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Culture: On jette l'argent puis on se plaint
Publié dans Le Temps d'Algérie le 15 - 12 - 2018

Le secteur culturel en Algérie souffre du manque d'argent octroyé par l'Etat d'un côté, mais de l'autre on voit comment on le jette en organisant des galas qui ne servent à rien, mais surtout par le lancement de projets qui n'aboutissent jamais.
Le ministre de la culture qui n'est pas responsable du tout petit budget octroyé à son secteur en Algérie a déclaré récemment que la situation financière que connaît l'Algérie était à l'origine des retards accusés dans plusieurs projets de restauration et de conservation du patrimoine culturel dans plusieurs wilayas. C'est vrai que le budget octroyé à la culture est très faible, mais le problème de gestion est nettement plus grave. L'actuel ministre Azeddine Mihoubi, dès son arrivée, a bien fait de limiter l'organisation exagérée de certains festivals en réduisant leur périodicité ainsi que les invitations de stars étrangers payés à coup de milliards, mais le problème persiste car on n'arrive toujours pas à investir dans la formation et le recrutement des hommes qu'il faut. Pour ce qui est du patrimoine archéologique, le ministre s'est plaint du manque de finances mais a mis en retraite l'éminent anthropologue Slimane Hachi qui a réalisé un travail exceptionnel pour la sauvegarde du patrimoine en tant que directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH). C'est à cause des départs de telles personnes que le domaine culturel et artistique souffre en Algérie.
Les musées toujours vides
Au gouvernement comme dans les wilayas ou les communes, la culture et l'art doivent être gérés par des hommes ayant un lien avec ce domaine ou qui aiment l'art. Il ne suffit pas de construire des théâtres, des salles de cinéma, des bibliothèques ou des musées pour croire qu'on va développer le secteur culturel. L'histoire nous a prouvé que l'important n'est pas d'investir dans les infrastructures mais dans la formation des gestionnaires car si ces derniers n'ont pas le niveau requis on continuera à faire du sur place. A ce jour, on n'a pas trouvé la solution pour convaincre les algériens à visiter les musées. Au lieu de former des conservateurs, on installe des anthropologues à la tête des musées. C'est vrai que l'anthropologue connaît le domaine, mais on préfère le voir dans le domaine de la recherche au lieu de se cloîtrer dans le bureau d'un musée alors qu'il n'a même pas les moyens de recruter des guides et des gardiens ni encore à acheter des œuvres à exposer. Les ministres qui se sont succédé ces dernières décennies se sont ils demandé combien de théâtre ont été construits depuis l'indépendance et qui sont totalement abandonnés ?
Des infrastructures abandonnées
A Alger seulement le constat est amer. Vu le nombre trop réduit d'activités artistiques organisées au théâtre de verdure Laadi Flici, on se demande si cette infrastructure a été réalisée pour consolider seulement les fondations de l'hôtel Aurassi ou pour les galas et conférences.
Il est rappeler que cette grande infrastructure est dotée non seulement du théâtre de verdure mais aussi de salles de spectacles et de conférences et d'autres qui peuvent servir d'ateliers.
A Bouzareah, un autre théâtre de verdure avait été construit dans les années 1970 par un maire qui encourageait la pratique artistique mais depuis son inauguration, ce théâtre avec gradins pouvant accueillir 600 spectateurs et des annexes, notamment des loges et des salles de répétitions ainsi que des boutiques l'entourant n'a jamais servi si ce n'est qu'une fois à l'occasion d'une fête de l'enfance. Ce théâtre transformé en bidonville pendant des décennies est à ce jour abandonné sans que personne ne réagisse.
Où sont les cerveaux?
Un autre théâtre de verdure se trouvant au niveau de la clairière de la cité Sellier à Hydra n' a également jamais servi alors que les écoles primaires peuvent y organiser des animations pour les enfants. Le chanteur Ammou Yazid et les animateurs pour enfants devraient y penser. Un autre théâtre avait été construit à Châteauneuf, près du ministère des moudjahidine mais personne ne l'avait remarqué et n'a jamais été utilisé.
Tout ces infrastructures et bien d'autres sans compter le problème des salles de cinéma ont été réalisées et abandonnées car on n'a pensé à la structure en béton sans investir dans les cerveaux. Au fait, où sont passés nos cerveaux ?


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