Apr�s plus de quarante ans de suivi du syst�me de recherche scientifique fran�ais, le minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique se serait aper�u que ce n��tait finalement pas le bon mod�le. L�Alg�rie pourrait opter pour le syst�me anglo-saxon. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - Il a fallu donc attendre 2010 pour comprendre que l�Alg�rie a fait fausse route en mati�re de recherche scientifique. Et encore, faut-il le pr�ciser, ce n�est pas le minist�re de l�Enseignement sup�rieur qui s�est aper�u de la d�faillance du mod�le fran�ais, mais ce sont les Fran�ais eux-m�mes qui l�ont d�cel�e en s�auto- �valuant, constatant que leur syst�me de recherche scientifique n�avait pas atteint les objectifs fix�s. C�est ce qu�a clairement signifi� le professeur Aourag, directeur g�n�ral de la recherche scientifique et du d�veloppement technologique (RSDT). Intervenant hier lors d�une r�union du Comit� sectoriel permanent (CSP), ce responsable s�est montr� plus que convaincu que le mod�le anglo-saxon est celui qui, aujourd�hui, correspond le mieux aux aspirations de l�Alg�rie. �Apr�s quelques ann�es de r�flexion, nous avons compris qu�il fallait d�abord commencer par la base. Jusque-l�, nous avons suivi le mod�le fran�ais, et ce n�est que derni�rement que les Fran�ais eux-m�mes ont avou� la d�faillance de leur politique de recherche scientifique. L�Etat fran�ais est en panne d�innovation et subit une inqui�tante fuite des cerveaux. Aujourd�hui, la vision de l�Alg�rie a chang�, et nous devons absolument passer � un autre syst�me�, a-t-il indiqu�. Ce nouveau mod�le adopt� par l�Alg�rie repose principalement sur la recherche appliqu�e et la cr�ation de campus universitaires int�grant des centres de recherche et de petites entreprises, dans le but de cr�er des passerelles entre l�universit� et le milieu socio�conomique. Actuellement, 90 % des chercheurs alg�riens font dans la recherche fondamentale, et la recherche scientifique alg�rienne tourne autour de la formation et non pas de la cr�ativit�, de l�innovation. Selon le Pr Aourag, les chercheurs alg�riens sont actuellement �valu�s sur le nombre de publications et de communications qu�ils effectuent, ce qui ne sert finalement que l��volution de leur carri�re personnelle, alors qu�ailleurs le niveau des chercheurs est estim� selon leurs capacit�s d�innovation et de cr�ativit�. Et les laboratoires de recherche restent s�par�s de l�universit�, ce qui a donn� lieu � un cloisonnement entre les travaux des chercheurs permanents et les chercheurs universitaires. Dor�navant, annonce le DG du RSDT, les laboratoires de recherche seront implant�s au sein des universit�s, pour �viter de tomber dans ce genre de situation. Toujours selon le m�me responsable, l�Alg�rie compte actuellement 19 centres de recherche scientifique. Le but �tant d�atteindre 50 centres en 2012, le d�partement de Haraoubia pr�voit la cr�ation de 12 centres en 2010 et de 12 autres en 2011. Toujours dans la m�me optique, le Pr Aourag s�est dit d�sol� de constater que les 19 centres de recherche scientifique disponibles actuellement tournent avec seulement 1 200 chercheurs permanents. � Nous sommes encore tr�s loin des normes internationales pour parler d�une recherche scientifique efficace. La France compte 35 000 chercheurs permanents pour une population de 62 millions d�habitants. L�Alg�rie, qui compte 35 millions d�habitants, dispose seulement de 1 200 chercheurs permanents�, a-t-il regrett�. Pour sauver la face, le minist�re de l�Enseignement sup�rieur compte porter le nombre de chercheurs permanents � 4 500 d�ici 2012, � travers le lancement d�une op�ration baptis�e �Jeune talent�. Une fois les meilleurs �tudiants identifi�s, ces derniers suivront une formation d��lite, afin de pouvoir int�grer, en 2012, les nouveaux centres de recherche. Toutefois, si le Pr Aourag pense que l��chec de la politique de recherche alg�rienne est principalement d� au mod�le fran�ais jusque-l� suivi, bon nombre de chercheurs universitaires, interrog�s sur les lieux, ne semblent pas partager le m�me point de vue. Pour eux, si l�Alg�rie a fait fausse route en mati�re de recherche scientifique, c�est tout simplement parce que l�on n�a pas fix� d�objectifs bien pr�cis. �Je crois personnellement que le syst�me fran�ais n�y est pour rien. Le probl�me n�est pas du tout l�. Ce m�me mod�le a permis aux Fran�ais de concr�tiser beaucoup de projets, parce qu�ils ont tout simplement travaill� sur des objectifs bien d�finis. Alors qu�en Alg�rie, la recherche se fait d�une mani�re globale, sans cibler un but pr�cis�, explique un chercheur universitaire de l�Universit� des sciences et de la technologie Houari-Boumediene. Enfin, il est � se demander si l�Alg�rie n�attendra pas encore plus de quarante ans pour r�aliser que le mod�le anglo-saxon n��tait finalement pas celui � suivre ! M. M. Un comit� sans r�glement int�rieur ! En marge de la r�union du Comit� sectoriel permanent (CSP), le professeur Aourag, directeur g�n�ral de la recherche scientifique et du d�veloppement technologique (RSDT), a remis en question le rendement de cette structure charg�e d�asseoir une v�ritable politique de recherche scientifique et de d�veloppement technologique. Pour lui, le CSP s�est content� de faire des analyses et d��mettre des propositions, alors qu�il a pour mission de mettre en place une strat�gie � court, moyen et long terme. Mais pour beaucoup de participants � cette journ�e d��valuation, le Pr Aourag a peut-�tre oubli� que ce comit� fonctionne depuis sa cr�ation il y a quatre ans sans r�glement int�rieur !