La Tunisie a vécu hier au rythme du deuxième tour d'une élection présidentielle qualifiée de «premier scrutin présidentiel libre en Tunisie depuis l'indépendance du pays en 1956». Il y a eu Bourguiba auquel a succédé Zine El Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir en 2011 par «la révolution du jasmin». Moncef Marzouki a assuré l'intérim depuis, non sans être contesté par une grande partie du peuple tunisien. Hier, le deuxième tour de l'élection présidentielle l'opposait au leader de Nida Tounès, Beji Caïd Essebsi, présenté comme favori de cette élection qui rime avec démocratie. Nida Tounès est un parti nouvellement créé mais qui a raflé la mise lors des élections législatives du 26 octobre dernier. Au premier tour de cette élection présidentielle, Beji Caïd Essebsi a obtenu 39% des voix contre 33% pour Moncef Marzouki, devenu très contesté dans son pays, car accusé de «complaisance» avec les islamistes et d'avoir pris de manière unilatérale des décisions qui ne représentent pas le peuple tunisien mais qui servent «ses amis de l'internationale islamiste», selon des observateurs. Il s'agit notamment de l'expulsion de l'ambassadeur de Syrie en Tunisie par Moncef Marzouki dès son investiture au poste de président par intérim. Conscient que cette expulsion n'est pas appréciée par le peuple tunisien, Beji Caïd Essebsi, que tout oppose à Moncef Marzouki, a annoncé, lors de la campagne électorale pour cette élection présidentielle, qu'il renforcera les relations diplomatiques de son pays avec la Syrie et l'Egypte. Le leader de Nida Tounès est présenté favori pour cette élection, puisque bénéficiant du soutien et de la sympathie d'une grande partie du peuple tunisien, contrairement à Moncef Marzouki. L'élection présidentielle met fin à la période de transition durant laquelle le terrorisme a fait son apparition dans ce pays, tuant des opposants, des militaires, des policiers et des éléments de la Garde nationale. Marzouki a enfreint la loi Lors de son vote hier, le candidat finaliste à la présidentielle, Moncef Marzouki, a enfreint le silence électoral, est-il dénoncé par des médias. Interrogé par des journalistes à sa sortie du bureau de vote d'El Kantaoui à Sousse, Marzouki a profité de son auditoire pour laisser échapper un discours électoral. Des messages de nature à influencer le vote des Tunisiens en cette journée de deuxième tour du scrutin présidentiel sur le sol tunisien, qui ont été également diffusés sur les réseaux sociaux par son équipe de campagne. On rappelle que le silence électoral décrété depuis samedi interdit aux finalistes d'émettre ce genre de messages de propagande électorale, écrivent des médias. Le journal tunisien La Presse a écrit en une, que ce dimanche «restera à jamais gravé dans la mémoire collective». «Le Temps» appelle les Tunisiens à ne pas rater «le train de l'Histoire», appelant les électrices et électeurs à se rendre aux urnes pour ce «rendez-vous ultime». Les islamistes d'Ennahda qui ont aidé Moncef Marzouki à occuper le palais de Carthage en tant que président par intérim sont en perte de vitesse, comme en témoignent les résultats des élections législatives du 26 octobre dernier.