L'Algérie dispose des capacités de financement de son prochain programme de relance quinquennal (2010-2014) de 150 milliards de dollars, en dépit de la baisse des cours mondiaux de pétrole et de ses revenus pétroliers, a indiqué à Washington le ministre des Finances, Karim Djoudi. «Nous avons en termes de viabilité de nos finances publiques et de viabilité de nos équilibres extérieurs, la possibilité de financement sur le moyen terme, c'est-à-dire jusqu'à 2014, et ce, tout en maintenant un niveau de réserves de change convenable et en annulant quasi-totalement notre dette extérieure publique», a affirmé le ministre à l'APS, en marge des travaux de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale. A Djoudi de préciser que les capacités de financement du pays ne consistent pas uniquement en des revenus pétroliers mais comportent aussi, dira-t-il, les fonds de régulation des recettes dont les ressources représentent 40% du PIB et de la mobilisation des financements sur le marché domestique, lequel jouit de fortes liquidités». La mise à niveau de l'économie nationale ne doit pas cesser, dira encore le ministre qui plaidera pour la poursuite de l'œuvre de consolidation des programmes d'investissements publics jusqu'à maintenant engagés. Se basant sur des projections du FMI et de la BM sur une amorce de la reprise économique à partir du 1er trimestre 2010 (+1%) grâce aux plans de relance lancés notamment pas les pays industrialisés ainsi que la Chine, il dira qu'il devrait y avoir un début de normalisation de la situation économique et financière à travers le monde au cours de l'année prochaine. Ceci induira inévitablement une reprise de la demande pétrolière qui devrait aboutir, à moyen terme, par un redressement des cours mondiaux de pétrole et ainsi des revenus pétroliers du pays. Pas de risque de déficit de la balance commerciale M. Djoudi écartera, par ailleurs, tout risque de déficit de la balance commerciale du pays du fait de la stagnation des revenus pétroliers de l'ordre de 40 milliards de dollars attendus en 2009 et une lourde facture d'importation de près de 40 milliards de dollars l'année 2008. Il considérera à ce sujet que la tendance baissière des cours mondiaux de certaines matières premières, notamment alimentaires et les mesures prises par les autorités publiques pour les activités de commerce extérieur ainsi que les flux de transfert de devises écarteraient ce scénario en dépit, précisera-t-il, d'un probable risque de déséquilibre dans la balance des paiements. Il fera part, dans ce sens, de la baisse significative de notre facture alimentaire au 1er trimestre de l'année en cours de l'ordre de 1,65 milliard de dollars contre près de 2 milliards de dollars durant la même période de l'année écoulée. Un meilleur contrôle des importations Le ministre rappellera l'arsenal de mesures enclenché dernièrement en vue d'un meilleur contrôle des importations. M. Djoudi citera, entre autres, l'instauration du nouvel identifiant fiscal des importateurs (NIF) qui permet d'assainir le fichier des importateurs et, donc, de réduire les sorties de devises, l'arrêt des importations des médicaments fabriqués localement ainsi que la fiscalisation introduite sur le transfert des revenus et des dividendes de l'ordre de 15%. L'investisseur devra préalablement avoir un quitus fiscal afin de vérifier s'il n'est pas en contentieux avec l'administration fiscale. Aussi, les devises générées au titre des avantages accordés par l'Etat par un projet investi en Algérie doivent y rester. En outre, l'instauration d'une balance devises excédentaire, durant la vie du projet, devra traduire une entrée nette en devises. Les sociétés étrangères d'importation nouvellement créées sont astreintes de réserver 30% de leur capital à un partenaire algérien. En outre, ajoute M. Djoudi, tout investisseur venant en Algérie aura la possibilité de se financer sur le marché local jusqu'à hauteur de 70% du coût de l'investissement, ceci, dira-t-il, pour contourner la difficulté d'obtenir des financements sur les places financières internationales en raison de la crise économique mondiale. Les joyaux de la République Pour ce qui est de l'impact de la baisse continue des rendements servis par le Trésor américain pour les titres de Trésor détenus par ses créanciers, dont l'Algérie à travers ses placements de réserves de change, M. Djoudi a expliqué que «le choix délibéré de l'Algérie est d'éliminer le risque, et ce, même avec une minimisation du rendement de ces titres de créances». Pour le ministre des Finances, «les réserves de change sont les joyaux de la République et nous n'avons pas le droit de prendre des risques sur ces réserves. Pour l'Algérie, l'enjeu est de préserver et de sécuriser ses ressources en devises, même s'il y a une baisse de la rémunération, et de ne pas aller vers les actifs à risques».