Conçue provisoirement pour recevoir les ordures de quatre communes de la région, la décharge publique d'Ichiouache, dans la commune de Boghni, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, est fermée depuis plus de deux semaines par des riverains en colère. Excédés par les désagréments causés par les colonnes de fumée qui se dégagent de cette décharge suite à l'incinération de tonnes d'ordures ménagères en provenance de quatre communes (Boghni, Bounouh, Assi Youcef et Mechtras), des citoyens du village Ichiouache ont décidé de procéder à la fermeture pure et simple de cette décharge devenue de plus en plus encombrante selon leurs dires. «Nous sommes asphyxiés. On n'arrive même pas à respirer tellement l'atmosphère est devenue insupportable à cause de la fumée qui se dégage chaque jour de cette décharge. Nous avons interpellé à maintes reprises les responsables de l'APC et de la daïra de Boghni afin de trouver une solution à ce problème qui empoisonne notre vie mais rien n'est fait. Notre hameau continue à recevoir chaque jour des tonnes d'ordures en provenance des ménages de quatre communes limitrophes, alors qu'en principe, cette décharge qui est conçue à titre provisoire devra être fermée pour laisser le relais au Centre d'enfouissement technique (CET) construit juste à quelques encablures de notre village», nous dira un citoyen d'Ichiouache. Selon ses dires, la décision de fermeture de cette décharge intercommunale a été prise à l'issue d'une réunion des villageois d'Ichiouane afin d'alerter les autorités locales sur l'urgence de procéder à la mise en service du CET, dont les travaux, ajoutent-ils, sont achevés depuis plus d'une année. «Il ya urgence de fermer cette décharge qui est devenue un vrai danger pour la santé des riverains qui ne peuvent plus continuer à supporter autant de fumée et d'odeurs nauséabondes à longueur de journée. Chaque nuit, des tonnes d'ordures sont incinérées et les fumées qui se dégagent rendent l'air irrespirable, surtout en cette période de chaleur où il est impossible d'ouvrir les fenêtres de nos maison tellement l'atmosphère est insupportable», explique notre interlocuteur qui nous a informés que les citoyens de son village ont décidé depuis le 16 juin dernier de passer à l'action en procédant à la fermeture de cette décharge. Le CET tarde à ouvrir ses portes Depuis donc plus de deux semaines, aucun camion de ramassage d'ordures n'a été autorisé à accéder à cette décharge en guise de protestation contre ce que les protestataires qualifient de mépris des autorités locales. Cette action de protestation a engendré des conséquences fâcheuses puisque désormais, les services chargés de la collecte des ordures des quatre communes concernées se sont retrouvés face à une délicate situation. Où vont-ils déverser les ordures, surtout en cette période de Ramadhan où il est enregistré souvent une hausse des déchets des ménages ? «La solution est simple. Que l'on procède au plus vite à la mise en service du CET de Boghni qui peut d'ailleurs recevoir les ordures ménagères de l'ensemble des communes du sud de la wilaya», répond notre interlocuteur qui se dit décidé, lui et les autres protestataires, à maintenir l'action de fermeture de cette décharge jusqu'à la mise en service du CET en question. «En décembre dernier, les responsables du secteur de l'environnement nous ont promis son ouverture pour le premier semestre de l'année en cours, mais nous sommes au mois de juillet et le CET n'est toujours pas mis en service», nous dira un autre protestataire. Selon les explications de la direction de l'environnement, la raison de ce retard est due au non- achèvement des travaux de la route devant relier ce CET au chemin de wilaya 127. Confié à la direction des travaux publics de la wilaya de Tizi Ouzou, le chantier de réalisation de cette route menant vers le CET de Boghni, dont les travaux ont été lancés il y a huit années, accuse un énorme retard, en raison notamment de la nature difficile de cette piste marquée par des glissements de terrain. Doté d'une capacité d'entreposage de 500 000 m3 d'ordures ménagères dans un casier et protégé contre les infiltrations de lixiviations en plus d'un bassin de traitement des rejets liquides secrétés par les déchets sous l'effet de la fermentation, le nouveau CET de Boghni est doté également d'un service d'entretien des engins, d'un poste de contrôle, d'un pont à bascule pour le pesage des ordures et autres équipements d'exploitation. Le CET de Boghni viendra ainsi s'ajouter aux trois autres centres déjà en activité au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Il s'agit des CET de Draâ El Mizan, Ouacifs et Oued Falli qui couvrent à peine 45% du territoire de la wilaya de Tizi Ouzou en matière de déchets ménagers. Selon les chiffres fournis par la direction de l'Environnement, le reste des déchets, soit 55%, se déverse dans les milliers de décharges et dépotoirs sauvages répartis à travers le territoire de la wilaya. C'est pour dire que la collecte, le transport et le traitement des centaines de milliers de tonnes d'ordures générées quotidiennement par les 67 communes de la wilaya demeurent problématiques.