Les services obstétriques des hôpitaux publics sont surchargés, particulière durant l'été, où l'on accueille un nombre important de parturientes. Parfois, les conditions d'accueil tellement désagréables obligent certaines familles à se diriger vers les cliniques privées, même en sacrifiant toutes leurs économies pourvu que la naissance se déroule sans complications. En effet, la situation au niveau des établissements de santé publique n'est guère rassurante, malgré les efforts entrepris pour garantir des soins acceptables et gratuits à toutes les franges de la société. Lors de notre sortie hier au niveau du Centre hospitalo-universitaire Nafissa-Hamoud, ex-Parnet d'Hussein Dey, le professeur Mechtouh Mokrane, chef du service de gynécologie obstétrique, brosse un tableau peu reluisant. «Il nous arrive parfois de faire jusqu'à 50 naissances par jour. Seulement durant le mois de juillet, notre service a géré 1200 accouchements et 80% de ces naissances ne sont pas de la commune d'Hussein Dey ; les patientes viennent de partout, de Bouira, Boumerdès, Tipasa. On ne peut pas dire à une patiente qu'on n'a pas de place, au contraire, on prend tout le monde en charge». «Il y a une surcharge accrue au niveau national : la première cause est que les mariages se font durant l'été, éventuellement, l'accouchement se fera entre les mois de mai et septembre. Dans notre structure, il y a une insuffisance de personnel paramédical, car les sages-femmes et les infirmières sont épuisées. Une infirmière prend en charge 30 malades par jour, alors que les médecins font 12 césariennes par jour, en plus de prendre en charge les autres accouchements normaux». Idem au niveau du service de gynécologie obstétrique Hassan-Badi à El Harrach, ex-Belfort. Déjà, à la réception de cette clinique, la surcharge et l'anarchie totale étaient flagrantes. L'agent de sécurité s'est dit «incapable de gérer le nombre énorme de femmes enceintes accompagnées de leurs époux, parfois agressifs, qui viennent par centaines chaque jour». Il a ajouté que «l'agent de sécurité le plus sage se bagarre deux fois par nuit, alors que son salaire est de 11 000 DA». Nous demandons à voir un responsable afin qu'il nous explique cette situation «pénible». Le surveillant médical nous oriente vers la direction générale de l'Etablissement Public Hospitalier Hassan- Badi. Sur place, Mme Medjdoub Samia, directrice des ressources humaines, nous déclare qu'«il est vrai que la surcharge est considérable à Belfort ; c'est dû au manque de services de maternité dans la région d'Alger-Est ; nous sommes les premiers sur le plan géographique à accueillir les urgences gynécologiques et pédiatriques qui nous parviennent de Blida, Boumerdès, Bouira et même d'autres wilayas». Concernant les chiffres, cette même responsable affirme que «le nombre d'accouchements durant l'année 2015 était de 12 000. Et durant l'été, soit au deuxième semestre de cette même année, on a enregistré quelque 10 000 consultations médicales en gynéco-obstétrique». Des chiffres qui, selon elle, «reflètent la bonne prise en charge au service de la maternité de Belfort, car nos médecins font tout leur possible pour ne pas renvoyer les patientes qui viennent en situation de détresse, en essayant de les prendre en charge, mais cela reste au-delà de nos capacités d'accueil». Le «regard» de la tutelle Contacté par nos soins, Slim Belkessam, chargé de la communication au ministère de la santé, estime que la situation de pression sur ces services est pratiquement normale vu le taux énorme de natalité enregistré durant cette période de l'année appelée «haute saison», car 70% des naissances se passent entre les mois de mai et septembre. Des solutions ont été apportées, selon lui, par le ministère de la santé pour faire face à cette situation de débordement au niveau des services de gynécologie-obstétrique. «Les services du ministère suivent de près et de loin toutes les instances, en l'occurrence tous les dépassements, soit au niveau des cliniques étatiques qu'au niveau des cliniques privées». Selon notre interlocuteur, plusieurs solutions sont prises par la tutelle en ce sens, dont la réduction des congés du personnel travaillant dans ces services, l'augmentation du nombre de lits dans les services des naissances. Il est même envisagé de procéder à appliquer l'accouchement à domicile. Sur le plan des infrastructures hospitalières, M. Belkessam a déclaré que plusieurs projets sont en cours de réalisation pour augmenter le nombre de lits. Le ministère de la santé, dit-il, a déjà créé de nouveaux complexes mère et enfant dans plusieurs wilayas du pays. Il y a enfin la construction d'un hôpital spécialisé en pédiatrie qui ouvrira ses portes en 2017, à Birkhadem, qui va alléger la pression que subissent les services des grands hôpitaux de la capitale.