Les graves déclarations du patron du FLN risquent d'avoir des conséquences plus graves encore, surtout que dans la capitale du M'zab, on n'arrive pas à digérer ses propos. Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, Salah Dabouz, avocat de plusieurs personnes poursuivies dans le cadre des évènements de Ghardaïa, a demandé l'audition du SG du FLN et de l'ancien chef du DRS, le général Toufik. «Il est indispensable que ces hauts responsables qui détiennent certainement des informations très importantes et utiles à la justice soient auditionnés pour permettre à la justice de bien faire son travail, mais aussi pour éclairer l'opinion nationale et même internationale sur ce drame», indique Me Dabouz dans une déclaration transmise au Temps d'Algérie. Rachid Nekkaz, accusé d'être envoyé par le général Toufik à Ghardaïa et dans d'autres villes du Sud pour semer le désordre, a exigé des excuses publiques du patron du FLN. «Etant donné les graves accusations du chef du FLN, Rachid Nekkaz lui donne jusqu'au 1er novembre pour présenter des excuses publiques. Si le chef du FLN ne s'excuse pas publiquement, Rachid Nekkaz sera dans l'obligation morale de demander à ses avocats algériens de porter plainte pour diffamation à Alger», a-t-il annoncé sur sa page facebook. Pour lui, Saâdani a commis une faute morale et politique grave en insultant les Algériens du Sahara, en se moquant des citoyens de Ghardaïa, de Ouargla, de Touggourt, d'In Salah «qui sont des hommes pieux, respectueux et très hospitaliers». «Ces populations du Sud connaissent très bien Rachid Nekkaz, car il a marché 3124 km à pied entre 2014 et 2016, dont 2000 km dans le désert, centimètre par centimètre, sous la surveillance de la police et de la gendarmerie que Rachid Nekkaz tient à remercier», a-t-il ajouté. «Rachid Nekkaz a dormi sous une tente chez eux, il a bu du thé et dîné chez eux dans un esprit chaleureux, fraternel et pacifique. Jamais Rachid Nekkaz n'a produit un centimètre de désordre en Algérie à travers les 48 wilayas. Rachid Nekkaz a été le seul homme politique algérien à essayer de créer un dialogue à Ghardaïa en se rendant 8 fois sur place pendant que le chef du FLN restait à Alger», a poursuivi Nekkaz, en exprimant sa sympathie pour le général Toufik. Samir Bouakouir, ancien cadre du FFS, estime que les déclarations du SG du FLN accentuent l'état de déréliction morale et politique du pays. «Plus grave encore, un cap redoutable est franchi dès lors que des accusations d'‘intelligence avec l'étranger' sont portées à l'encontre d'autres secteurs du système. De telles accusations provoqueraient, sous d'autres cieux, une affaire d'Etat et donneraient lieu à une enquête amenant de lourdes sanctions si elles s'avèrent évidemment fondées», a-t-il écrit. Il soutient que les vieux règlements de comptes prennent à présent une tout autre dimension et ce n'est pas surprenant que le FLN soit au cœur des enjeux. Il expliquera que le contrôle de cet appareil a toujours permis au groupe ou clan dominant d'asseoir son hégémonie au sein du système. «Faute de légitimité démocratique, le FLN, quelle que soit sa direction, servira toujours de façade civile et les partis dits d'opposition sont sommés, s'ils veulent garder une représentation symbolique, de se positionner en fonction des rapports de force internes au sérail», souligne-t-il. L'ancien secrétaire général du FLN, ancien chef de gouvernement, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien représentant personnel du chef de l'Etat, Abdelaziz Belkhadem, a, lui aussi, réagi aux graves accusations de Saâdani. Ce dernier a accusé Belkhadem d'être un militant de la France au sein du FLN. Qualifiant le discours de Saâdani d'«ordurier», il a souligné qu'il n'était pas «du même niveau intellectuel». «Il (Saâdani) n'a que l'insulte et l'invective. Je ne réponds pas à un discours ordurier. S'il a quelque chose, qu'il donne la preuve». Et «si les Algériens veulent vérifier le nationalisme et le patriotisme de ma famille, ils n'ont qu'à se rendre dans ma région», ajoute Belkhadem dans ses déclarations aux médias. Me Dabouz, avocat des détenus de Ghardaïa : «L'Etat doit assumer ses responsabilités» Dans une déclaration transmise au Temps d'Algérie, Salah Dabouz, président de la LADDH et défenseur des détenus d'opinion à Ghardaïa, annonce avoir demandé au juge d'instruction de Ghardaïa de convoquer le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, et l'ancien patron du DRS, le général Toufik, pour les auditionner dans le cadre des évènements de Ghardaïa. Amar Saâdani avait accusé, mercredi, le général Toufik d'être à l'origine des évènements de la capitale du M'zab qui a vu la mort de plusieurs personnes. «Il est indispensable que ces hauts responsables qui détiennent certainement des informations très importantes et utiles à la justice soient auditionnés pour permettre à la justice de bien faire son travail mais aussi pour éclairer l'opinion nationale et même internationale sur ce drame», a écrit Me Dabouz. Il interpelle l'Etat algérien pour qu'il assume ses responsabilités politiques et morales «pour, d'abord, protéger les citoyens qui dénoncent les abus de certains fonctionnaires qui portent atteinte aux droits des citoyens, surtout dans des villes telles que In Salah, Ghardaïa, Ouargla, avant que ce soit trop tard».