Frontalière de la Turquie, Kobané, troisième ville kurde de Syrie, est actuellement assiégée par les terroristes de l'organisation autoproclamée Etat islamique. L'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan De Mistura, a appelé hier la Turquie à laisser les volontaires kurdes syriens retraverser leur frontière pour porter secours à la ville de Kobané, attaquée par des terroristes. «Nous appelons les autorités turques à autoriser le flot de volontaires à entrer dans la ville pour soutenir son action d'autodéfense», a dit l'envoyé spécial dans une conférence de presse à Genève, alors que la Turquie interdit pour l'instant aux réfugiés ayant traversé la frontière en venant de Syrie de la retraverser dans l'autre sens. M. De Mistura, photo satellite à l'appui, a expliqué que 10 000 à 13 000 habitants se trouvent dans la zone frontière - entre la Turquie et la Syrie - et beaucoup sont encore à l'intérieur de la ville. «Puisque Kobané va probablement tomber si elle n'est pas aidée, permettez à ceux qui veulent y aller de se joindre à l'autodéfense, avec un équipement suffisant, car l'équipement peut faire beaucoup de choses», a précisé M. De Mistura à l'intention de la Turquie. «Ce n'est pas par des résolutions de l'ONU que l'EI s'arrêtera», a-t-il poursuivi. «Notre appel à la Turquie vise à ce qu'elle prenne des mesures supplémentaires pour stopper l'avance de l'EI, sinon nous tous, y compris la Turquie, le regretterons», a-t-il lancé. «La Turquie est un grand pays qui se trouve sous une énorme pression du fait de la crise syrienne, ils ont été très généreux et très actifs», a-t-il poursuivi. «Notre appel est basé sur le principe selon lequel l'ONU, après Srebrenica, ne renoncera jamais sur le front des droits de l'Homme», a souligné l'émissaire spécial, en avertissant que «si la ville tombait, près de 400 km des 900 km de frontière entre la Turquie et la Syrie passeraient sous le contrôle du groupe EI ; d'autres villages et même Alep pourront se retrouver sous les attaques de l'EI», a-t-il prévenu. Dans la ville de Kobané qui comptait 400 000 habitants avant l'offensive, il y a encore 500 à 700 civils, pour la plupart des personnes âgées, a précisé Staffan De Mistura. Evoquant sa mission, qui est de faciliter un règlement politique au conflit syrien qui dure depuis plus de trois ans et demi, il a dit ne pas chercher à ce stade à organiser une grande réunion de paix mais plutôt à saisir toute opportunité pour réduire la souffrance du peuple et faciliter l'accès aux aides humanitaires pour les Syriens. «Il se dit prêt pour cela à parler avec tout le monde. Je ne peux pas vous dire combien de personnes ma mère ne serait pas fière de savoir que je leur ai serré la main», a affirmé l'émissaire de l'ONU.