De gros nuages noirs assombrissent en ce moment le ciel de l'olympisme et du sport algériens. Le Comité olympique algérien (COA) est à un cheveu de la suspension de la part du Comité international olympique (CIO). C'est du moins ce que nous avons appris de la part d'un des responsables actuels du COA qui aurait été alerté en ce sens par un responsable du CIO. Si cela venait à se produire, les retombées pourraient être néfastes pour tout ce que l'Algérie compte comme sportifs, qu'ils soient débutants, confirmés ou stars. La suspension du COA signifierait l'exclusion de l'Algérie des Jeux méditerranéens qui doivent débuter le 26 juin dans la ville italienne de Pescara, mais aussi de toutes les grandes manifestations sportives internationales. Dans l'actualité encore brûlante de la très grande victoire de l'équipe nationale de football face à son homologue d'Egypte, cela pourrait aboutir à la disqualification des Verts de la Coupe du monde et de la CAN de 2010, sachant que la Fifa est membre du CIO et est une des fédérations internationales qui tiennent particulièrement à ce qu'il n'y ait aucune ingérence extérieure dans les affaires des fédérations nationales qui leur sont affiliées. On imagine un peu le scandale que cela ferait. Nous sommes dans une situation où deux camps s'affrontent, l'un conforté et reconnu par le CIO, et l'autre composé de quelques présidents de fédérations qui veulent être aux commandes du COA pour organiser les élections du président et du comité exécutif. Ces présidents de fédérations, solidaires de trois de leurs collègues, dont deux, ceux de cyclisme et d'escrime, ne sont pas reconnus par leurs fédérations internationales respectives (la 3e, celle du golf, n'a même pas l'agrément du COA pour faire partie de son assemblée générale), ont intenté, dans un ultime effort, une action en justice. C'est ainsi qu'une plainte en référé a été déposée auprès du parquet par 24 présidents de fédérations sportives mais au final il ne s'en est trouvé que 13 à appuyer cette action, puisque les 11 autres ont dit n'avoir pas donné leur accord pour qu'une telle démarche soit entreprise. En agissant de la sorte, ces 13 présidents ont enfreint les dispositions de l'article 39 des statuts du COA, textes officiellement reconnus par le CIO, qui stipulent que «les membres du COA, les fédérations sportives et les institutions affiliées au COA reconnaissent la compétence exclusive de la Commission d'arbitrage du sport algérien… Le Tribunal arbitral du sport de Lausanne est institué comme autorité de dernière instance pour les litiges non résolus par la Commission d'arbitrage du sport algérien.» Les présidents de fédérations sportives semblent donc avoir commis une faute en ne saisissant pas la Commission d'arbitrage du sport algérien pour se tourner vers la justice civile. La décision prise en leur faveur mardi soir pourrait donc être considérée par le CIO comme une sorte d'ingérence extérieure. Un CIO qui dans toutes ses missives, notamment celle adressée le 1er mai par son président, Jacques Rogge, au ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, a fait référence à ces ingérences et pressions. Ayant cherché à connaître la position du ministère de la Jeunesse et des Sports sur ce problème, nous avons pris contact avec sa cellule de la communication, auprès de laquelle nous avons appris que ce département n'avait pris aucune décision susceptible d'être communiquée à la presse. Partant de là, l'assemblée générale élective du COA pourra-t-elle se tenir comme prévu aujourd'hui ? Rien n'est moins sûr. On sait que les responsables actuels du COA ont reçu l'appui du CIO qui insiste sur le fait qu'ils ont jusqu'ici parfaitement respecté les textes en vigueur, à savoir aussi bien la loi algérienne que les statuts du COA ou la charte olympique. Ces statuts et cette charte indiquent que les élections doivent se tenir dans les 45 jours qui suivent le jour la démission du président du COA. Ce 11 juin, il y aura exactement 45 jours que Mustapha Berraf a démissionné de son poste de président du COA. Tout report pourrait être assimilé par le CIO comme une autre forme d'ingérence. En dépit de la décision de justice qui leur demande de permettre aux présidents de fédérations sportives de se réunir en vue de dégager une commission de candidatures (ce qui voudrait dire que les élections seront reportées), les responsables du COA maintiennent le cap et veulent tenir l'assemblée générale élective aujourd'hui avec un seul candidat au poste de président, à savoir Mohamed Belhadj. Mais connaissant les retournements de situation qui ont cours dans le mouvement sportif algérien, il faut s'attendre à ce que ces élections soient empêchées. A partir de là, ce sera la porte ouverte à toutes les spéculations, mais aussi à toutes les dérives. En espérant que le sport algérien n'en sorte pas plus meurtri qu'il ne l'est en ce moment.