Nul ne contestera le fait que depuis sa récente élection à la tête de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua a fait bouger les choses. Même si certaines d'entres elles n'ont pas plu à tout le monde, il fallait que ces décisions soient prises et mises en application car le football algérien a atteint un tel degré de déliquescence qu'il aurait été criminel de rester les bras croisés et de ne pas réagir. Et réagir même s'il fallait bousculer des habitudes bien ancrées dans la discipline et qui sont le fait de personnes très influentes. L'une des plus grandes tâches qu'aura à accomplir le nouveau président c'est de professionnaliser le football algérien, en particulier les clubs. En ce qui concerne ces derniers, il est obligé de le faire puisqu'il s'agira de se plier à une des instructions de la Fifa qui exige des clubs professionnels qu'ils soient titulaires d'une licence, un document qui leur permettra d'être reconnus à l'échelle planétaire et de participer à des compétitions internationales. La Fifa a d'ailleurs instauré une conduite à tenir pour verser les clubs dans le monde du professionnalisme et a fixé 2011 comme date limite pour l'application de cette instruction. Mohamed Raouraoua aura donc une année et demie pour mener à bien cette mission. Il dispose pour cela des textes de la Fifa mais aussi, au niveau national, du décret exécutif 06-264 relatif au club sportif professionnel et au statut-type des sociétés sportives commerciales. Dans son article 5 le texte algérien stipule que «tout club sportif dont les recettes et rémunération atteignent le montant de 50 millions de dinars au titre du dernier exercice peut constituer une société sportive commerciale selon les formes prévues par la législation en vigueur». En se fiant à cette disposition, d'aucuns diront que Raouraoua n'aura que l'embarras du choix pour établir sa liste des clubs professionnels étant donné que les associations sportives faisant état d'un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions de dinars sont très nombreuses. Même des clubs de la division 2 sont capables d'y répondre. Le problème n'est cependant pas aussi facile qu'on le pense et les clubs devront savoir que pour accéder au professionnalisme il leur faudra répondre aux dispositions d'un cahier des charges arrêté par le ministère de la Jeunesse et des Sports conformément à l'article 12 du décret cité en référence. Ce sera ce document qui définira les critères pour accéder au professionnalisme. Ceux qui seront retenus auront alors la possibilité de choisir entre trois entités juridiques : l'entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée (EURSL) où le club est l'associé unique de l'entreprise, la société sportive à responsabilité limitée (SSARL) où un certain nombre de personnes contribue à financer le club, à le doter de moyens matériels et dirigée par un gérant, et la société sportive par actions (SSPA) dotée d'un capital social et divisé en plusieurs actions dont le montant sera fixé dans les statuts. A la tête de cette SSPA pourra être placé soit un conseil d'administration, soit un directoire couplé à un conseil de surveillance. Les statuts-types des trois entités juridiques sont définis dans le décret 06-264 qui ne fixe pas de date limite pour son application. Vu la situation qui prévaut dans le football algérien, rares seront les responsables de clubs à satisfaire aux exigences de la professionnalisation du milieu.