La crise diplomatique opposant le Qatar à l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats Arabes et le Bahreïn enregistre un développement avec le dépôt de plainte de Doha contre ses adversaires. Selon le ministère qatari de l'Economie et du Commerce, le Qatar a déposé plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce contre l'Arabie saoudite et ses alliés qui ont imposé un blocus au petit émirat gazier. Le ministère qatari de l'Economie et du Commerce a déposé le 31 juillet une plainte auprès de l'Organe de règlement des différends de l'Organisation mondiale du commerce. Il accuse «les pays les pays qui ont décrété des sanctions contre le Qatar de non-respect des lois et conventions fondamentales du commerce des biens et services et des aspects liés au commerce de la propriété intellectuelle». Le Qatar avait annoncé, il y a quelques jours, son intention de déposer plainte contre le blocus. Doha et d'autres pays considèrent que le blocus ne respecte pas la légalité mondiale. L'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes et le Bahreïn ont imposé de facto un blocus à leur voisin qatari en fermant leurs frontières communes terrestres et maritimes, ainsi qu'en interdisant le survol de leur territoire aux compagnies aériennes qataries ou de sévères restrictions aux déplacements des personnes. La crise s'est aggravée avec une polémique sur le pèlerinage à la Mecque qui aura lieu fin août. Le Qatar accuse l'Arabie saoudite de politisation du pèlerinage à la Mecque par Doha. Les autorités qataries ont accusé Riyad, de mêler politique et religion et de mettre en péril le grand pèlerinage des Qataris à la Mecque en refusant de garantir leur sécurité. Ils ont également, en même temps que l'Egypte et le Yémen, rompu leurs relations diplomatiques avec Doha, qu'ils accusent de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l'Iran chiite et grand rival du royaume sunnite dans la lutte à la prééminence régionale. «Ces mesures arbitraires violent clairement les dispositions et conventions du droit commercial international», estime le ministre qatari de l'Economie, cheikh Ahmed bin Jassem bin Mohammed Al-Thani, dans un texte. Le Qatar a réclamé auprès de l'OMC à Genève des consultations formelles avec l'Arabie saoudite, les Emirats arabes et le Bahreïn, en détaillant les infractions des diverses conventions placées sous la supervision de l'OMC qui enfreignaient les droits de l'Etat du Qatar, selon le texte. «Le Qatar prendra toutes les mesures nécessaires avec les organisations régionales et internationales pour défendre ses intérêts économiques et commerciaux, et ceux de ses partenaires», a prévenu le ministre qatari. Selon le communiqué, celui-ci a rencontré à Genève le directeur général de l'OMC, le président du Forum économique mondial et le directeur général de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. La crise entre le Qatar et ses voisins est la plus grave que connaît le Conseil de coopération du Golfe depuis sa création en 1981. La crise opposant le Qatar à l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats Arabes et le Bahreïn dure depuis juin. Ces pays accusent Doha de soutenir le terrorisme. Le Qatar a paraphé un accord avec Washington contre le financement du terrorisme. L'accord est applaudi par l'Arabie saoudite qui réclame d'autres initiatives. Les tentatives de réconciliation menées par le Koweït ont échoué, mais l'Arabie saoudite s'est exprimée pour les efforts déployés par le Koweit. Un navire de guerre turc accoste au Qatar Un navire de guerre turc est arrivé lundi 31 juillet au port international de Hamad au Qatar. Selon un communiqué du ministère qatari de la Défense, cité par l'agence de presse turque Anatolie, le navire de guerre TCG Gökova est arrivé au port international dans le sud-est du Qatar, pour participer aux manœuvres militaires conjointes avec Doha. 214 militaires turcs sont déployés dans la région pour ces manœuvres, toujours selon la même source. L'exercice qui se déroulera au Qatar et au port de Hamad ainsi que dans la base aérienne de Doha, vise à renforcer les capacités et la coopération militaires des deux pays amis et alliés dans la lutte contre le terrorisme, selon le texte. Il a lieu également sur fond de crise diplomatique entre le Qatar et ses voisins arabes. Ankara soutient Doha et déploie des militaires au Qatar. L'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats Arabes et le Bahreïn ont exprimé une liste d'exigences pour la relance de la coopération diplomatique avec le Qatar, dont la fermeture d'Al Jazeera, de la base militaire turque et de l'ambassade iranienne. Le Qatar a refuse ces exigences. Le président turc Erdogan s'est rendu, il y a quelques jours, dans des pays du Golfe, dont le Qatar, pour tenter d'obtenir l'annulation de l'embargo, mais a échoué à convaincre l'Arabie saoudite. La monarchie pétrolière maintient ses exigences, tandis que le Qatar dit refuser le dialogue avec condition. La crise diplomatique opposant le Qatar à l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats Arabes et le Bahreïn est, déso- rmais, au niveau de l'organisation mondiale du commerce, qui devrait juger de la légalité ou non du blocus. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, est en tournée dans les pays du Golfe et peut participer à la concrétisation de la réconciliation. La position de l'Algérie envers la crise diplomatique du Golfe est applaudie par le Qatar.