Dans leur démarche visant à réélire le président Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat, le FLN et le RND peuvent compter sur le soutien des députés issus des listes indépendantes. Leur groupe parlementaire au sein de la chambre basse du Parlement vient de se prononcer en faveur de «la continuité», slogan qui revient avec insistance dans le discours de Djamel Ould Abbès et d'Ahmed Ouyahia depuis déjà quelques semaines. La prochaine élection présidentielle est, de l'avis du même groupe, «une garantie de la continuité des réalisations politiques, économiques, sociales et culturelles». Par souci de «responsabilité» et dans l'objectif d'éclairer la vision, les Indépendants ont rendu public hier un communiqué dans lequel ils apportent, avec des phrases qui ne souffrent d'aucune ambiguïté, leur soutien à la réélection du Président Bouteflika. Les indépendants, qui disent «placer l'intérêt suprême du pays au-dessus de toutes autres considérations», appellent en effet le peuple algérien «à protéger ses réalisations historiques, politiques et économiques, à poursuivre les réformes et le processus de construction et de développement et à s'attacher à ce qui a été concrétisé pour l'Algérie comme réalisations sur tous les plans». Pour eux, notre pays vit aujourd'hui un contexte «difficile» empreint de «dangers» sur nos frontières et de montée de ce qu'ils qualifient de «manœuvres politiciennes porteuses de fitna et de menaces directes sur l'unité nationale». Une pique visant certainement les initiatives proposées sur la scène politique, entre consensus de Makri et appel des quatorze personnalités regroupées au sein de «Mouwatana». Et si dans le passé, «l'Algérie a pu surmonter des défis difficiles, dont le terrorisme qu'elle a vaincu grâce aux combat et sacrifice de ses enfants», les dangers auxquels elle fait face aujourd'hui suggèrent de la prudence. Les Indépendants appellent le peuple à être plus que jamais vigilant, à s'attacher à l'unité nationale et à la protection continue des principes de la République démocratique, populaire et sociale, lit-on dans le communiqué. Bien qu'à aucun moment dans le document signé par Lamine Osmani, chef du groupe parlementaire des Indépendants à l'Assemblée populaire nationale (APN), on ne cite le nom du président Abdelaziz Bouteflika, il est clair que les 28 députés prennent le train déjà en marche lancé par Ould Abbès et Ouyahia. En se prononçant pour «la continuité du processus de développement», ils ne trompent plus personne sur leur choix, eux qui ont souvent voté avec la majorité parlementaire les principales lois adoptées à l'APN. Le groupe des Indépendants qui renferme d'anciens opposants, à l'image de Nordine Aït Hamouda, ex-député du RCD, ne s'arrête pas au stade du soutien. Il va jusqu'à s'inviter dans la polémique de l'heure, et sur ce plan, il fait tomber le masque. Invitant la classe politique «à élever les débats à la hauteur des enjeux et des développements» que connaît l'Algérie, ces députés appellent «à ne pas impliquer l'ANP dans le débat politique» et à mettre en valeur son «rôle constitutionnel» en reconnaissant ses «sacrifices» pour la défense de la nation. Ici, la réponse est adressée à Abderrezak Makri, président du MSP, qui, dans son initiative de consensus national, a sollicité l'armée afin d'«accompagner» le processus de transition. A huit mois de la présidentielle, les députés indépendants, avec le soutien populaire dont ils avaient bénéficié lors des élections législatives, peuvent constituer un «appui» de plus dans la pré-campagne pour un autre mandat de l'actuel chef de l'Etat.