Dans une émission télévisée des années 1980, Hachemi Guerrouabi à qui on a demandé son avis sur le chanteur Hadj M'rizek avait tout simplement répondu qu' «à part ses qualités artistiques, il était un homme». En effet, Hadj M'rizek était connu pour son humilité et sa sagesse. Chanteur et amateur de football et de natation, il lui est souvent arrivé de donner une partie des recettes de ses concerts au club du Mouloudia d'Alger qu'il aimait tant. D'ailleurs, en 1937, il en est devenu le vice-président. Il fut également désigné comme président de la section natation du même club et vice-président de la ligue d'Alger de natation. Nationaliste et grand supporter du Mouloudia Affichant son amour à ce légendaire club musulman, il chantera en 1951 Yalli theb telâab sport, charek fel Mouloudia dont le texte est écrit par le parolier blidéen Boualem H'sabet. Né en 1912 à La Casbah d'Alger, Hadj M'rizek (son vrai nom Cherif Chaieb) suivra comme les petits Casbadjis les cours de l'école Sarouy jusqu' à l'obtention du certificat d'études primaires. Vivant dans une famille douée pour l'art, il ne pouvait que suivre la voie de son demi-frère Qhiwdji, l'un des plus grands chanteurs de moghrabi de l'époque. Il faut noter que l'appellation moghrabi sera changée au début des années 1940 avec la création de la radio. C'est Boudali Safir, alors directeur de la section arabe de la radio, qui a décidé de changer l'appellation par chaâbi. Hadj M'rizek qui allait souvent au cercle du Mouloudia où siégeait l'association El Mossilia saisira l'occasion d'apprendre les bases de la musique andalouse auprès d'Ahmed Sebti dit Ahmed Chitane, ce qui l'aidera beaucoup à chanter le hawzi. C'est également dans ce local de la place Mahon qu'il rencontrera Mustapha Kechkoul et Omar Hibbi, le premier étant un connaisseur de la musique andalouse et discothécaire de la radio et le second, un grand soliste ayant formé de grands musiciens tels que le maître du piano et de la kouitra Mohamed Behhar. Un charme particulier Hadj M'rizek aura donc comme maître son demi-frère Qhiwdji, avant d'intégrer d'autres orchestres en tant que joueur de tar (tambourin) notamment celui de Hadj M' hammed El Anka. Le chanteur dont la voix ressemble beaucoup à celle son frère Qhiwdji et celle de cheikh Nador sera classé parmi les meilleurs chanteurs de chaâbi aux côtés de Hadj M'nouer, El Anka, Khelifa Belkacem, H'sicène et Mohamed Marokène. Atteint d'asthme, Hadj M'rizek sera obligé de couper le souffle tout en continuant de chanter, ce qui lui donnera un charme particulier. Au début des années 1940, tout comme El Anka, il profitera des conseils de cheikh Benzekri, professeur au lycée franco-musulman de Ben Aknoun (Amara Rachid), qui l'aurait poussé à se spécialiser dans le hawzi. Il faut noter que cheikh Benzekri a été derrière la formation politique et nationaliste de tous les élèves du lycée Amara Rachid appelés «les medersiens». Hadj M'rizek était souvent appelé à animer les fêtes de mariage dans tous l'Algérois, à Blida, à Koléa et à Cherchell. Hadj M'Rizek, qui était également le demi-frère du grand comédien Rouiched, est décédé le 12 février 1955. Il est enterré au cimetière d'El Kettar à Alger.