Elle aurait pu passer pour une banale dispute entre ouvriers si le ministère vietnamien ne s'était pas saisi de l'affaire.Une histoire de querelle entre ouvriers vietnamiens et leurs patrons chinois, sur un chantier à Khenchela, est en passe de prendre une tournure d'incident diplomatique entre les deux pays. En fait, une soixantaine de travailleurs sur un chantier de bâtiment à Khenchela sont à l'arrêt depuis quelques jours pour protester «contre des violences physiques dont trois de leurs concitoyens ont été victimes de la part de responsables et travailleurs chinois» de Dongyi Jiangsu Co. Ltd pour laquelle ils travaillent. Une querelle qui n'en est pas restée à un stade d'hostilités entre employeurs et employés puisque le ministère vietnamien des Affaires étrangères s'est saisi de l'affaire en envoyant un émissaire pour «s'enquérir de la situation et tenter de trouver une issue» à ce conflit qui a éclaté au grand jour le 16 septembre. Pour ce faire, des représentants de l'ambassade du Vietnam et de la compagnie Simco Song Da ont, selon l'agence vietnamienne VNA, «rendu visite, les 10 et 11 octobre, aux travailleurs vietnamiens sur le chantier de Khenchela». Contacté hier par téléphone, Do Van Hai, représentant de Simco Dong Da qui a envoyé ces travailleurs en Algérie, a affirmé que ces ouvriers sont actuellement à l'arrêt et ont décidé de ne pas reprendre le travail tant qu'une solution définitive ne soit trouvée. «Ma mission ici en Algérie consiste à trouver des solutions à ce problème en rencontrant les responsables du chantier à qui je demande des garanties écrites pour que ce genre d'incidents ne se reproduisent plus, saisir l'Inspection du travail algérienne et discuter avec les travailleurs sur le choix de rester travailler sur le chantier de Khenchela, aller dans d'autres chantiers en Algérie ou rentrer au pays». Pour prendre sa version des faits, la conseillère politique de l'ambassade de Chine en Algérie, Mme He Hongyan, affirme ne pas être au courant de cette affaire et promet de se renseigner sur le sujet. Cependant, elle déclare qu'«il n'est pas rare que des ouvriers chinois aient des disputes sur des affaires de contrats et je crois que cela n'est pas propre aux chantiers chinois». Lors d'un point de presse périodique tenu le 8 octobre à Hanoi, le porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères, Lê Hai Binh a, selon VNA, répondu à la presse à propos de la protection des ressortissants vietnamiens à l'étranger et notamment le sort des travailleurs de Khenchela. Selon ce responsable, le ministère est entré en contact avec l'ambassade du Vietnam en Algérie et «des informations seront annoncées via le département consulaire ou le département d'information et de presse». En dépit de leur histoire communiste commune, les relations sino-vietnamiennes ont souvent été tendues à cause des conflits frontaliers qui ont donné naissance à la guerre sino-vietnamienne de 1979. La souveraineté des îles Spratleys, également revendiquées par Taïwan, Brunei, la Malaisie et les Philippines, reste le principal point de discorde entre les deux Etats. Le conflit territorial en mer de Chine méridionale a connu un rebondissement en mai 2014, déclenché par un forage d'exploration pétrolier chinois près des îles Paracels, à l'intérieur de la Zone économique exclusive (ZEE) revendiquée par le Vietnam. Hanoi a cherché à s'opposer à ce forage, et un incident maritime en a découlé, suivie d'une poussée antichinoise au Vietnam.