Le nouveau code communal et de wilaya sera bientôt sur la table du gouvernement qui, à en croire certaines sources, a «finalisé» les projets de loi y afférents. Si le texte de loi comporte, comme l'a annoncé le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, «beaucoup de nouveautés», notamment le renforcement des prérogatives des élus au niveau de l'Assemblée populaire communale (APC) et la clarification des rapports entre instances élues et institutions administratives, il va sans dire que l'autre volet relatif au découpage administratif qui bénéficiera d'un autre projet de loi suscite encore des appréhensions. Des daïras seront, dans ce cadre, promues wilayas déléguées alors que des communes aspirent à devenir daïras. D'une superficie de 100 km2 et une population de plus de 50 000 habitants, la commune de Draâ El Mizan, dans la wilaya de Tizi Ouzou, est l'une des plus déshéritées de la région. La vox populi évoque avec insistance, en reprenant les propos du Premier ministre qui a soulevé la question lors de la campagne électorale, sa promotion en wilaya déléguée dans le cadre du prochain découpage administratif qui regroupera tout le versant sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Le premier magistrat de la commune, Hammou Didouche, n'en demande pas plus. «Bien sûr que nous aspirons à ce rang pour bénéficier de plus de considération», a affirmé notre interlocuteur, joint à cet effet. Pour lui, il y a une flagrante injustice dans l'inscription des programmes de développement au profit des communes. «C'est du tribalisme tant à l'échelle nationale que régionale, et c'est l'avis de tous les citoyens qui aspirent eux aussi à leur part de développement», a-t-il commenté en faisant part de nombreux programmes «en instance depuis longtemps». Evoquant les retards qu'accuse sa région, notamment en matière d'infrastructures de service public (absence de gare routière), l'inexistence de zones d'activité à même de dynamiser un tant soit peu l'«activité locale», notre interlocuteur s'est interrogé : «Comment voulez-vous qu'on s'en sorte avec un PCD de 25 millions de dinars ?» «Certaines communes dont la densité de la population ne représente qu'un village de notre commune bénéficient du même budget», a-t-il regretté. Selon M. Didouche, mis à part les communes comme Rouiba qui disposent de zones d'activités ou celles où les grandes entreprises sont implantées, aucune commune en Algérie ne peut investir. Elles se contentent, selon lui, du budget de l'Etat qui demeure insuffisant en l'absence de toute initiative locale «du seul ressort de l'administration». Dans le même registre, répondant à notre interrogation sur le renforcement du rôle de l'élu dans le cadre du nouveau code de commune et de wilaya, M. Didouche dira : «Le problème est que l'actuel code qui donne déjà beaucoup de prérogatives aux élus n'est pas appliqué.» Pour lui, le renforcement des prérogatives est une bonne chose pour peu que le rôle de l'élu et celui de l'administrateur soient déterminés. «Tout est centralisé au niveau des chefs de daïra ou des walis», a-t-il regretté. D'où, a-t-il estimé, l'urgente nécessité de procéder à «ce nouveau découpage administratif qui fera sortir, si l'on conjugue tous ces paramètres, beaucoup de communes de l'isolement dans lequel elles se débattent mais aussi leur permettre de recevoir des budgets à la hauteur de leurs aspirations».