Le premier tour des primaires de la gauche, dimanche, a largement plébiscité le candidat Benoît Hamon, propulsé en tête de liste avec 36% des voix. Une véritable surprise quand on sait que peu de personnes s'attendaient à un tel succès qui fera de l'ombre à Manuel Valls, arrivé en deuxième position avec 31%, alors qu'Arnaud Montebourgs'est contenté de la troisième place en obtenant 17% des voix. Ce dernier n'a pas tardé d'ailleurs à faire une déclaration, à l'issue de cette soirée électorale, pour apporter clairement son soutien au candidat Benoît Hamon. Le chantre du «Made in France» a appelé ses partisans à voter Hamon au second tour. Les quatre autres candidats, l'ancien ministre socialiste Vincent Peillon, la présidente du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, et deux écologistes, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias, ont atteint des scores allant de 1 à 6,8%. D'aucuns expliquent cette prouesse de l'inattendu Benoît par sa capacité à présenter un discours nouveau en portant à bras le corps des idées courageuses. C'est le cas de sa proposition de «revenu universel» qui, malgré les critiques acerbes des candidats rivaux du PS, la jugeant utopique, a fini pourtant par faire son bonhomme de chemin. Doucement mais sûrement, l'idée d'un revenu universel – il s'agit d'un salaire minimum de 750 euros, sans contrepartie, pour les moins de 25 ans et les couches défavorisées – fait son bonhomme de chemin. Cette proposition géniale a fini par séduire un grand nombre de Français même si, jusque-là, techniquement cette équation paraît difficile à réaliser. Autre surprise, le taux de participation. Pendant toute la campagne, rythmé par trois débats télévisés en huit jours, ce scrutin est pour beaucoup décevant. En tout et pour tout, il n'aura réussi à mobiliser qu'un million trois cent mille électeurs venus départager les sept prétendants. Un score doublement médiocre. Comparé, d'abord, aux quatre millions de votants qui s'étaient déplacés pour la primaire de la droite en novembre, le résultat de la gauche n'est pas du tout pour rassurer. Ensuite, en 2011, lors des mêmes primaires, la gauche a fait un carton en atteignant la barre des 4 millions de votants. Beaucoup voient dans ce recul de la gauche la touche de François Hollande qui s'apprête déjà à quitter l'Elysée. La débâcle du parti socialiste et de la gauche en générale est en partie imputée à Hollande dont le bilan à la tête du pays a accumulé beaucoup de points négatifs. Le président «gaffeur» a été pour nombre d'analystes français à l'origine de cette déroute qui n'est pas sans conséquence. Plusieurs ténors de la gauche française n'hésitent pas à ironiser sur le fait que François Hollande a réussi à appliquer un programme de droite éloignant du coup les idéaux et principes des fondateurs de cette même gauche. Cette désaffection a fini par porter un sérieux coup au PS qui aborde d'ores et déjà les prochaines élections présidentielles en rangs dispersés. Difficile pour Benoît Hamon ou Manuel Valls de réussir à rassembler et convaincre les Français. En face, la droite paraît beaucoup mieux lotie dans cette course à l'Elysée. Boosté par une large participation aux premières primaires de la droite, en novembre dernier, avec 4 millions de votants, le parti des Républicains semble déjà prêt à en découdre avec ses adversaires. Le candidat Fillon très convaincant se voit déjà à la tête de la France.