Depuis sa libéralisation et son ouverture au privé à partir des années 1990, le secteur des transports a connu un saut considérable qui n'est cependant pas exempt de nombreux manques. Le manque de préparation, l'urgence et la précipitation dans la réforme de ce secteur stratégique, dictés sans doute par les exigences du moment, ont donné lieu à de nombreux dysfonctionnements qui font qu'aujourd'hui ce secteur, véritable levier de développement, est marqué par la quantité sans la qualité. C'est pourquoi il est impératif à ce qu'une nouvelle dynamique soit mise en place et que les choses soient prises en main. La situation difficile dans laquelle s'est enlisé le pays durant ces dernières décennies a donné un sérieux coup à ce secteur, notamment le transport ferroviaire, ce qui a généré un repli considérable sur le transport terrestre qui, à son tour, a enregistré une demande sans cesse croissante. De cette pression sur le transport routier sont nés d'autres problèmes qui ne sont pas des moindres. Citons, entre autres, le nombre effarant des accidents de la circulation ou ce qu'on appelle le «terrorisme routier», la dégradation du réseau routier et bien d'autres phénomènes négatifs qui ne sont que les résultats de la politique menée jusque-là. Un autre facteur est venu, ces toutes dernières années, donner le coup de grâce à ce secteur : l'incroyable multiplication du parc automobile. Conscients de la gravité de la situation, les pouvoirs publics ont repensé le secteur et engagé des programmes qui ont donné une certaine priorité au transport ferroviaire, segment qui a eu la part du lion dans ces programmes. Bien qu'il soit extrêmement coûteux, il règle de nombreux problèmes dont celui lié à l'environnement. Il constitue, en effet, un véritable levier de développement et de désenclavement urbains. Tizi Ouzou est une région qui dispose de plusieurs atouts économiques. Bien qu'elle ait ses spécificités propres, ce constat semble avoir interpellé les autorités qui l'ont intégré dans les programmes de développement du secteur des transports. Une nouvelle politique de gestion Pour en savoir plus, nous avons approché le directeur de wilaya des transports, Kamel Rezig, qui a bien voulu nous éclairer sur les différents projets engagés et ceux à venir. D'emblée, il précisera que «le transport est une science» et ajoutera que «lorsqu'on parle des transports, il ne s'agit pas de la gestion d'un taxi ou d'un fourgon. On a réduit la définition à sa simple expression alors qu'il est un levier de développement économique». Arrivé en décembre 2006 à Tizi Ouzou, M. Rezig a hérité d'une situation qui nécessite une profonde réforme. D'où la mise en place d'un plan d'action annuel pour améliorer les performances du secteur. A ce propos, citons d'abord la reprise des travaux du rail Tizi Ouzou - Oued Aïssi qui avancent considérablement. Le projet en question sera réceptionné d'ici à la fin de l'année en cours. Dans cette perspective, la gare ferroviaire a été transformée en gare multimodale qui va englober le rail, le routier et le téléphérique. L'enveloppe financière globale allouée à ce projet est de l'ordre de 13 milliards de dinars pour un tronçon long de 14 km, allant de Tizi-ville à Oued Aïssi via Kaf Naâdja avec une halte universitaire à Rehahlia. Cette ligne disposera d'une plateforme logistique (parc) d'une contenance de 20 000 conteneurs. Dans ce prolongement, le directeur des transports nous informera que sa direction a inscrit une opération de modernisation de la voie ferrée Thénia - Tizi Ouzou et le projet a été confié depuis janvier dernier à un groupement d'entreprises algéro-turco-espagnols sur une distance de 50 km. La partie algérienne est représentée par l'ETRHB. A l'heure actuelle, ce groupement procède à l'installation des chantiers. Cette liaison qui sera achevée dans un délai de trente mois permettra de joindre la capitale en 1heure et 15 minutes avec des arrêts dans sept gares. Un autre projet tout aussi important est en cours. Il s'agit du lancement d'une étude pour le prolongement de liaison jusqu'à Azazga en passant par Tamda et ce, à l'horizon 2012. Pour le moment, comme nous l'a appris M. Rezig, l'heure est à la sécurisation de la voie existante en attendant la réception de la nouvelle voie. Dans l'intervalle, c'est l'ancien tracé qui sera utilisé même à vitesse réduite car il s'agit à tout prix de relancer les liaisons ferroviaires. D'ailleurs, nous croyons savoir que le problème qui se pose au niveau de la localité de Draâ Ben Khedda où un marché est érigé sur la voie ferrée sera réglé dans les tout prochains jours par la délocalisation. Le tracé Tizi Ouzou - Oued Aïssi est d'une importance capitale pour la région. Il permettra non seulement d'atténuer la pression sur la route mais surtout de relancer la zone industrielle de Oued Aïssi, notamment par le transport de carburants. Il est aussi question de mettre en service un train universitaire vers Tamda où se construit un géant pôle universitaire.
