Même si aujourd'hui, on organise des concerts avec les plus grands chanteurs, l'ambiance du Ramadhan n'est plus celle d'autrefois car la musique était partout, notamment dans les cafés et les salons de coiffure. Jusqu'aux années 1970, les soirées de Ramadhan se passaient en musique dans tous les quartiers de toutes les villes d'Algérie. Des soirées étaient organisées au niveau des mosquées, des mausolées, des zaouias, des cafés et des salons de coiffure qui étaient souvent gérés par des artistes. Si au niveau des mosquées et des zaouias, on optait pour les qacaïd (chants religieux), les cafés, les salons de coiffure et les salles ont toujours accueilli des chanteurs et des musiciens pour animer les soirées. Le café des sports Au début du siècle dernier, au moment où on passait des soirées en écoutant les chants religieux à Sidi Abderrahmane à Alger, certains cafés de la capitale étaient animés par de grands chanteurs notamment de Moghrabi dont l'appellation deviendra Chaâbi sur décision d'El Boudali Safir qui était directeur du département arabe de la radio. En 1930, alors qu'elle n'avait que 16 ans, Fadhila Dziria avait chanté en kabyle et en arabe au café des sports qui appartenait à Hadj Omar. Ce café célèbre se trouvant derrière la mosquée Ketchaoua et qui est fermé depuis longtemps avait accueilli de très grands artistes tels que Hadj M'rizek, Hadj M'naouer et même des chanteurs tunisiens. Des chanteurs comme M' khilef Bouchaâra, Saci, El- Anka et Hadj M' naouer ont aussi fait les beaux jours de T'bernet Ellouh qui se trouvait près de Hebs El Qtett, au niveau de l'amirauté d'Alger. La pianiste juive Titine El âmia (elle était aveugle) était également une habituée de Tbernett Ellouh. Lili Labassi, le père de Robert Castel, qui possédait un café dit Tbernet El Abassi à la rue Vialar, animait lui-même les soirées de Ramadhan et se faisait parfois remplacer par d'autres chanteurs notamment des juifs tels que Lili Boniche. Ce dernier qui était parmi les meilleurs chanteurs de hawzi et de moderne et chantait également dans d'autres cafés comme Tbernet Essaci à la rue de la lyre où se produisaient aussi Saci, M' khilef Bouchaâra et le chanteur de Chaâbi Derar. Qhiwdji, le demi-frère de Hadj M' rizek et du comédien Rouiched, qui a aidé beaucoup de chanteurs à leurs débuts, notamment El Anka et Hadj M' naouer, participait aux soirées données au café Malakoff qui accueillait également Cheikh Said Laouer et Mekaouni. Les soirées blidéennes Comme Alger, Blida a aussi été de touttemps une ville animée pendant le Ramadhan. Au Nadi (Le cercle) qui se trouvait près de la célèbre Place Ettout, le grand maître de l'andalou Mahmoud ould Sidi Said dit Qelb Eddelaâ (pour sa beauté), animait les soirées musicales de ce cercle aux côtés de Djelloul El Meddah et Mohamed Oulid El Mehdi. Qelb Eddelaâ a été le plus grand maître du violon de son temps. Il restera parmi les plus grands virtuoses du violon. Plus tard, c'était les grands chanteurs Dahmane Ben Achour et Hadj Mahfoudh (le mari de l'artiste peintre Baya) qui étaient invités pour animer les soirées ramadhanesques du café de Mahieddine dit Salhi. Au même moment des Meddahine chantaient à Qahouet El Ghar. El Kourd et Larbi Bensari ont chanté à Médéa A Médéa, le café de Berramoul ne désemplissait jamais et l'ambiance était à la fête surtout lorsque des chanteurs telsque Cheikh Larbi Bensari et son fils Redhouane qui venait de Tlemcen étaient à l'affiche. Mohamed El Kourd, Dris El Achouri et Cheikh M' hammed El Qolli étaient aussi des habitués de Blasset El Djininar (place du général) où se trouve actuellement la maison de l' Emir Abdelkader, récemment transformée en musée. Avant 1935, la grande chanteuse tunisienne Habiba Massika a également eu l'occasion de séduire le public de Médéa. Il faut noter qu'au même moment, des qessadine se rencontraient dans les mosquées et les zaouias pour lire le Coran et chanter des poèmes religieux. Les adeptes de la confrérie Aissaoua dont le créateur est enterré à Ouzera près de Médéa se regroupaient pour chanter et donner des spectacles d'illusionnisme et de fakirisme. Certains veulent perpétuer la tradition Chaque année, le Ramadhan est le bienvenu et l'occasion est donnée pour les chanteurs professionnels et amateurs de se produire. Dans les années 1970, Hadj M' hammed El Anka animait lui-même le café de la JSEB à El Biar. D'autres chanteurs animaient les clubs sportifs. Les coiffeurs dont la plupart sont des amateurs de musique invitaient pour leur part leurs amis à passer des soirées musicales dans leurs salons. L'animation artistique a beaucoup diminué ces dernières décennies au niveau des cafés, mais certains nostalgiques tiennent aux bonnes habitudes en organisant des soirées dans de petits locaux et garages.