Prévue dans deux mois à Paris, la Conférence sur le climat (COP 21) s'invite déjà à Alger. En effet, portée comme une torche olympique par la ministre française de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, Ségolène Royal, l'invitée de marque de l'Algérie, marquera à partir de demain une escale de deux jours à Alger où elle aura des discussions avec de hauts responsables du pays, notamment sur le contenu de la contribution de l'Algérie, déposée début septembre au Secrétariat de la Convention Climat de l'ONU. Qualifié d'«événement majeur» que Paris organisera du 30 novembre au 11 décembre prochains, l'ambassade de France en Algérie a, dans un communiqué rendu public hier, fait savoir que Manuel Valls aura, par ailleurs, des rencontres avec des ONG actives dans le domaine du développement durable. Côté officiel, elle aura pour mission de «resserrer les liens entre les deux pays et participera à approfondir des relations bilatérales». L'Algérie fera valoir son «innocence» historique Dans un document de 9 pages, intitulé «Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN) - Algérie», daté le 3 septembre 2015, l'Algérie insiste sur son «innocence» historique en s'appuyant sur ses faibles émissions de gaz à effet de serre (GES) par habitant dans le demi-siècle qui vient de s'écouler. De nos jours, les émissions de l'Algérie dues à l'usage des énergies fossiles sont de 2,97 tonnes de CO2 par habitant selon sa «fiche pays» de la COP 21 (contre 2,01 en 1990 soit une augmentation de 47%) et représentent 0,36% des émissions mondiales. A titre de comparaison, les Etats-Unis émettent 16,15 tonnes par habitant de CO2 issu des énergies fossiles, et comptent pour 16% du total mondial. En outre, l'Algérie se déclare parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique, ce qui est tout à fait vrai en raison des sécheresses accrues et du stress hydrique plus violent que les climatologues prévoient pour cette région du monde. Du coup, l'Algérie réclame l'aide des pays porteurs de cette «dette climatique» – les pays anciennement industrialisés – et avertit : «Si elle ne la reçoit sous la forme d'un accès peu cher aux technologies permettant d'économiser l'énergie ou de passer à des sources bas-carbone, ses objectifs d'émissions resteront faibles». En effet, l'Algérie estime pouvoir parvenir à une réduction des émissions de GES de 7 à 22%, à l'horizon 2030, par rapport à un scénario de référence (Business As Usual - BAU), subordonnée aux soutiens en matière de financements extérieurs, de développement et de transfert technologique et de renforcement des capacités. Les 7% de réduction des GES seront réalisés avec les moyens nationaux. La COP 21 est à la fois la 21e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et la 11e conférence des parties siégeant en tant que Réunion des parties au protocole de Kyoto (CRP-11). Ce sommet international doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l'objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 °C.