Clôture des débats sur le Projet de Loi de Finances 2018 Les débats sur le projet de loi de finances 2018 ont été clôturés, hier, par les interventions des chefs des groupes parlementaires et les réponses du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, aux interrogations des députés. Les chefs des groupes des partis de l'opposition ont dénoncé les mesures d'austérité contenues dans le texte, accusant le gouvernement de vouloir paupériser davantage les citoyens, en s'attaquant au pouvoir d'achat. Ainsi, le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaa Bouaiche, a expliqué que l'esprit de ce projet de loi peut être résumé en un mot : «Faiblesse». «Une faiblesse structurelle de la gouvernance nationale qui, depuis des décennies, la conduit à aller vers les solutions qui lui semblent les plus faciles, mais qui sont les plus coûteuses pour le pays et pour le peuple, pour l'économie et son décollage attendu depuis des décennies, pour la société et le fonctionnement apaisé de la vie institutionnelle et publique», a-t-il lancé. Pour lui, l'explication du gouvernement de la crise «par la crise de liquidités est une explication simpliste comme était simpliste le choix de s'appuyer sur la rente pour pallier l'absence d'une vision politique au service du développement du pays». Il a ajouté que l'absence dramatique de débat réel, sérieux, correctement informé ne sert que la reconduction des mêmes perversions. Ce n'est pas ce projet de loi de finances qui fera sortir notre pays de l'impasse de l'économie rentière, clientéliste et bureaucratique, a-t-il affirmé, en réitérant l'initiative du FFS visant la reconstruction du consensus national. «Seul un Etat de droit issu d'un consensus national pourra assurer la bonne gouvernance capable de réaliser l'Etat démocratique et social, promesse majeure du 1er Novembre 1954», a-t-il dit. De son côté, Ramtane Taâzibt, du Parti des travailleurs (PT), a déclaré que la situation actuelle du pays exige un gouvernement qui n'hésite pas à utiliser tous les moyens juridiques afin de récupérer l'argent de la nation, notamment le recouvrement des impôts impayés. «La situation actuelle nécessite l'audace et la volonté politique pour lutter contre la corruption et toutes formes de crimes visant le pays», a-t-il poursuivi, plaidant pour le recouvrement des crédits bancaires non remboursés. Le représentant du PT a appelé également à l'instauration d'un véritable impôt sur la fortune, qualifiant celui proposé par le gouvernement de «timide» et de «leurre». M. Taâzibt a regretté également les mesures d'austérité imposées par le projet, déplorant l'augmentation, pour la troisième année consécutive, des prix des carburants. Il accusera le gouvernement d'avoir mené une attaque «violente» contre le pouvoir d'achat des citoyens et dénoncera la réduction des budgets de certains secteurs stratégiques comme ceux de la Santé et de l'Education nationale. Le même député a dénoncé également le déséquilibre régional en matière de développement et d'investissement, estimant que cela met en danger la cohésion nationale. Les 1000 milliards de dollars en question Les discours des partis de l'opposition ont soulevé des réponses musclées de la part des représentants des partis du pouvoir. Le chef du groupe parlementaire du FLN, Saïd Lakhdari, n'a pas été, en effet, tendre avec l'opposition qualifiée de «pessimiste». Il a affirmé que l'Algérie a résisté à la crise financière qui la frappe de plein fouet depuis trois ans grâce «à la clairvoyance du Président Bouteflika». Il déplore le recours de l'opposition à la critique «gratuite» en trouvant le moindre prétexte, comme celui de reprocher au gouvernement le report de la date de l'adoption de la loi de finances 2018 jusqu'après les élections locales «par peur de la sanction des électeurs». «L'opposition trouve toujours quelque chose pour lancer des critiques. Nous n'avons jamais peur du peuple car c'est lui qui nous a élus», a-t-il dit. «Lors des débats sur le projet, on aurait voulu que les députés de l'opposition donnent des propositions», a-t-il poursuivi, avant de répondre à ceux qui s'interrogent sur le sort des 1000 milliards de dollars dépensés depuis 1999. «Je ne sais pas d'où ils ont ramené ces chiffres. Mais ils peuvent trouver cet argent dans tous les projets structurants et l'infrastructure de base réalisée depuis 1999 dans tous les secteurs», a-t-il argué. Après l'intervention des chefs des groupes parlementaires, le ministre des Finances a été appelé à la tribune pour répondre aux interrogations des députés. Il a rappelé que le projet de loi de finances 2018 s'inscrit dans le cadre de la démarche du gouvernement visant à maîtriser et rationnaliser les dépenses publiques et de préserver les grands équilibres macro-économiques et maintenir le soutien des couches défavorisées de la société. Il a assuré que l'Exécutif vise également la protection du pouvoir d'achat sérieusement malmené ces dernières années. Il a affirmé, en outre, que l'inflation sera maîtrisée à l'horizon 2020 ne dépassant pas les 5%, soutenant que le ciblage des subventions sera fait, mais sans précipitation.