Pour un artiste militant comme Mohamed Boudia, l'engagement littéraire allait toujours de pair avec son engagement révolutionnaire qui lui coûta la vie. Parcours d'une vraie âme de martyr.Fils de Ali et de Challal Khedoudja, Mohamed Boudia est né le 24 février 1932 dans le quartier mythique de La Casbah d'Alger. Mohamed Boudia adhère très vite à la cause nationale dont il devient très tôt un militant actif. En 1947, il adhère aux Scouts musulmans algériens (SMA), groupe Chihab. En 1955, il se retrouve membre de la Wilaya VII, à la fameuse fédération de France. Militant et fidaï du FLN En 1958, il est arrêté après avoir participé à l'opération de sabotage du dépôt de carburant de Mourpiane, près de Marseille. Il connaîtra en France plusieurs lieux de détention. Il est détenu d'abord à la Maison d'arrêt des Baumettes à Marseille puis à Fresnes, et enfin à Angers d'où il s'évade en 1961. Boudia se réfugie à Tunis où il rejoint la troupe théâtrale du FLN. Au lendemain de l'indépendance, il est l'un des fondateurs du Théâtre national algérien (TNA). De janvier 1963 au 30 juin 1965, il y est respectivement administrateur et directeur. C'était l'époque où l'on montait des pièces engagées anticolonialistes. Ce révolutionnaire «pur jus» avait, par ailleurs, plusieurs cordes à son arc puisqu'il avait été aussi responsable du journal Alger ce soir (du 15 avril 1964 au 7 septembre 1965) et directeur de la revue culturelle Novembre (d'avril 1964 à avril 1965) qui était alors un vivier de créateurs algériens tels les Rachid Boudjedra, Mouloud Mammeri, Malek Haddad, Mourad Bourboune et bien d'autres encore. parallèlement à ses fonctions, Boudia était également responsable de la commission culturelle du FLN. Opposé à la destitution de Ahmed Ben Bella, le 19 juin 1965, il rentre dans la clandestinité en rejoignant l'Organisation révolutionnaire populaire (ORP), d'obédience progressiste. Il quitte le pays en direction de la Tunisie en passant son ultime nuit en Algérie caché pour l'anecdote dans les loges du théâtre régional de Annaba. Arrivé en France, à Paris, il active, aussitôt dans les milieux de l'émigration maghrébine, n'abandonnant pas ses premières amours, en l'occurrence le théâtre. En 1968, il devient administrateur du Théâtre de l'Ouest parisien et y crée alors la troupe du Théâtre maghrébin. Assassiné par le Mossad Il milite pour la cause palestinienne, dont il devient très vite l'un des fers de lance en Europe. Cet autodidacte, séducteur devant l'éternel, ne cessait de déranger le lobby sioniste. Il devenait, ainsi, l'ennemi à abattre du Mossad. Et ce qui devait arriver, arriva, dans la matinée du 28 juin 1973, alors qu'il allumait le contact de sa R16 au 32 rue des Fossés - Saint Bernard, dans le Ve arrondissement à Paris, une explosion le déchiqueta. Cet attentat fut monté par les services secrets israéliens. Après cet odieux assassinat, le président Boumediène recommanda à Mohamed Benmansour – ancien directeur de l'ENAG – de rentrer à Alger, car ce compagnon de Boudia et membre de l'ORP était la prochaine victime du Mossad. Artiste profondément attaché à la cause des peuples, Mohamed Boudia sera à l'origine notamment de la création du groupe-culte marocain Nass El Ghiwan.