Les services des douanes algériennes ne sont pas formés dans le domaine du contrôle des médicaments et dans la lutte contre le commerce de médicaments et de produits pharmaceutiques contrefaits. «Déceler le vrai médicament du faux est une mission très difficile pour les douaniers algériens», a reconnu Djamel Brika, directeur des relations publiques à la Direction générale des douanes, mardi soir, lors d'une session portant sur la lutte contre les phénomènes informels affectant le secteur pharmaceutique, tenue dans le cadre du 18e Forum pharmaceutique d'Alger. «Les agents douaniers ont été déjà formés dans le domaine des articles de sport, des produits cosmétiques et des marques déposées, mais pas dans les médicaments contrefaits», a-t-il affirmé. Le même responsable ajoutera que «de bons résultats ont été obtenus en matière de lutte contre la contrefaçon des produits cosmétiques grâce à la formation des douaniers par les détenteurs de marques de ces produits. Nous voudrions aussi bénéficier d'une formation afin de reconnaître les médicaments ou les produits pharmaceutiques contrefaits». M. Brika a appelé aussi les producteurs de médicaments à recevoir les douaniers dans les usines de production pour leur permettre d'acquérir des connaissances afin d'accompagner les opérateurs dans ce domaine. Dans le domaine de la contrebande, les douaniers ont intercepté des quantités importantes de médicaments importés sans déclaration, notamment à Tébessa, à la frontière est du pays, et à Tamanrasset au sud. Mais «est-ce que ces produits sont contrefaits et est-ce qu'ils circulent sur le marché natio- nal ?», s'est-il interrogé. Selon le bilan présenté par M. Brika, les douanes algériennes ont saisi 17.272 boîtes de médicaments en 2016 d'une valeur de 1,2 million DA, alors que neuf affaires ont été recensées durant le premier trimestre 2017, lesquelles portaient sur 13.809 unités d'une valeur de 524 000 DA. «La contrebande reste le principal canal d'introduction de ce genre de produits en Algérie et partout ailleurs dans le monde». De son côté, un représentant de l'Institut international de recherche anti- contrefaçon de médicaments (IRACM), M. Roge, qui recommande aux autorités compétentes algériennes de prévoir et d'anticiper sur le risque de vente de ces produits sur Internet. «La contrefaçon de médicaments est le créneau qui rapporte le plus par rapport au trafic de la cigarette et celui de la drogue, avec un chiffre d'affaires annuel de 75 milliards de dollars, soit 10 à 15 fois plus que la drogue», a affirmé M. Roge. Cet expert a précisé encore que «les faux médicaments dont la reconnaissance par les agents douaniers est très compliquée sont transportés dans des valises, des conteneurs sous-marins, dans des jouets, du pain. Ils sont fabriqués par exemple dans des bétonnières, séchés sous des lampes électriques ou produits carrément à la chaîne de façon artisanale, comme au Bangladesh».