Un accrochage violent entre les protestataires et des gardiens de la Centrale syndicale a éclaté hier devant le siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Comme chaque samedi, une dizaine de syndicalistes s'étaient rassemblés devant le siège de l'UGTA pour scander le départ de son patron, Abdelmadjid Sidi Saïd. Contestant la gestion de Sidi Saïd et ses collaborateurs, les syndicalistes se sont heurtés à des portes fermées, cadenassées et gardées par des partisans de Sidi Saïd qui leur ont interdit l'accès à la grande esplanade de la Centrale syndicale. Il s'agit, selon les présents, des mêmes gardiens qui surveillent les lieux depuis le début des manifestations le 22 février dernier. Face à ce rejet, les syndicalistes ont crié leur ras-le-bol du ralliement inconditionnel de leur direction à toutes les politiques du pouvoir. Après quelques heures de protestation pacifique, un accrochage a éclaté entre les gardiens de la Centrale et les manifestants. En effet, ce rassemblement a pris d'autres proportions, lorsqu'un travailleur de la Centrale a fait face aux protestataires. A ce moment précis, une dispute verbale a éclaté, faisant place à un accrochage avec armes blanches. Face à une grande panique, les agents de police ont essayé de gérer la situation en dispersant la foule en colère. Dans ce sens, les manifestants qui semblent déterminés à faire entendre leur revendications ont pointé du doigt Sidi Saïd en e traitant de fourbe. «Les méthodes utilisées par le patron de l'UGTA n'arriveront pas à nous détourner de notre mission», a assuré l'un des manifestants. ” Système dégage ! Sidi Saïd dégage !». Des slogans hostiles ont été scandés de part et d'autre pour réclamer le changement du système actuel. Aux cris de «Libérez l'UGTA !», les travailleurs ont manifesté pour un syndicat libre et démocratique. Les manifestants ont aussi traité leur représentant de traître et de voleur. Les postures contradictoires du chef de l'UGTA ont créé de gros malaises dans les rangs des syndicalistes qui ne reconnaissent plus les directives de leur leader. En effet, le soutien affiché par la Centrale syndicale au 5e mandat puis son approbation au prolongement du 4e mandat, et enfin son ralliement à la proposition du chef d'état-major de faire appliquer l'article 102 a porté le coup de grâce à la direction de l'UGTA et lui a fait perdre toute possible crédibilité. Il y a lieu de rappeler que l'UGTA a apporté mercredi dernier son soutien à la déclaration du général Gaid Salah en faveur de l'application de l'article 102 de la Constitution. Dans un communiqué de Sidi Saïd, l'UGTA rappelle que «le changement est devenu nécessaire, comme il est évident qu'il doit se construire à travers un dialogue empreint de sagesse, permettant de faire émerger l'édification d'une nouvelle République, avec les aspirations de notre peuple et de sa jeunesse, d'asseoir sereinement l'avenir et de préserver notre pays, l'Algérie».