Le prix Nobel de la paix 2013 a été attribué hier à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui supervise actuellement la destruction de l'arsenal chimique syrien. Le choix du comité Nobel, a souligné son président Thorbjörn Jagland, est un moyen d'inviter les détenteurs de gros stocks d'armes chimiques tels que les Etats-Unis et la Russie à les détruire, «en particulier quand ils demandent à d'autres, comme la Syrie, de le faire». «Nous avons maintenant l'occasion de nous débarrasser de toutes les catégories d'armes de destruction massive (...) Y parvenir serait un grand événement historique», a-t-il ajouté. L'OIAC, dont le siège est à La Haye, a été fondée en 1997 avec pour mission d'éliminer tous les arsenaux chimiques de la planète. Elle emploie un demi-millier de personnes et dispose d'un budget annuel inférieur à 100 millions de dollars. «Je suis certain que cela va encourager nos équipes afin qu'elles démontrent plus encore ce qu'elles peuvent faire pour la paix et la sécurité mondiales», a réagi son directeur général, Ahmet Uzumcu, à la télévision norvégienne NRK. Le prix Nobel de la paix, qui est doté de 10 millions de couronnes suédoises (environ un million d'euros), sera remis à Oslo le 10 décembre, jour de l'anniversaire de l'industriel suédois Alfred Nobel, inventeur de la dynamite devenu pacifiste. L'OIAC, qui compte 189 Etats membres, assure que la Syrie coopère au démantèlement de son arsenal, qui pourrait être achevé à la mi-2014. Ses inspecteurs avaient été pris pour cible le 26 août près de Damas. Vingt-sept d'entre eux sont aujourd'hui à pied d'œuvre en Syrie dans des conditions inédites. «Par essence, nous œuvrons pour la paix. Et pas simplement pour la paix, mais aussi pour le renforcement des normes humanitaires», a déclaré à Reuters Malik Ellahi, conseiller politique auprès du directeur général de l'OIAC. Les armes chimiques, largement employées sur les champs de bataille lors de la Première Guerre mondiale, il y a un siècle, sont «une horreur», a-t-il ajouté. «Il ne faut jamais les employer, et cela contribue non seulement à la paix mais aussi au renforcement de notre humanité», a-t-il insisté. Après cette attribution, les experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont quitté hier leur hôtel à Damas. Les inspecteurs, accompagnés de collègues de l'ONU, ont pris place à bord de six voitures pour une destination inconnue, leur travail étant entouré d'une grande discrétion depuis leur arrivée dans le pays le 1er octobre. Chargée de superviser la destruction de l'arsenal syrien conformément à une résolution historique de l'ONU, votée afin de prévenir toute intervention militaire dans le pays en guerre, l'OIAC se retrouve depuis quelques mois au cœur de l'actualité et des enjeux diplomatiques mondiaux.