Les Tunisiens partis «combattre» en Syrie et en Irak dans les rangs des organisations terroristes Daech et Djabhat El Nosra, filiale syrienne d'Al Qaïda, ne concernent pas uniquement la Tunisie, mais l'ensemble des pays d'Afrique du Nord. La Tunisie, qui s'est dotée il y a quelques mois d'une loi antiterroriste, rencontre des obstacles dans la prise en charge de l'éventuel retour au pays de ses terroristes «islamistes». L'un des principaux obstacles est le fait qu'il n'existe pas de relations diplomatiques entre la Tunisie et la Syrie, empêchant donc toute coopération sécuritaire entre les deux pays. La Tunisie est, de ce fait, privée de renseignements sur ses terroristes, ces renseignements pouvant être fournis par les services de renseignements syriens notamment. L'Algérie qui, par sa non-implication dans le dossier syrien, et qui maintient ses relations diplomatiques avec la Syrie, pourrait être d'un grand secours pour la Tunisie en lui fournissant des renseignements sur les Tunisiens qui ont rejoint Daech et Al Qaïda en s'informant, éventuellement, auprès des services syriens. Ces renseignements pourraient être utiles non seulement à la Tunisie mais à tous les pays de la région. La Tunisie a rompu ses relations diplomatiques avec la Syrie du temps de Moncef Merzouki quand ce dernier était président par intérim de la république de Tunisie. Cette rupture de relations a été dénoncée par une large partie de l'opinion publique tunisienne qui a expliqué que cette décision était contraire aux intérêts tunisiens. L'actuel président de la République de Tunisie, Béji Caïd Essebsi, a annoncé, il y a quelques mois, son intention de rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie. La Tunisie a été, quelques jours après, secouée par des attentats terroristes, confirmant la nécessité de coopérer avec d'autres pays, dont la Syrie, en matière de lutte contre le terrorisme. Cependant, les relations diplomatiques entre la Syrie qui subit une déferlante terroriste imposée par certains pays occidentaux et certains pays du Moyen-Orient, et la Tunisie qui commence à ressentir les retombées du ralliement de ses terroristes à Daech et Al Qaïda, ne sont toujours pas rétablies. Alger-Tunis, fer de lance de la lutte antiterroriste dans la région Le terrorisme en Libye est tout autant menaçant pour la Tunisie. Le terroriste auteur de l'assassinat de dizaines de touristes dans la ville tunisienne de Sousse aurait bénéficié d'entraînements dans un camp installé en Libye, selon les autorités tunisiennes. L'Algérie est l'un des pays liés par une importante coopération sécuritaire avec la Tunisie. Les deux pays frontaliers organisent des patrouilles mixtes le long des frontières et coopèrent étroitement en matière de renseignements contre le terrorisme. L'aspect sécuritaire compte parmi les sujets qui sont discutés entre les deux Etats entre le Premier ministre tunisien, qui se trouve en Algérie depuis hier, et son homologue algérien. La Tunisie a d'autre part accepté de rallier la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui combattrait Daech en Syrie et en Irak, mais le pays a précisé que cette participation n'implique pas l'envoi de troupes ou d'avions militaires. La participation tunisienne à cette coalition est d'ordre diplomatique et logistique, a expliqué la Tunisie, qui compterait, d'après des centres de recherches, occidentaux et du Moyen-Orient, «environ 3000 terroristes en Syrie et en Irak dans les rangs de Daech et de Djabhat El Nosra». Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, a affirmé récemment que l'adhésion de son pays à la coalition internationale contre Daech s'inscrivait dans le cadre de la coopération dans le domaine des renseignements et que son pays ne sera pas une base militaire pour lancer des attaques contre cette organisation terroriste en Libye. La position tunisienne rejoint la position algérienne, refusant que son armée soit impliquée dans des conflits armés en dehors de son territoire.