Il est considéré comme le géant de la littérature de sa génération. les médias français le donnent gagnant du Goncourt 2015. Mathias Enard, auteur de la Boussole, paru cette année chez Actes Sud, a fait le déplacement à Alger. Pour le Salon international du livre d'Alger, il a accepté de raconter brièvement ce qui le lie à la langue arabe et à sa littérature. Il parle des auteurs algériens qu'il croise de temps à autre, avec lesquels il ne partage pas seulement un café. Mathias Enard, 43 ans, est en route vers le triomphe. Il livre ici ses impressions sur le vif. Le Temps d'Algérie : C'est votre première participation au salon international du livre. Quelles sont vos impressions ? Mathias Enard : Je ne peux pas vraiment en parler parce que je viens d'arriver. Par contre je suis assez impressionné parce que j'ai fait un petit tour au salon. C'est vraiment un salon très international. On a la chance de rencontrer des gens du monde arabe et des auteurs francophones. Pas uniquement des français. Je pense que c'est très important. La francophonie, à mon avis, est un outil très puissant pour la création, surtout si on arrive à la faire sortir de France. C'est important qu'il y ait aussi des salons puissants en dehors de la France, en Algérie, au Québec, au Maroc… je sais que mon édition arabe Dar El Djamal vient très souvent au SILA. Avez-vous eu l'occasion de lire ou de rencontrer des auteurs algériens d'expressions arabe ou française en France ? Je connais des auteurs algériens en France. J'ai un excellent ami, Yahia Belaskri avec qui j'ai discuté tout à l'heure pendant une heure des rapports entre le monde arabe et l'Europe. Il y a aussi Salim Bachi qui est ici. j'apprécie beaucoup par ailleurs Boualem Sansal que je connais aussi depuis longtemps. Oui bien sûr je fréquente beaucoup d'auteurs algériens en France. Je les lis aussi. Je ne me contente pas de boire des cafés avec eux ! Pour les écrivains arabophones algériens, je ne connais que Wassiny Laaredj. C'est bien le seul. quand on vous entend parler de votre rapport à la langue arabe, vous donnez le sentiment de vous confondre avec la langue, la littérature, l'imaginaire… C'est un hasard ! J'ai commencé par faire de l'histoire de l'art et il y avait un cours qui me plaisait bien, «Art de l'islam». L'enseignante qui le donnait, nous a informés qu'il fallait s'inscrire pour apprendre au moins les rudiments d'une langue de culture de l'islam que ce soit le persan ou l'arabe … J'ai suivi ce conseil et ça m'a absolument passionné. Je n'ai plus fait que cela. Vous voyagez quand vous écrivez vos romans, par exemple dans Boussole édité chez Actes Sud, actuellement favori de la seconde sélection du prix Goncourt 2015 ? Je ne le fais que quand j'écris. Je suis vraiment sédentaire mais par contre avant d'écrire mes romans, parfois ça m'arrive de suivre l'itinéraire que je décris dans mes livres. Vous inspirez-vous dans vos écrits de l'actualité parfois brûlante du monde arabe ? Oui. ça peut arriver aussi que je suive une actualité. Je l'ai fait dans le roman qui a précédé Boussole. Il était question du printemps arabe. Et là, j'ai vraiment parlé de ce qui se passait en Tunisie à l'époque, au Maroc ou encore de la manifestation des indignés en Espagne. Ça m'a nourri vraiment pour le coup, l'actualité immédiate et brûlante mais dans Boussole, c'est beaucoup moins présent même si la guerre civile syrienne est là, en toile de fond du livre. Mais il n'en est pas question directement. Entretien réalisé