Une entreprise publique de transport des voyageurs Venir à bout de l'anarchie qui caractérise le transport urbain est comparable à l'accomplissement de l'un des douze travaux d'Hercule. Les petits fourgons, dont un grand nombre sont des clandestins, sèment l'anarchie totale dans les villes car bon nombre d'entre eux ne respectent même pas les itinéraires. Dans la perspective de réguler cette activité, la direction des transports de la wilaya fournit depuis quelques semaines une prestation de transport de masse, à l'instar de treize autres villes du pays, en lançant une entreprise (Epic) forte d'une flotte composée de trente bus. Chaque équipement (bus) a coûté 35 millions de dinars. «Cette prestation a été étudiée par deux bureaux, un bureau d'études algérien et un autre belge, et elle a été approuvée par l'APC», a indiqué M. Rezig. Elle est composée de six lignes et d'un service public avéré de 6h à 19 h assuré par un personnel formé et testé avec un équipement uniforme obligatoire. Le service est assuré tous les jours y compris les week-ends et les jours fériés. Ce nouveau mode de transport de masse permettra de gagner en matière de prestation, de sécurité, de régularité ainsi que de varier l'espace. Cette même entreprise aura à assurer un ramassage à partir des stations intermédiaires, entre autres, celles de la région nord comme Tigzirt, Béni Douala et Oued Fali. Avec l'ouverture de ces stations qui interviendra prochainement, il est question d'instaurer un système de rotation horaire pour tout opérateur et ainsi éviter la stagnation des véhicules. Mais, d'ores et déjà, tout le monde se pose la question sur les incidences de coût qui interviendront avec l'ouverture de ces stations intermédiaires implantées loin de la ville. Questionné à ce propos, le directeur des transports a indiqué que des solutions existent. Il y aura soit des compensations qui seront prises en charge par la collectivité ou la mise en place d'abonnements forfaitaires en ciblant les passagers. En plus des stations intermédiaires, Tizi Ouzou sera dotée de trois parkings à étages : un à proximité du boulevard Stiti et les deux autres à proximité du stade du 1er Novembre et à la sortie est. Au sujet des petits fourgons, notre interlocuteur dira qu'ils sont là et qu'ils restent. Seulement, la direction va remettre de l'ordre en reprenant les stations, les itinéraires et les prestations.
Tizi Ouzou aura son téléphérique Dans la panoplie de projets engagés, citons aussi celui du transport par câble (téléphérique). Pour le cas de cette wilaya dont le projet a été confié à un groupement d'entreprises Transub-techno-rail (Algérie), Transub-Belgique (Belgique) et Eric (France), il s'agit d'un transport urbain par câble. Le groupement en question a en charge l'étude de la faisabilité technique qui va se terminer par un dossier d'exécution. Ayant été lancée le 4 février dernier, cette étude sera achevée dans un délai de huit mois. Jusqu'à aujourd'hui, le projet est toujours dans sa première phase. Le tracé ira de la gare de Kaf Naâdja, avec des stations intermédiaires à la Nouvelle ville, au stade, au siège de la wilaya, à l'hôpital Belloua et la station d'arrivée au mausolée de Sidi Belloua. Le choix du tracé est fondé sur le couloir le plus facile tout en tenant compte de l'important flux de déplacement. La gare de Kaf Naâdja est conçue pour recevoir 60 000 voyageurs/jour alors que la Nouvelle ville abrite 55% de la population de Tizi Ouzou.Ainsi donc, ces stations seront construites en fonction de raisons objectives. Le coût global de ce projet est de 30 milliards de dinars et un délai de réalisation de 10 à 13 mois. Long de 6 km, ce téléphérique sera classé deuxième à l'échelle nationale après celui de Chréa. Une fois réalisé, il contribuera à coup sûr à désengorger la ville de Tizi Ouzou d'autant que le groupement de bureaux d'études estime que le téléphérique transportera en moyenne 2000 voyageurs/ heure avec une fréquence entre un déplacement et un autre de l'ordre de trois secondes. On prévoit sa mise en exploitation vers la fin 2010. Signalons aussi que la direction des transports de la wilaya lancera bientôt les travaux de réalisation d'un nouveau siège (R+5) à proximité de l'ex-marché de gros. Pour sa part et en commentant l'ensemble de ces projets, M. Rezig, tout en promettant de déployer toutes ses forces pour que ces projets soient réalisés à terme, a estimé que «la wilaya de Tizi Ouzou et ses citoyens doivent retrouver le chemin du développement». Il ajoutera dans le même sillage que «cela n'est réalisable qu'avec la quiétude, le calme et la sérénité». Ceci en précisant également que l'Etat n'a ménagé aucun effort pour mobiliser les moyens financiers et humains pour développer cette région.