Maghnia, cette coquette ville de l'extrême ouest du pays, distante de plus de 600 km de la capitale, ne parvient toujours pas à se démarquer du fléau de la contrebande qui l'empoisonne et ce, en dépit de la lutte implacable que mènent gendarmes et GGF (groupement des gardes-frontières) dans cette région située à la frontière algéro-marocaine. Une lutte qui se traduit par des saisies considérables de kif traité, de carburants et de vêtements, pour ne s'en tenir qu'à ces produits. A notre arrivée mardi en fin d'après-midi à Maghnia, on apprendra qu'une nouvelle saisie dépassant les 14,5 quintaux de kif traité soigneusement dissimulés à bord de deux camions que les éléments de la compagnie locale de la Gendarmerie sont parvenus à intercepter au terme d'un travail d'investigation et l'exploitation de précieux renseignements. La saisie en question constitue un coup de pied dans la fourmilière dans le milieu des barons de la drogue, majoritairement établis au Maroc, nous précise le capitaine Khanfousi Laala, commandant de la compagnie de gendarmerie de Maghnia. Les gros bonnets du narcotrafic sont plus que jamais en mauvaise posture, appuie le même officier. Preuve en est la saisie de plus de 14,5 quintaux de kif mardi qui s'est également traduite par le démantèlement d'un nouveau réseau spécialisé dans ce genre de trafic. Au total, huit personnes ont été arrêtées et leur présentation devant le tribunal de Maghnia devait s'effectuer hier, a-t-on appris de même source. De plus, la pression qu'entretiennent gendarmes et GGF de Maghnia sur les barons de la drogue à travers une réadaptation continuelle du dispositif est à l'origine des conflits qui minent les réseaux du narcotrafic sévissant dans cette partie de la frontière algéro-marocaine. Réglements de comptes entre barons de la drogue Les tentatives d'acheminement de convois de kif en provenance du Maroc et qui sont en majorité déjouées par les GGF et les gendarmeries de Maghnia semblent désorienter les barons de la drogue en proie désormais à des règlements de comptes qui renseignent sur leur état d'esprit. Il s'opère même des kidnappings entre trafiquants de drogue qui se livrent une guerre féroce, apprend-on de sources sécuritaires établies à Mahgnia. «Ils ne savent plus sur quel pied danser», estime le lieutenant-colonel Karim Mohamed Fouad, qui est à la tête du groupement des GGF de Maghnia. Il illustre son propos en évoquant les échecs répétés des réseaux de drogue à faire parvenir à destination leur marchandise. Des échecs qui résultent du durcissement du dispositif et de la méthode de lutte mise en branle au niveau de cette zone frontalière. En ce sens, le groupement GGF de Maghnia vient toute juste de revoir son procédé consistant à mettre en place des tranchées tout au long du tracé frontalier. «Ces tranchées seront à l'avenir plus profondes (4m) et pourront atteindre jusqu'à 7 mètres de large», révèle le commandant des GGF de Maghnia. L'objectif recherché est à l'évidence de faire de ces tranchées un lieu infranchissable pour les contrebandiers et leur marchandise. Sur le même tracé frontalier séparant la région de Maghnia du territoire marocain, l'on constate aussi que le pays voisin a lui aussi procédé à l'installation d'un grillage, mais qui s'avère de moindre efficacité en matière de lutte contre les différentes filières de contrebande. «Ce n'est que de la poudre aux yeux», nous dit-on. D'autre part, le bilan des activités des GGF pour les 5 premiers mois de l'année en cours fait ressortir une saisie totale dépassant les 10 tonnes de kif traité et plus d'un demi-million de litres de carburant ainsi que l'arrestation de près d'une soixantaine de narcotrafiquants et de contrebandiers. De leur côté, les gendarmes relevant de Maghnia ont traité cette année 14 affaires de trafic de drogue qui se sont traduites par le démantèlement d'une douzaine de réseaux et la saisie de 34 quintaux de kif et plus de 5000 comprimés psychotropes dont la quasi-majorité est du type Ecstasy qui s'écoule jusqu'à 9000 DA le comprimé. Le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud, chargé de la communication au commandement de la Gendarmerie nationale, informe, quant à lui, de la saisie de 32 tonnes de kif depuis le début de cette année sur l'ensemble du territoire algérien. Quelque 8000 comprimés psychotropes et plus de 280 kg de cocaïne ont été également saisis durant la même période. Plus d'une cinquantaine de réseaux ont fait l'objet de démantèlement dans le sillage duquel quelque 200 individus ont été arrêtés.