Une semaine après l'arrestation brutale et le viol présumé de Théo, 22 ans, par un policier à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l'affaire rebondit sur le terrain judiciaire et politique. Les poursuites des policiers sont au centre de toutes les attentions, dans un contexte de forte défiance à l'égard de la justice et de la police. La tension est très perceptible. L'on redoute des manifestations un peu partout en France. Les appels au calme ne semblent pas avoir d'effet. Samedi, tard dans la nuit, des scènes de violence se sont déroulées en marge d'un rassemblement de soutien à Théo devant le tribunal de Bobigny. 37 personnes ont été interpellées. Le dispositif policier était impressionnant mais il n'a pas suffi à empêcher des incidents. Tout a commencé quand 2000 manifestants selon les chiffres de la préfecture de police ont défilé en réclamant «Justice pour Théo» devant le tribunal de Bobigny. «La police viole», «Je ne suis pas un bamboula», «La police tue des innocents», pouvait-on lire sur des pancartes. Théo, jeune homme de 22 ans, avait été interpellé début février par la police à Aulnay-sous-Bois et affirme avoir été victime d'un viol lors de son arrestation. L'un des quatre policiers impliqués a été mis en examen pour viol et les trois autres pour violences. «Je ne pensais pas que ça pouvait encore exister», se désole Anissa, 18 ans, qui participait au rassemblement. Comment peut-on dire que c'est un accident ? Tout le temps, on se fait contrôler, agresser. On nous parle mal. On nous dit ‘' Ferme ta gueule, mets-toi là''. On nous met des petites claques», raconte pour sa part un jeune homme d'une vingtaine d'années, Kenzo. Des incidents violents dans la soirée en Seine-Saint-Denis Alors que la première heure de manifestation samedi s'est déroulée dans le calme, la suite a été émaillée d'incidents violents. Des projectiles ont été lancés sur les forces de l'ordre qui encadraient le rassemblement, des vitres d'immeubles cassées, des poubelles et quatre véhicules, dont un camion-régie de la radio RTL, brûlés. Un policier a été très légèrement blessé. «Plusieurs centaines d'individus violents et très mobiles ont commis diverses exactions et dégradations», a affirmé la préfecture de police de Paris. Après la fin du rassemblement dispersé par des gaz lacrymogènes, des incidents isolés se sont poursuivis jusqu'à minuit environ, à Bobigny et dans les communes proches, a expliqué une source policière. 37 personnes ont été interpellées dans la soirée en Seine-Saint-Denis. Toujours hospitalisé en raison de graves blessures, Théo avait pourtant appelé au calme. D'autres rassemblements ont aussi eu lieu en France. À Rouen, quelque 200 personnes ont manifesté dans un climat tendu. Des abribus ont été dégradés, des poubelles incendiées et une caserne de gendarmerie dégradée, selon la préfecture, évoquant deux interpellations pour attroupement. En revanche, c'est dans le calme que 250 personnes se sont réunies à Toulouse derrière une banderole : «Nous ne sommes pas du gibier à flics. Nos quartiers ne sont pas des stands de tir». Aucun incident non plus à Nantes, où plus de 300 personnes ont défilé aux cris de «Tout le monde déteste la police».