La réunion de la tripartite, prévue aujourd'hui, intervient dans un contexte particulier. Les participants à ces assises devront s'entendre sur un nouveau modèle économique de croissance qui rompt avec la politique de partage de la rente pétrolière. En effet, le gouvernement Abdelmalek Sellal est appelé à trouver un consensus avec les organisations patronales et les membres de l'UGTA autour des réformes à mettre en œuvre. Le modèle économique basé sur les dépenses publiques pour stimuler la croissance est devenu désormais caduc. La baisse des recettes pétrolières depuis plus de deux ans a rendu donc intenable ce système, d'où l'urgence d'initier une nouvelle politique économique. Et c'est à ce niveau-là que se situe l'enjeu de la réunion d'aujourd'hui. Le gouvernement devra présenter une feuille de route basée sur l'implication du privé national et international pouvant assumer un rôle important dans le développement de l'économie nationale. Car, l'Etat est appelé à se retirer graduellement de la sphère économique et de mener son rôle de régulateur. Des changements qui impliqueront des transformations non seulement sur le plan réglementaire mais aussi culturel. Depuis l'Indépendance, l'Etat algérien est toujours présent dans la vie économique. A l'exception de l'ouverture intervenue durant les années 1990 où des entreprises publiques ont été privatisées et où il a été décidé la libéralisation du commerce extérieur, le secteur public demeure dominant dans divers secteurs économiques, laissant une marge de manœuvre réduite au privé. Toutefois, avec le recul drastique des recettes pétrolières et les dépenses faramineuses engagées dans la mise à niveau infrastructurelle du pays, depuis les dix dernières années, les caisses de l'Etat se sont vidées. C'est dans ce contexte de crise, à la fois financière et économique, que va aborder le Premier ministre avec le patronat et l'UGTA, aujourd'hui, le nouveau modèle économique. Liées par un pacte économique et social signé en 2014, les trois parties (gouvernement, patronat et syndicat) doivent se concerter sur les voies et les moyens de sortie de crise. Le dialogue doit donc primer sur les actions à entreprendre ensemble pour l'application du nouveau modèle économique destiné à dynamiser la croissance et l'investissement hors hydrocarbures. Le chef de l'Etat a insisté, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, sur la préservation de «la cohésion sociale de la nation, dans le cadre de la justice sociale et de l'Etat de droit». Il s'agit là d'un défi énorme à relever, car l'économie nationale fait face à des difficultés multiples. Mono-exportatrice des hydrocarbures, l'Algérie importe presque tous ses besoins alimentaires, industriels, médicaments et produits pétroliers raffinés. Pour basculer vers la productivité et la compétitivité, d'énormes sacrifices devraient être consentis. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a reconnu d'ailleurs que «le problème réside dans l'aspect culturel et la mentalité de rentiers qui s'est ancrée dans l'esprit des Algériens». Il n'est pas facile de renouer avec les valeurs du travail et du sérieux dans le travail. Réputé aussi comme pays trop syndical, l'Algérie devra donc y renoncer à défaut de ne pas attirer des investisseurs. Certes, les potentialités naturelles et humaines ne manquent pas, mais la démarche à suivre et les objectifs à atteindre devraient être clarifiés lors de cette tripartite. Surtout que le temps n'est pas à l'avantage du pays.