Ce samedi en fin de matinée, la librairie Chaïb-Dzaïr à Alger nous a invités à une rencontre autour de l'un des quartiers les plus populaires d'Algérie. Cheikh El Mahroussa qui connaît si bien Alger était l'hôte de la librairie de l'Anep pour parler de Bab El Oued, un quartier constitué lui-même de plusieurs quartiers, ce qui fait de lui une petite ville dans la ville. Sachant qu'il n'aura pas le temps de tout dire et sachant que personne ne peut tout savoir sur ce quartier, l'invité de l'Anep a décidé de survoler l'histoire de Bab El Oued et sa géographie en donnant le maximum d'informations. C'est ainsi qu'il rappellera qu'à Bab El Oued, il n'y avait pas de mosquées mais des zaouias. Il citera les noms des portes, lycées, rues, cafés, places et cinémas de Bab El Oued. Cheikh El Mahroussa dont l'excellente mémoire nous rappelle celle d'El Hadj M'hamed El Anka ou de Rabah Chouider qui habitait à Bab El Oued, près de la salle Atlas, et qui fut parmi les fondateurs de l'UGTA en 1956. Au sujet de la salle Atlas, le conférencier rappellera que l'ex-Majestic inauguré en 1930 était l'une des plus grandes salles du monde. En fait, cette salle pouvait recevoir 4000 spectateurs et était dotée d'une écurie et d'abris avec grillage pour l'accueil de fauves pour les spectacles de cirque. La scène dont un mur pouvait à tout moment la séparer de la salle en cas d'incendie pouvait recevoir 400 artistes en même temps. Le toit était ouvrant et le grand balcon pouvait supporter une charge de 200 tonnes avec la plus grande sécurité. Ce balcon exceptionnel a été saboté lors de la restauration de la salle durant la période de Khalida Toumi puisqu'il ne permet plus aux spectateurs de voir la partie supérieure de la scène. Même le nombre de places de spectateurs a diminué. Il faut noter que cette salle a été construite par un certain Joseph Seiberras qui est également l'initiateur de la construction de plusieurs salles en Algérie et au Maroc, dont la salle Variétés à quelques dizaines de mètres du Majestic et Le Monpensier dans le même quartier ainsi qu'une autre salle au Bd des martyrs, ex-Bd. Bru. Cheikh El Mahroussa a également cité le Kursaal, le théâtre qui se trouvait près de Zoudj Ayoun et où a été représentée le 12 avril 1926 la première pièce théâtrale en arabe dialectal, Djeha, de la Zahia troupe avec les grands comédiens Allalou et Rachid Ksentini. Après avoir fait un petit tour autour des anciens cafés, salles et satdes, Cheikh El Mahroussa a essayé de citer quelques noms d'artistes et personnalités nés ou ayant vécu à Bab El Oued ; mais la liste est tellement longue qu'il ne put en citer que quelques-uns dont Robert Castel, le fils du chanteur Lili Labassi qui tenait un café à la basse Casbah et Roger Hanin. Il citera tout de même les artistes tels que Hadj M'rizek, Hadj M'hamed El Anka, Fadila Dzirya et Rachid Ksentini dont les tombeaux se trouvent au cimetière d'El Kettar. Au sujet du nom de ce cimetière, il relèvera deux hypothèses. La première est le fait que la superficie du cimetière (un don) est de un hectare. La deuxième qui est la plus plausible serait le fait que ce cimetière se situe dans un quartier où se trouvait un qettar (distillateur de fleurs d'oranger, eau de rose etc.). Lors des débats, un des participants a regretté que sur Internet, on ne retrouve pratiquement que les informations données par les français sur le quartier de Bab El Oued. Il faut signaler qu'il existe actuellement quelques sites tels que ‘'Algérois de souche'' et ‘'Dzair'', ‘'Algéroisement vôtre'', mais cela reste insuffisant. Un appel est donc lancé à tous ceux qui ont des informations à balancer sur internet. Elles pourront servir aux historiens et à nous tous.