L'un de nos plus grands miniaturistes et enlumineur Mostefa Ben Debbagh n'a pas eu le doit à la commémoration du centenaire de sa naissance qui devait être célébré hier. Mostefa Ben Debbagh, qui est considéré parmi nos plus grands miniaturistes aux côtés de Omar et Mohamed Racim, Mohamed Temmam, M'hamed Haminoumna, Mohamed Ranem et un des premiers professeurs de l'école des Beaux-arts d'Alger mérite bien un hommage à la mesure de l'homme sage et de l'artiste discret qu'il était. Il est bien dommage que de tels artistes soient si vite tombés dans l'oubli. A notre connaissance, il n'y aurait aucune institution culturelle, école ou galerie d'art portant le nom de Mostefa Ben Debbagh. Né le 5 septembre 1906 à la Casbah d'Alger, l'artiste, dont le père était artisan ciseleur, a appris à dessiner dès son enfance et fut inscrit à l'école des beaux-arts d'Alger en section céramique. Dès 1926, il ouvre un atelier de sculpture et de décoration sur cuivre et crée quelque temps plus tard l'association nord-africaine des arts artisanaux afin de protéger les arts traditionnels et le style arabo-islamique. En 1941, il adhère à l'association des artistes algériens et orientalistes et devient enseignant de décoration et d'arts appliqués à l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger en 1943 qu'il ne quittera qu'en 1982. Il faut rappeler que ce grand artiste qui a touché à plusieurs métiers d'artisanat dont la céramique et le cuivre a exposé ses œuvres à Marseille en 1922 alors qu'il n'avait que 18 ans. Il exposera en 1929 à Newcastle et en 1933 à Chicago (USA). Il sera également présent à l'exposition des arts indigènes à Alger en 1937 et au premier salon de l'Union Nationale des Arts Plastiques (Unap) à Alger en 1964. Mostefa Ben Debbagh, qui avait remplacé le miniaturiste Mohamed Kechkoul en tant que professeur à l'école des Beaux-arts d'Alger, n'était pas de ces artistes qui courent après la célébrité, bien que ses œuvres soient d'une grande valeur. D'ailleurs, on trouve ses tableaux chez ses amis de la Casbah ou peut-être un de ses brillants élèves tel Daoud Mohamed Sadek. Une de ses miniatures était exposée au niveau de l'atelier du maître tisserand Mohamed Hamlat, au village des artistes de Ryadh El feth. Mostefa Ben Debbagh, tout comme Mohamed Kechkoul, Mohamed Bouakkaz dit Sfaxi, Abderrahmane Sahouli et tant d'autres miniaturistes ne devraient pas tomber dans l'anonymat. Ils ont consacré leur vie à l'art et à la formation. On devrait leur rendre l'hommage qu'ils méritent. Mostefa Bendebbagh est décédé le 23 janvier 2006 à Alger. Une exposition lui a été dédiée il y a quelques mois, mais cela reste insuffisant.