Au moment où l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (ICSO) se disloque, une autre coalition se dessine. Il s'agit de l'alliance des partis de la mouvance islamiste qui ont déjà constitué deux pôles majeurs, en attendant que ces deux pôles s'unissent. D'un côté, la fusion entre le Front pour la justice et le développement (FJD) d'Abdellah Djaballah, le Mouvement Ennahda de Mohamed Douibi et le Mouvement El Bina d'Ahmed Dane qui ont constitué l'Union pour la justice, la renaissance et l'édification, et de l'autre côté, la fusion entre le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front du changement (FC). Entre les deux pôles, une réunion est programmée pour les prochains jours afin d'examiner les possibilités d'union entre les deux pôles. «La rencontre est prévue mais la date n'est pas encore arrêtée», précise Lakhdar Benkhelaf, cadre du FJD. Selon lui, l'objectif principal de cette réunion est «d'engager le dialogue entre les deux pôles pour une éventuelle alliance stratégique et politique». Cet objectif signifie que la question des élections législatives est secondaire. Ce qu'ils recherchent est de trouver un terrain d'entente pour réaliser la sainte alliance islamiste. «Les élections ne constituent pas la priorité du projet. Elles sont secondaires. Mais si on arrive à élaborer des listes de candidatures communes, ça serait une bonne chose», affirme M. Benkhelaf, contacté hier par nos soins. Les démarches d'alliance des partis islamistes s'inscrivent dans le long terme. Ils savent que les divisions qui les ont laminés jouent contre le projet de leurs chefs spirituels. Pour Abdellah Djaballah, un des leaders charismatiques de cette mouvance en Algérie, la réalisation de l'union est une question de temps. D'autant plus que le MSP, le parti islamiste le plus implanté dans le pays, ne s'y oppose pas. La direction du parti a chargé son ancien président, Bouguerra Soltani, de coordonner les contacts entre les deux pôles, a-t-on appris auprès de Naâmane Laouer, cadre du MSP. Sa mission, avec la commission mise en place à cet effet, est de préparer la rencontre entre le pôle de Djaballah et celui de Makri. «Cette commission est chargée de préparer les rencontres et d'activer le processus de l'alliance ou bien de l'unité», indique M. Laouer. Dans une déclaration médiatique, Bouguerra Soltani a expliqué que la réalité du terrain s'est imposée à tous les partis islamistes. Ces derniers éprouvent à présent un besoin vital pour s'unir et affronter les défis qui les attendent ensemble. «Nous sommes des enfants de la même école et nous avons les mêmes objectifs, que ce soit dans la vie ou dans l'au-delà», a déclaré Abdellah Djaballah, en lançant la fusion de son parti avec celui d'Ennahda. Ainsi, la fusion de tous les islamistes en un seul bloc n'est pas exclue. «L'objectif n'est pas conjoncturel. C'est stratégique», a affirmé notre interlocuteur, qui n'écarte pas la constitution de listes communes pour les prochaines élections législatives. «Au MSP, nous avons déjà préparé les listes mais ce n'est pas trop tard pour les listes communes», précisera-t-il. Si elle venait à se réaliser, l'union des islamistes résistera-t-elle aux divergences de ses membres, surtout que certains sont proches des frères musulmans et d'autres des salafistes, deux tendances qui se honnissent ?