Après une longue série de négociations, le provider d'internet Eepad n'a finalement pas respecté ses engagements vis-à-vis d'Algérie Télécom (AT). Le leader du marché algérien des télécommunications a toutes les raisons pour mettre sa menace à exécution, c'est-à-dire procéder à une rupture définitive de la fourniture du service, et ce, jusqu'au règlement intégral de l'ensemble des sommes aux termes échus. Contacté par nos soins, Abdelhakim Meziani, directeur de la communication au niveau du groupe, a affirmé qu'aucune décision dans ce sens n'a été prise pour le moment : «Algérie Télécom attend que l'Eepad honore ses engagements.» Il y a lieu de rappeler que le fournisseur d'accès à internet ne s'est acquitté, au 26 mai, date de l'expiration du délai accordé par AT, que de 50 millions de dinars, sur un montant qu'il devait payer de l'ordre de 486 millions de dinars, représentant le paiement d'une échéance, en plus d'un montant de l'ordre de 430 millions de dinars représentant les mensualités de janvier, février et mars 2009 sur le total de sa dette antérieure qui s'élève à 2,6 milliards de dinars. La direction du groupe AT devrait se réunir incessamment pour décider des nouvelles mesures à prendre à l'égard du «mauvais client». Evoquant le communiqué rendu public mercredi par le provider d'internet, dans lequel ce dernier rassurait ses clients en affirmant que le différend entre les deux partenaires est résolu, M. Meziani a précisé que «le différend existe toujours puisque le provider d'internet n'a pas honoré ses engagements, en d'autres termes qu'il n'a pas versé l'intégralité de ce qu'il devait à Algérie Télécom». La même source a par ailleurs ajouté qu'aucune rencontre n'a eu lieu entre Moussa Benhamadi et Nouar Harzallah, PDG de l'Eepad, et donc que le terrain d'entente n'existe pas encore. L'ARPT s'en mêle AT entend ainsi mener à son terme son opération de recouvrement des créances détenues auprès des administrations et des particuliers. L'Eepad pour sa part n'a d'autre alternative, si elle veut bénéficier des services du leader des télécommunications sur le marché national, que de régler de façon intégrale les créances suivant le procès-verbal signé entre les deux parties le 13 mai en présence de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT). Il faut dire que cette affaire avec AT a mis au jour le trafic énorme et les actes de piraterie existants et qui portent un préjudice colossal au Trésor public. Et c'est ce qui a encouragé en quelque sorte le conseil de l'ARPT, réuni le 16 mai, à prendre la décision de suspendre la délivrance de nouvelles autorisations pour la fourniture de la Voix sur internet protocole jusqu'à la finalisation de l'étude. Cette initiative est devenue plus qu'indispensable face à l'évolution non satisfaisante de l'activité du transfert de la Voix sur internet protocole au regard d'une concurrence saine et loyale et des objectifs escomptés du changement réglementaire de son régime d'exploitation. Selon un communiqué rendu public récemment par l'ARPT, «il est nécessaire, compte tenu du lancement de cette étude, de suspendre temporairement la délivrance des autorisations pour la fourniture de la Voix sur IP, et ce, jusqu'à finalisation de ladite étude et l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire qui sera applicable en la matière». Toujours par rapport au piratage, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Hamid Bessalah, a estimé lors d'une rencontre organisée en mars autour de l'«infrastructure haut débit, facteur d'émancipation des citoyens» que «l'Algérie se classe en première position en Afrique et cinquième dans le monde dans le piratage sur internet, dont le taux a atteint 84%».