Le 61e anniversaire de la bataille d'Ath Houari au village Izemmouren, situé à cinq kilomètres au nord de la ville de Haizer, a été commémoré hier au niveau du carré des martyrs du même village. La cérémonie à laquelle ont pris part les responsables locaux et les dizaines de citoyens de la région, notamment des personnes qui ont vécu cette journée fatidique du 12 mars 1957, s'est déroulée au carré des martyrs. Une exposition des photographies des martyrs de ce village et ceux ayant participé à la bataille d'Ath Houari. On raconte au village que tout a commencé la veille, lundi 11 mars. Vers les coups de 22h, des moudjahiddines arrivent par dizaines au village. Ils étaient près de 75 soldats de l'ALN à y passer la nuit, d'après les témoignages. Il faut souligner que ces moudjahiddines venaient juste de terminer une bataille à Imesdourar, un village de montagne situé sur les hauteurs de la daïra de M'Chedallah, à une soixantaine de kilomètres d'Izemmouren. Ils ont fui une grande opération de ratissage déclenchée par l'armée coloniale après avoir perdu une dizaine de soldats et un capitaine capturé par les Djounouds de l'ALN. Aigoun Ali, dit Tarzan, natif du village et brave soldat de l'ALN a alors décidé que les moudjahidines passent la nuit à Ath Houari, chez la famille Aouali et non chez le refuge où ils avaient l'habitude de se rendre, selon Mazouz Mansour, à qui la mission d'apporter la nourriture a été confiée ce soir-là. Le changement de plan a été fait pour éviter l'effet surprise et que le refuge habituel était très exposé, ajoute le témoin. «À l'aube, j'étais avec Aigoun Ali dit Tarzan. Nous sortions de la maison des Aouali. Aigoun Ali a pu apercevoir un mouvement suspect à quelques mètres de l'endroit où nous étions. Nous avions donc rebroussé chemin pour alerter les autres moudjahiddines de la présence de l'ennemi. À ce moment-là, la sentinelle avait donné l'alerte en tirant un coup de feu», poursuit Mazouz Mansour. La bataille a commencé. Durant les trois premières heures, les moudjahidines avaient le dessus sur l'ennemi, d'après les témoignages. Ce qui a emmené l'armée coloniale à utiliser l'aviation militaire. Le village a été bombardé au napalm durant des heures. «De loin, nous regardions les avions bombarder notre village. On ne voyait que des explosions et des flammes. C'était du napalm», témoigne Mazouz Mansour. La journée de 12 mars 1957 tire à sa fin. Vers 17h, l'armée coloniale s'était repliée. Plusieurs soldats étaient morts. Des témoins disent avoir vu des hélicoptères transporter des blessés et des morts. Une fois l'ennemi a quitté la zone, les villageois découvrent le carnage. À quelques mètres de la maison où les moudjahidines avaient passé la nuit, Mazouz Mansour, âgé aujourd'hui de 85 ans, a découvert les corps des quatre membres de la famille Aouali. Ils ont été achevés froidement après avoir été torturés par les soldats de l'armée coloniale parce qu'ils ont accueilli les moudjahidines. Le lendemain de la bataille, on raconte que les gens étaient venus de plusieurs villages voisins pour rechercher les corps des moudjahidines qui seraient morts durant l'accrochage qui a duré une dizaine d'heures. Une vingtaine de soldats de l'ALN seraient tombés au champ d'honneur en ce 12 mars 1957. Au lendemain de la bataille, l'armée coloniale était revenue pour forcer les villageois à quitter leurs maisons et leurs terres et rejoindre le camp. Des noms des braves soldats de l'ALN qui ont participé à la bataille d'Ath Houari, figurent ceux d'Aigoun Ali dit Tarzan, Aigoun Mohamed dit Antar, Boukherroubi Hammouche dit Dahmane, Said La Fayette, Bechlaoui Slimane, et d'autres héros de la guerre d'indépendance.