Afin de lutter contre la propagation du radicalisme religieux dans le Sahel, dans le nord du Mali, le chef touareg de l'importante tribu des Ifoghas a appelé dimanche l'Etat malien à engager des négociations avec les extrémistes du pays, afin d'isoler les radicaux étrangers, est-il indiqué par Radio France Internationale (RFI). L'amenokal, chef élu par les sages de cette tribu, Mohamed Ag Intalla, dont Kidal, dans le nord-est du Mali, est le fief, a appelé à «aller vite» dans la recherche d'une solution contre l'extrémisme. D'après lui, les extrémistes maliens, qui au départ étaient minoritaires, sont aujourd'hui «les plus nombreux» de cette mouvance dans le pays. «Il faut engager des discussions avec les radicaux maliens. En retour, ils vont aider le Mali à se débarrasser des djihadistes venus d'ailleurs. C'est mieux ainsi», a déclaré M. Ag Intalla, par ailleurs député du parti au pouvoir à l'Assemblée nationale. «Les Américains ont été obligés de parler discrètement avec les talibans (en Afghanistan), les Algériens ont discuté avec les islamistes. Nous, pour avoir la paix définitive, nous devons parler avec les djihadistes maliens, leur dire que ce qu'ils font n'a rien à voir avec l'Islam», a-t-il ajouté. «Ceux qui disent qu'il faut appliquer la charia, couper des mains, il faut qu'on leur prouve par la discussion qu'ils sont dépassés», a-t-il ajouté, dans une possible allusion au chef touareg du groupe djihadiste malien Ansar Eddine, allié d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, qui appartient à la même tribu, ou à ses partisans. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a exclu de négocier avec Iyad Ag Ghaly, mais au sein du gouvernement, certains responsables se disent ouverts à un dialogue avec les radicaux qui n'auraient pas perpétré de crimes. Cette initiative concerne particulièrement le mouvement Ansar Eddine, composé exclusivement d'autochtones, contrairement à Daech, Aqmi et le Mujao qui comprennent des terroristes de différentes nationalités. Ce mouvement a, récemment, opté pour l'action armée, revendiquant des attaques contre la mission de l'ONU au Mali. Des attaques condamnées par la communauté internationale. Le mouvement Ansar Eddine n'a pas paraphé l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, contrairement à la Coordination des Mouvements de l'Azawad qui a paraphé cet accord avec le gouvernement du Mali.