Le marché hebdomadaire de Bouizane, à Akbou (60 km de Béjaïa), n'est vraiment pas aménagé de sorte à abriter une activité commerciale proprement dite. Le manque d'hygiène, la contiguïté du marché de bétail avec les gargotes, la viande (rouge et blanche) qui se vend en plein air, le squat par les marchands du chemin qui mène à la ville d'Akbou, les oliveraies aménagées par des particuliers en parkings sont, entre autres, des éléments qui font que ce marché se débat dans l'anarchie et la désorganisation. D'après notre constat, les marchands ne se soucient guère de l'hygiène laquelle doit impérativement aller de pair avec le service qu'ils sont supposés rendre aux clients. Première incurie qui saute aux yeux : l'abattage du poulet se fait dans des conditions exécrables. Le lavage se fait dans des récipients gorgés d'eau bouillante et noirâtre, que les vendeurs ne renouvellent pas à chaque fois. Le poulet est ensuite plumé avec un appareil rouillé et taché de sang, qui dégouline, pour, au bout du compte, finir dans un sachet noir, qu'ils remettent au client qui paye le prix fort pour de la viande pourrie. Ce genre d'activité est strictement interdit en dehors des tueries et abattoirs réglementés, et la vente doit se faire dans des conditions d'hygiène sans complaisance et dans des emballages appropriés. Des effluves d'urine et de bouse Dans le même sillage, dans ce marché, les gargotes ambulantes ont pris place à proximité du marché de bétail. Des gens, qui attablés, qui debout, se restaurent dans ces lieux près de ce marché bondé de ruminants, d'où s'échappent les odeurs fétides d'urine et de bouse. Un décor décoiffant. Un peu plus loin, il y a les étals des bouchers, en plein air. Il y en a une dizaine qui expose des quartiers de viande rouge et les viscères à l'air libre, près de la chaussée, très fréquentée par les véhicules, dont les gaz d'échappement se déposent, inéluctablement, sur la viande exposée, alors que la réglementation impose que celle-ci doit être déposée en réalité dans des comptoirs frigorifiques et à une température ne dépassant pas les 4°C. Les chalands achètent malgré tout de cette viande, par ignorance ou négligence. Le chemin qui passe par ce marché se trouve squatté par les marchands qui ne laissent que peu d'espace pour le passage des véhicules. Conséquence : des bouchons se forment et des klaxons stridents se font entendre, mêlés au brouhaha du marché. Difficile pour un automobiliste d'atteindre le centre ville d'Akbou via ce souk. Les oliveraies alentour sont transformées en parkings par leurs propriétaires. Elles ont périclité à cause de ce traitement qui leur est réservé. Le gain facile et rapide a eu raison des oliviers centenaires. Ce qui frappe par-dessus tout dans ce marché, c'est l'archaïsme ambiant en matière de transaction, des prestations de services et l'organisation elle-même. L'on se croirait dans un marché du XIXe siècle tellement les vieux réflexes sont toujours présents, surtout en matière d'hygiène.