Cette mobilisation populaire intervient au lendemain de la nouvelle offre de dialogue, lancée par le chef de l'Etat major de l'armée nationale, Ahmed Gaid Salah, ainsi que le décès tragique du militant, Kameleddine Fekhar, après 54 jours de grève de faim pour protester contre la sa détention provisoire, à la prison de Ghardaia. 15e vendredi de manifestation en Algérie, contre le pouvoir en place et pour l'avènement d'un Etat civil et de liberté, ne faiblit pas d'un cran. Une très forte mobilisation citoyenne a été enregistrée dans différentes wilayas du pays, notamment dans la capitale, où la foule devenait de plus en plus compacte après la prière du vendredi. Cette mobilisation populaire intervient au lendemain de la nouvelle offre de dialogue, lancée par le chef de l'Etat major de l'armée nationale, Ahmed Gaid Salah, ainsi que le décès tragique du militant, Kameleddine Fekhar, après 54 jours de grève de faim, pour protester contre sa détention provisoire à la prison de Ghardaia. En dépit de l'imposant dispositif sécuritaire, mis en place depuis les premières heures de la matinée d'hier, au niveau de la Grande Poste, la rue Didouche Mourad et place 1er mai, et des barrages filtrants aux entrées de la capitale, les Algériens sont restés fidèles à leur engagement et dévouement à leur cause commune, à savoir faire dégager le système en place, et mettre en place les jalons d'un état civil. La détermination des Algériens à aller jusqu'au bout de leur engagement, et à maintenir la pression sur ce régime, s'accentue davantage face à l'obstination du pouvoir d'ignorer leurs exigences, et maintenir son plan de sortie de crise politique. A l'offre de Gaid Saleh d'aller vers un dialogue «serein» et «franc», souhaitant l'implication concrète des personnes ayant de «bonnes intentions» dans cette démarche, les manifestants à Alger ont dit NON. Ils refusent de dialoguer, avant le départ de tous les symboles du régime. «Pas de dialogue avec les deux «B» (le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensaleh, et le premier ministre, Nourredine Bédoui, symbolisant les relais du système Bouteflika)». Les centaines de milliers de manifestants ayant envahi toutes les rues principales du centre de la capitale, jusqu'à la place des Martyrs, ont été unanimes: «pas de négociations avec la 3issaba (la bande)». A la place des martyrs, les milliers de manifestants ayant battu le pavé, malgré le jeûne et la chaleur, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. «Non aux élections de Bedoui et Bensalah», «Oui pour une transition démocratique gérée par le peuple». «Oui à l'instauration d'une véritable démocratie», et contre «l'entêtement du régime d'imposer la fraude électorale pour se maintenir au pouvoir». «Non à un Etat militaire, oui pour un Etat civil», pouvait-on lire sur une pancarte. Ils réclament, notamment, «l'application des articles 7 et 8 de la Constitution», en demandant au pouvoir de «restituer le pouvoir au peuple» à travers «une période de transition démocratique». Gaid Salah est de nouveau pris pour cible par les manifestants, pour ce 15e vendredi de contestation. «Gaid Salah dégage !», «le peuple veut exercer sa souveraineté. Non au parrainage de l'armée», pouvait-on lire sur certaines pancartes. D'autres manifestants ont scandé: «khawa khawa, zkara f dawla», «Djeiche chaab, khawa khawa, Gaïd Salah maa el khawana» (Armée, peuple, frères, frères, Gaïd Salah avec les traîtres). Vibrant hommage à Fekhar Les manifestants ont rendu un vibrant hommage à Kameleddine Fekhar, à Alger. Rassemblés en plusieurs centaines de personnes, à côté de la grande poste, les manifestants ont tenu une minute de silence à la mémoire du défunt. Des banderoles et des pancartes réclamant vérité sur sa mort, ont été brandies par les manifestants, en scandant des slogans hostiles aux responsables de son décès, et à sa gloire pour le combat qu'il a mené pour la défense des droits de l'homme jusqu'à son dernier souffle. «Qu'elle honte ! l'Etat a tué Fekhar !», scandés un groupe de femmes au milieu de rue. Les manifestants réclament à ce que toute la justice soit faite dans ce dossier. «Nous n'allons pas nous taire, jusqu'à ce que les commanditaires de cet assassinat soient connus», a indiqué un jeune manifestant. Le frère de la victime a demandé «de pénaliser les responsables en justice qui ont condamné son frère, ainsi que le wali», qu'il accuse d'être derrière ce qui est arrivé a Kamel Eddine. Les enfants de Nabil Asfirane, décédé le 24 mai dernier des suites d'un arrêt cardiaque, vendredi dernier, ont participé à la marche de ce 15e vendredi.