Tous créés aux Etats-Unis, Myspace, Facebook et Twitter sont à y voir de plus près bien plus que de simples sites communautaires. Ce sont, de l'avis de nombreux analystes, d'utilisateurs ou de «critiques», des instruments de propagande, de contrôle de l'information et ils constituent une manne publicitaire non négligeable pour les multinationales ou des lobbies pour qui la vie privée des internautes n'est plus un secret. Initialement lancé pour permettre aux utilisateurs de décrire ce qu'ils étaient en train de faire, d'où son slogan «what are you doing ?», Twitter est né à San Fransisco au sein de la start-up Odeo Inc, propriété de Noah Glass, ancien répartiteur au 911, numéro centralisé des urgences américaines et Evan Williams, co-fondateur de la société Pyra Labs qui est à l'origine de la plateforme de blogs Blogger, rachetée par Google en 2003. Ces deux «professionnels» ont ouvert au public, le 13 juillet 2006, la première version de Twitter qui s'intitulait alors stat.us puis twittr, en référence au site de partage de photos Flickr puis Twitter, son nom actuel. Moult transactions ont abouti ensuite, en avril 2007, au rachat par «une entité privée», de Twitter dont la gestion est confiée à Jack Dorsey, puis à Evan Williams qui lui succédera en 2008. La société compte, en février 2009, une trentaine d'employés. Du simple «What are you doing ?», Twitter collecte des données personnelles sur ses utilisateurs et les partage avec de tierces parties, et… «considère ces informations comme un actif et se réserve le droit de les vendre si la société change de mains». Une «clause» qui ouvre grandes les portes à l'exploitation effrénée des données personnelles des utilisateurs, d'où l'inquiétude grandissante de ces derniers. Illustration : le compte du président américain Barack Obama, un des célèbres utilisateurs de Twitter aux côtés de Lance Armstrong ou encore Britney Spears, a été piraté en 2007. Appelé The Facebook dès son lancement, l'actuel Facebook a été fondé par le jeune informaticien Mark Zuckerberg, le 4 février 2004. Destiné d'abord aux étudiants de l'université de Harvard où il étudiait, The facebook a réussi en l'espace de quelques mois à séduire plus de la moitié de la population de l'université de Harvard. Eduardo Saverin (aspect commercial), Dustin Moskovitz (programmeur), Andrew McCollum (graphiste), et Chris Hughes ont ensuite rejoint Zuckerberg pour l'aider à promouvoir le site. Facebook s'est ensuite élargi aux universités de Stanford, Columbia et Yale à l'Ivy League et aux écoles de la région de Boston et, progressivement, à la plupart des universités au Canada et aux Etats-Unis, ce qui a amené le déplacement de sa base en juin 2004 en Californie. Facebook a ensuite élargi ses membres aux employés de plusieurs sociétés, dont Microsoft et Apple Inc, et s'est ouvert en 2006 à tous les âges à partir de 13 ans avec une adresse électronique valide. En octobre 2008, Facebook a annoncé que le site allait établir son siège international à Dublin, en Irlande. Une face cachée de la vie privée Depuis son lancement, Facebook est attaqué pour non-respect de la vie privée des utilisateurs. En effet, le logiciel utilise les informations personnelles des utilisateurs afin d'introduire des publicités adaptées à leur profil et vend les informations livrées par les utilisateurs à des entreprises privées. Selon la charte du site, «Facebook peut récolter des informations sur les membres à partir de sources extérieures comme les journaux, les blogs et autres sources sur Internet». Les informations sur les utilisateurs sont également collectées par Facebook pour améliorer ses bases de données et permettre à ses clients de mieux cibler les publicités. «Vous nous accordez une licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l'utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook ou en relation avec Facebook.» Une concession de droits sans contrepartie. Entre-temps, le capital de la société augmente. En octobre 2007, Microsoft a acheté 1,7 % de Facebook pour la somme de 240 millions de dollars, valorisant la société à hauteur d'environ 15 milliards de dollars. Avec environ 60 millions de fiches à cette date, cela représente une valorisation d'environ 250 dollars par fiche, mais a permis à Microsoft de devenir l'unique fournisseur de publicités de Facebook. La fortune de son patron, Mark Zuckerberg, est estimée par le magazine Forbes à 1,5 milliard de dollars. Il détient ainsi, à 23 ans, le titre du plus jeune milliardaire de la planète. Myspace ou l'empire Murdoch Last but not least, Myspace est fondé en août 2003 par Tom Anderson et Chris DeWolfe. Mais le groupe de Rupert Murdoch, le magnat de la presse, s'est «précipité» sur l'idée et est parvenu en 2005 à racheter Myspace, alors l'un des sites les plus fréquentés dans le monde. Ce site, connu pour être l'une des «destinations privilégiées» de groupes de musique et de DJs, de jeunes auteurs littéraires et autres créateurs, s'est doté d'une version française dès août 2006. Mais là encore, la violation des «droits privés» est mise à l'index. Cet extrait d'une «collaboration» d'un ancien utilisateur à mieux comprendre le fonctionnement de tels sites, en dit long. «On pense, écrit-il, que Myspace sert à s'entraider, entre amis, en formant un réseau qui générera du trafic. En réalité, c'est le contraire : Myspace sert à aider les ennemis.» Selon lui, ces ennemis sont Rupert Murdoch, «propriétaire du site Myspace, milliardaire américain, spécialiste de la manipulation de l'opinion et de la désinformation au profit des grandes entreprises et de la guerre, propriétaire d'un grand nombre de médias dominants aux Etats-Unis (notamment la chaîne de télévision Fox...)» mais aussi de «tous les publicitaires qui gagnent du fric grâce à nous». Pour avoir un aperçu de ce que peut donner la possession d'un grand nombre de médias par un seul milliardaire, note-t-il encore, il suffit de lire cette petite phrase de «A Brief History of Neoliberalism» de David Harvey (Oxford University Press, 2005). «L'ensemble des 247 rédacteurs en chef de ses journaux supposés indépendants ont, dans les quatre coins du monde, soutenu l'invasion par les Etats-Unis de l'Irak.» Edifiant !