Plus de 300 artistes et intellectuels se sont rassemblés lundi, en fin de journée devant le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi pour débattre et discuter de ce qui se passe actuellement sur la scène nationale. Suite au mouvement populaire qui touche le pays depuis le 22 février dernier, près de 300 artistes se sont réunis lundi après-midi devant la salle Mahieddine-Bachtarzi à Alger. «C'est le deuxième rassemblement que nous organisons dans cet endroit, et aujourd'hui, il y a beaucoup plus de monde que le premier», a déclaré l'actrice Adila Bendimerad, une des initiatrices et modératrice de ce rassemblement. «Nous voulons, en tant qu' artistes et intellectuels, reprendre notre espace de débat et de liberté qui nous a été longtemps confisqué», a elle dit. La rencontre a été très riche de par le grand nombre d'interventions des artistes, intellectuels, et même simples citoyens de passage sur les lieux. Les différentes interventions ont convergé sur quelques points nécessaires, notamment la nécessité aux artistes et intellectuels d'assumer un rôle important, de premier plan, dans cette révolte populaire, de l'accompagner sur tous les fronts. «Le peuple a fait son devoir de se soulever en masse, de crier haut et fort ses revendications. Maintenant, c'est à l'élite qu'échoit le rôle d'écouter et d'accompagner les revendications du peuple algérien». Le rôle de l'élite Cet engagement ne doit pas s'arrêter, et se projette dans l'Algérie de demain. Pour ce faire, les artistes et intellectuels ont insisté sur le fait impératif de s'organiser et de se structurer pour mieux faire entendre leurs voix. Selon les intervenants, au stade où nous sommes aujourd'hui, le rôle de l'élite est déterminant pour la suite des évènements. Pour les artistes, chacun de son côté avec sa discipline artistique, sa création et son œuvre, doivent mettre en évidence ces revendications populaires de changement. Ce besoin de création d'une deuxième République, celle «des droits et des devoirs», a lancé l'homme de théâtre, Habib Boukhelifa. Pour Youcef Tahar, ancien journaliste à la Chaîne III, le génie populaire, et dans ce créneau, le peuple algérien a donné une bonne leçon pour ceux qui doutent de sa maturité. L'intervenant appelle à ce que le mouvement soit structuré même au-delà de la capitale, de sorte à ce qu'il y ait des comités de vigilance. Des messages de paix Les protestants, selon toujours le même intervenant, doivent mettre, au-dessus de toutes les revendications, celle voulue par nos valeureux chouhada notamment la création d'un Etat de droit, dans une République démocratique et sociale. De son côté, le cinéaste Larbi Lekhel a rappelé l'anarchie qui règne dans le domaine artistique, et appelle à une organisation fiable pour ne pas laisser le vide, et de porter dignement la voix du peuple. Il suggère également de perpétuer ce genre de rassemblements publics de débats corporatistes, et donner l'exemple aux autres corporations afin de faire de même. Pour sa part, Djalal Mokrani, militant associatif, se félicite de cette rencontre de débat public, inimaginable il y a seulement quelques semaines. Celui-ci interpelle les artistes à jouer un rôle important dans ce qui se passe actuellement. «Le chemin vers la 2e République est encore loin. Maintenant que le mur de la peur est tombé, il faut que les artistes investissent le terrain pour diffuser des messages de paix et d'espoir», a-t-il dit.