Apr�s une absence qui aura dur� 20 ans, le groupe Debza est de retour avec un nouvel album intitul� Chkoun elmas'oul ? (Qui est responsable ?) Un opus qui fait grincer les dents tant il renvoie � une r�alit� des plus am�res, celle d�un pays toujours � la d�rive� I l semblerait donc que cette absence prolong�e ait �t� d�une belle maturation ; le r�sultat : un album choc, pas tendre du tout, grin�ant et hurlant d�une actualit� surprenante vu que le pays est travers� par des contestations et aussi des coups de poing des enseignants, des praticiens, des ouvriers, le drame des harraga et la liste est longue. La contestation donc de Debza, groupe devenu mythique qui de puis sa cr�ation en 1979 � l�universit� de Ben Aknoun ne cesse d�affronter dans l�ar�ne un syst�me qui, vingt ans plus t�t, verrouillait toutes les libert�s au nom du parti unique, et, vingt ans plus tard, les libert�s sont plus que jamais verrouill�es m�me apr�s le changement qui mena au multipartisme. Debza n�a pas vieilli ni perdu de sa rage de vaincre, il reste celui qui a marqu� la sc�ne artistique nationale, connu, notamment, dans le milieu universitaire contestataire et revendicatif dans les ann�es 80 et aujourd�hui, il v�hicule toujours les m�mes id�es, toujours d�actualit� devant l�indiff�rence qui caract�rise le paysage contestataire alg�rien. Il suffit donc de lire les neufs titres de l�album pour comprendre dans quelle bagarre le groupe s�est jet� : Octobre et les souvenirs d�une manifestation horriblement opprim�e, de la torture qui s�en suivit, El-Khobza (Le pain), L�Ecole, pour mettre en �vidence la d�rive de l��cole dans notre pays, Salima ou encore Ghoudoua, Echkoun fina mas�oul; des paroles incisives qui rappellent, qui insistent, qui s�imposent. Un nouvel album au fait politiquement incorrect avec ce cri : �Qui est responsable parmi nous ?� Une question ou une certitude � l�endroit des politiques, des gouvernants et autres d�cideurs alg�riens. Qui est responsable de cette situation de pourrissement, d�appauvrissement des Alg�riens, de la mal-vie, des restrictions des libert�s, des crises sociales ? Marzouk, Abdelatif, Salim, Mohamed, Rabah, Mourad, ou encore Mahmoud, membres de ce groupe, ne laissent pas indiff�rents. Les paroles sont soigneusement choisies avec des textes du grand dramaturge Mohia (Amxix) qui les avait de son vivant offert au groupe, ils chantent dans un parler compris de tous avec une musique entra�nante, populaire, bien arrang�e. Les voix si contrastantes, chaudes, �mouvantes, transportent et c�est cela la r�ussite d�un tel produit : tout est en symbiose. Il faut rappeler que Debza est aussi une compagnie th��trale dont Kateb Yacine �tait le cr�ateur, voire le p�re spirituel. Sur le plan dramaturgique, Debza a mis en sc�ne des textes de Yacine, avec la collaboration de Titif et Salim Benzadira dans la mise en sc�ne. La troupe a interpr�t� plusieurs pi�ces dont La voie qui �tait une inspiration de Kateb Yacine� Sendouq La�djeb, Tr�gue, El-Ma, Amar El-Boudjadi, A mmin itsradjoun Rebbi, (une adaptation en tamazight de la c�l�bre pi�ce de Samuel Becket En attendant Godot, un texte de Mohya), L�accus�e d�Abdelatif Bounab. Debza a enregistr� deux albums, un r�pertoire de chansons � texte engag�es. Leur premier album, El Hamla, est sorti en 1986, et n��tait Kateb Yacine, l� aussi, le produit n�aurait jamais vu le jour, puisque c�est lui qui l�avait financ�.