Bonne nouvelle, c'en est fini du temps où les librairies se transformaient en fast-food en Algérie. L'heure est plutôt à un foisonnement de nouvelles boutiques, au grand bonheur des lecteurs de plus en plus nombreux. Fait indéniable : le paysage éditorial algérien se transforme de jour en jour. Le nombre de nouvelles librairies enregistrées, ces dernières années, est impressionnant. Un phénomène de concentration est nettement perceptible à Alger-centre, un périmètre urbain très convoité du reste. Une saine concurrence se met, peu à peu, en branle. Et avec un environnement de plus en plus concurrentiel, les libraires rivalisent aujourd'hui de «happenings» et d'événements littéraires. Désormais, il ne se passe pas un jour où il n'y a pas de ventes dédicaces de tel ou tel auteur, dans telle ou telle librairie. Une rubrique quasi quotidienne y est même consacrée par les journaux. Certains éditeurs n'hésitent plus à mettre gracieusement à la disposition des journalistes un certain nombre d'ouvrages pour faciliter leur médiatisation. Les opérateurs de la chaîne du livre sont, eux, toujours à l'écoute du client afin de cerner au mieux ses préoccupations et ses goûts. Il s'agit, pour eux, d'adapter en permanence leur offre d'ouvrages à une demande qui se diversifie, se spécialise chaque jour et devient de plus en plus exigeante. Peut-on continuer encore à parler dans ces conditions d'un «recul de la lecture en Algérie» ? Rien n'est moins sûr, car même si le taux d'analphabétisme reste effrayant en Algérie, le contexte national marqué par la mise en œuvre d'un laborieux processus de réformes dans le domaine de l'éducation laisse croire véritablement à un élargissement de la base du lectorat à la faveur de cette politique volontariste de l'Etat. Dans ce processus, l'aide à la lecture est considérée, non sans raison, comme un facteur déterminant dans la mutation du paysage éditorial national mais aussi dans sa (re)structuration. Grâce à ce processus, le livre prend progressivement sa place. Et c'est surtout, paraît-il, le livre technique et scientifique qui aurait, dans ce cas de figure, le vent en poupe. Et pour cause ! La densification du réseau d'universités et de bibliothèques, adossée à l'évolution rapide du progrès et à un plan de développement national ambitieux, impose, aujourd'hui plus que jamais, une adaptation continue de l'état des connaissances dans le pays. Et au-delà de cet engouement tangible pour la lecture, l'émulation des opérateurs continue à participer activement à la vie culturelle du pays et de la capitale en particulier. Pourvu que ça dure !