress� de tr�s pr�s � la question des �invit�s� du minist�re des Affaires religieuses qui jouissent des m�mes avantages que les missionnaires de la Ba�tha. Ce second rapport revient dans le d�tail sur ce dossier. Ainsi, de 2003 � 2006, 45 �personnalit�s� ont b�n�fici� du statut d�invit�s. Pour leur prise en charge (billets d�avion, h�bergement et frais de mission), la CNPO a d�bours� pr�s de 10 millions de dinars. Une somme pr�lev�e directement de l�argent des hadjis alg�riens. La CNPO gagne au change Il semblerait que la Commission nationale du p�lerinage et de la omra ne soit pas r�ellement d�ficitaire. Elle a r�ussi � faire d�importants b�n�fices lors des op�rations de change. L�Inspection g�n�rale des finances estime � plus de 1,6 milliard de dinars la plus-value r�alis�e par la CNPO au niveau du compte d�attente de la Banque d�Alg�rie. Ces b�n�fices r�sultent �de la diff�rence entre le cours provisoire du dinar servant de base de calcul aux versements des p�lerins et le cours r�el de transfert�, note le rapport. Mais voil�, le r�le de la Banque d�Alg�rie dans toutes ces op�rations n�est pas d�fini clairement, tant sur le plan juridique qu�administratif. �L�intervention de la Banque d�Alg�rie n�est pas explicit�e par les textes r�gissant la CNPO. Il y a lieu de s�interroger sur la base juridique sur laquelle la Banque d�Alg�rie a proc�d� aux diff�rents paiements des d�penses effectu�es en Arabie saoudite�. Les responsabilit�s semblent donc partag�es par l�institution financi�re et le d�partement de Bouabdallah Ghoulamallah. Incomp�tence Dans le registre consacr� aux ressources humaines, on constate que les repr�sentants permanents de la mission alg�rienne aux Lieux Saints aient fait preuve d�incomp�tence. �La d�signation de simples agents pour exercer les fonctions de r�gisseurs hors campagne a eu les cons�quences suivantes : les pi�ces justificatives produites en Arabie saoudite ne r�pondent pas aux normes r�glementaires requises ; absence de la tenue des diff�rents registres (livres de banque, livres des d�penses) par les r�gisseurs hors campagne ; absence des registres de proc�s-verbaux de la commission pr�paratoire d�h�bergement (ouverture des plis, �valuation des offres) ; les r�gisseurs de campagne d�sign�s par l�ordonnateur pour les trois centres (Meccah, M�dine, Djeddah) choisis parmi les fonctionnaires du minist�re des Affaires religieuses et membres de la Ba�tha ne sont pas accr�dit�s par l�agent comptable�. Recommandations de l�IGF Au terme des enqu�tes men�es en Alg�rie et en Arabie saoudite, les enqu�teurs de l�Inspection g�n�rale des finances ont formul� une s�rie de recommandations. Pour ce qui est de la Commission nationale du p�lerinage et de la omra, l�IGF a conseill� de �revoir son statut juridique� et de la retirer du giron du minist�re des Affaires religieuses pour la placer sous la tutelle du chef du gouvernement. Sur le plan financier, elle recommande ce qui suit : �Sachant que le budget de la CNPO est constitu� uniquement des participations des p�lerins, une gestion comptable et financi�re sp�cifique est pr�conis�e ; revoir le r�le initial de la Banque d�Alg�rie au sein de la CNPO (transferts de fonds) ; proc�der � la fin de chaque campagne au versement des reliquats et plus-values d�gag� au Tr�sor public. L�IGF a �galement formul� une longue liste de mesures � mettre en �uvre en mati�re d�organisation du p�lerinage. Notons que ces recommandations n�ont quasiment pas �t� prises en consid�ration par les pouvoirs publics. Seul changement notable, la Commission nationale du p�lerinage et de la omra a �t� remplac�e depuis par l�Office national du hadj et de la omra. Une structure quasiment identique � la pr�c�dente qui, du reste, est toujours sous le contr�le du ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghoulamallah.