«L'agriculture au service de la souveraineté nationale» est l'intitulé des assises nationales sur l'Agriculture qui ont débuté hier, sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. En présence de plusieurs ministres, hauts responsables de l'Etat ainsi que des principaux acteurs du secteur de l'agriculture et de la pêche, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, a lu le message du président Abdelaziz Bouteflika, dans lequel il n'a pas manqué de déplorer «le désintérêt des jeunes pour l'activité agricole et le recours insuffisant aux moyens techniques garantis par l'Etat». Le chef de l'Etat a souligné le fait que «le secteur de l'agriculture a énormément pâti de la crise qu'a traversée l'Algérie deux décennies en arrière, les difficultés financières ayant contraint l'Etat à se désengager de l'activité agricole sans qu'une alternative suffisante ne soit mise en place». A ce propos, Abdelaziz Bouteflika a noté que «l'économie agricole souffre d'une faible structuration qui expose cette activité fondamentale à la spéculation». Dans ce sens, le président de la République a insisté sur la promotion de «la formation dans le domaine de l'agriculture et ses filières dans les différents cycles du système universitaire (...) et à soutenir l'emploi de jeunes et à orienter leurs efforts vers le secteur agricole». Ainsi, M. Abdelaziz Bouteflika, en s'adressant aux 6000 participants à cette rencontre parmi lesquels on a pu compter des agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, porteurs de projets, investisseurs et opérateurs économiques, ainsi que les représentants des secteurs des finances, ressources en eau, industrie et mines, commerce, banques, assurances, centres de recherche et partenaires sociaux, en plus des organisations patronales et institutions internationales, a rappelé dans son message «l'intérêt de l'Etat pour la campagne (qui) s'est traduit par l'allègement des charges sur les exploitations agricoles collectives, la mobilisation du soutien et des mesures incitatives en faveur de l'activité agricole dans les différentes régions et à la plupart des créneaux, de l'élevage à la céréaliculture en passant par la conservation des forêts ainsi que la redynamisation de l'activité halieutique». Deux millions d'hectares inexploités Conséquence du désintérêt des jeunes pour le sectreur agricole, le chef de l'Etat s'est inquiété face au «phénomène du vieillissement dans le milieu agricole exhortant les «jeunes à s'intéresser davantage à cette activité lucrative pour les agriculteurs et capitale pour nous tous, en tant que peuple et en tant que pays». Il faut savoir que plus de 20.000 actes de concessions des terres agricoles relevant du domaine privé de l'Etat ont été octroyés depuis 2011 et que près de 2 millions d'hectares de terres agricoles ne sont pas exploités, soit 33% de la superficie totale des terres agricoles estimées à 8 millions d'hectares. Il s'agit, a noté le président de la République, d'améliorer notre produit agricole, qui «nécessite aujourd'hui une plus forte participation des industries agroalimentaires à l'exploitation de notre produit agricole afin de couvrir les besoins du marché local, d'une part, et offrir des débouchés au produit agricole, d'autre part». Sachant que 2 millions d'hectares des terres agricoles ne sont pas exploités, Abdelaziz Bouteflika n'a pas manqué, dans son message, d'exhorter «les hommes d'affaires et les investisseurs à un plus grand intérêt pour la promotion de nos exportations agricoles», soulignant que «l'exportation est une activité à part entière nécessitant des capacités et des compétences complémentant le travail des agriculteurs et contribuant à la préservation des équilibres financiers extérieurs». Dans une récente déclaration, Abdelkader Bouazghi, ministre de l'Agriculture, avait déclaré que l'Etat récupérera «chaque mètre carré» de terres agricoles non exploitées, attribuées à des opérateurs privés. Aussi, si 300.000 hectares de terres agricoles non exploitées ont déjà été récupérés, Abdelkader Bouazghi avait mentionné que son département a missionné des commissions à travers tout le territoire national pour poursuivre, dans un cadre légal, le recensement et la récupération des terres non exploitées. A travers les neuf ateliers organisés lors de ces assises nationales sur l'agriculture, il s'agit pour les participants d'enrichir et approfondir la réflexion autour de plusieurs problématiques en lien avec le foncier agricole, comme la ressource hydrique, la valorisation des produits agricoles et l'agroalimentaire, l'exportation des produits agricoles, la formation et l'innovation, l'organisation professionnelle et interprofessionnelle, le financement et les investissements agricoles et agroalimentaires, le développement rural et l'économie forestière, ainsi que le développement de la pêche et l'aquaculture. En esquissant les perspectives de développement dans le secteur agricole, l'Algérie pourra diversifier son économie et assurer une croissance pérenne des activités liées à l'agriculture, aux forêts ainsi que celles de la pêche et de l'aquaculture. Enfin, le chef de l'Etat a insisté, dans son message, sur la consolidation du secteur agricole «pour assurer notre sécurité alimentaire (...) et la diversification de nos exportations».